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Freedom, de Jonathan Franzen

Par Litterature_et_chocolat @HeleneChoco

Les idéaux perdus de la génération baby-boom

Freedom, de Jonathan Franzen Sous la forme faussement divertissante du roman, Jonathan Franzen pointe du doigt toutes nos incohérences. Il jette un caillou dans la marre d’une société en pleine déliquescence et met en scène tous les maux de l’Amérique contemporaine. Sauf que… à mi-chemin entre l’essai engagé et la fresque romanesque, voilà un ouvrage quelque peu bancal.

RÉSUMÉ :

Etats-Unis, années 1970 : Walter aime Patty, qui aime Richard, qui aime toutes les femmes. Patty aspire à être une bonne mère et la parfaite femme au foyer américaine, et finit par épouser Walter, écologiste engagé qui veut sauver le monde, alors que Richard semble en bonne voie de devenir un célèbre musicien. Mais entre le rêve et la réalité, les protagonistes vont réaliser que le gouffre est immense et rapidement déchanter.

MON AVIS : une déception à la mesure de la renommée de l’auteur

Après un début prometteur, le roman enchaîne sur l’autobiographie rédigée par Patty détaillant l’insignifiance de sa vie. On pénètre l’univers d’une Desperate Housewife dépressive dont les journées se résument à une oisiveté cafardeuse… et on sombre avec elle. Est-ce un énième roman sur cette génération de baby-boomers qui s’ennuie, déprime et ne sait que faire de sa vie dorée? L’entrée en scène des autres protagonistes confirme cette tendance : Richard et ses problèmes d’artiste incompris et incapable de gérer sa réussite professionnelle; Walter, très réussi en néo-écologiste extrémiste à la solde du système capitaliste; sans oublier la nouvelle génération avec les enfants du couple Berglund qui mettent à mal les valeurs parentales en faisant fortune sur la guerre d’Irak, par exemple.

Au sein de cette pléthore de personnages et de problématiques, chaque lecteur trouvera certainement le fil rouge qui l’amènera à la dernière page du livre. Le romancier pose les bonnes questions auxquelles il serait certainement urgent de trouver des réponses. On peut cependant apporter un bémol sur la forme qu’adopte l’auteur pour faire passer ses (nombreux) messages : à vouloir tout dénoncer, le propos perd de son intensité et devient confus, le roman ressemble à un patchwork mêlant futilité et questions de fond, ces dernières ayant d’ailleurs souvent été traitées plus en profondeur dans d’autres ouvrages.

Jonathan Franzen n’a pas voulu donner dans la facilité : « J’écris pour une petite, mais pas insignifiante, partie de l’humanité qui ne se satisfait pas des distractions et des  simplifications. »  On confirme : Freedom n’est ni distrayant, ni réellement polémique, et sa lecture n’est pas plus divertissante qu’elle n’est fluide. On aimerait se raccrocher au style et encore une fois, c’est une de taille : l‘écriture est sans grande originalité, neutre, banale, même si l’alternance d’effets narratifs est réussie. .

JE VOUS LE CONSEILLE SI…

… vous trouvez qu’on va droit dans le mur. Freedom est un condensé des aberrations de notre société occidentale : ne nous faisons pas d’illusions, ce qui est vrai aux Etats-Unis l’est aussi chez nous;  et si ce n’est pas le cas, ça ne saurait tarder. Il faut reconnaître qu’en tant que dénonciation du système, Freedom fait froid dans le dos.

… vous avez la possibilité de le lire en anglais : que penser en effet des nombreuses répétitions de mots et d’expressions dans le même paragraphe? Ce serait trop facile et simpliste de pointer du doigt la traduction sans avoir lu Freedom en version originale.

EXTRAITS :

Le féminisme avait encore de beaux jours devant lui dans les années 70 :

« Je veux vivre dans une belle maison ancienne et avoir deux enfants, dit-elle à Walter. Et je veux être une très, très bonne maman.
- Et tu veux une carrière, aussi?
- Élever des enfants serait ma carrière. »

On fait bien comme on peut pour aller mieux :

Pour passer le temps, Walter dressa des listes mentales de tout ce qui avait mal tourné depuis qu’il s’était réveillé au Days Inn. Accroissement net de la population : 60 000. Nombre d’hectares nouvellement couverts par l’urbanisme aux Etats-Unis : 400. Nombre d’oiseaux tués par des chats domestiques ou redevenus sauvages : 500 000. Barils de pétrole brûlés dans le monde : 12 000 000. Tonnes de gaz carbonique envoyées dans l’atmosphère : 11 000 000. Requins massacrés pour leurs ailerons et abandonnés flottant à l’eau : 150 000… Ces chiffres, qu’il remettait constamment à jour pour passer le temps, lui apportèrent une étrange satisfaction. Il est des jours si mauvais que seule la perspective qu’ils deviennent pires encore, seule une descente dans une véritable orgie d’horreur, peut les sauver.

VOUS AIMEREZ PEUT-ÊTRE :

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Le parfum d'Adam, de Jean-Christophe Rufin

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Une vie française, de Jean-Paul Dubois

 Les idées de Walter y sont développées de bien inquiétante façon  A lire d’urgence!

.Freedom, de Jonathan FranzenPlus d’avis sur Freedom chez Hérisson dans le cadre du Challenge 1% rentrée littéraire 2011 et chez Nina avec un classement par titres!


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