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Le marché internet en Inde peut-il tenir ses promesses ?

Publié le 23 septembre 2011 par Tkos

La confiance affichée par les grands acteurs du web en l’explosion du e-commerce en Inde mérite une analyse attentive de ce qui se produit sur le terrain.

C’est en rassemblant une foule d’informations pour préparer notre conférence lors du salon e-commerce 2011 et en lisant de nombreux articles sur le sujet que ce besoin de décryptage parait évident.

Il y a d’abord des chiffres qui livrés pèle-mêle donnent le tournis. En 2015, le chiffre d’affaires du e-commerce devrait dépasser 40 millions de dollars (il sera de 10 millions pour 2011), 100 millions c’est le nombre d’internautes, en 2014 ce sera 72 millions d’utilisateurs des réseaux sociaux sur mobile alors que Facebook recrute à grande vitesse de nouveaux membres pour atteindre bientôt 40 millions de comptes…

Ce potentiel indiscutable explique les faits observables et les prises de position. Anandan le directeur des opérations de Google en Inde pense que l’évolution sera plus rapide, Amazon est lancé dans la course pour ouvrir un site indien en 2012, les investisseurs américains et indiens n’hésitent pas à injecter des fonds importants dans les startups locales (flipkart, snapdeal, letsbuy, babyoye, …). Ces mêmes investisseurs montrent clairement qu’ils ne sont pas poussés par un effet de mode : « Tout le monde ne survivra pas, mais cette fois c’est pour de bon, le business est là pour y rester », dit Sangeev Aggarwal, Managing Director de Helion Venture Partners. Les entrepreneurs qui occupent le devant de la scène font preuve de charisme, d’imagination et de volonté, comme les deux très relax créateurs de flipkart Sachin Bansal et Binny Bansal (qui ne sont pas de la même famille) ou l’étonnant Kunal Bahl de snapdeal avec son concept du client indien qui peut être satisfait par A, B, C ou D (astrology, bollywood, cricket ou … discount). Tout est presque là pour créer la soupe originelle et faire jaillir la vie…

Pourtant il y a un presque…

D’abord le chiffre de 40 milliards de dollar prévu pour 2015, même s’il signifie une progression de 300% en 3 ans, n’est jamais que ce qu’a fait la France l’an passé tout en continuant sa forte progression. Dans un contexte où le e-commerce se développe à grande vitesse à l’échelle mondiale, on donc peut considérer comme logique, un bond d’une des économies émergentes.

Les moteurs du e-commerce ce sont aussi la connectivité internet, la capacité à payer en ligne, la logistique et une bonne dose de confiance. Pour la connectivité, les progrès sont indiscutables mais on part de loin, ainsi le nombre de connexion haut-débit est de 12 millions seulement dont 35% à moins de 350 Kbps, les internautes se tournent vers la 3G qui est pratique mais pas performante (impossible de garder un appel sur skype plus de 5 minutes). Avec 40% d’Indiens ayant un compte bancaire, la pénétration des cartes à 15% est finalement assez bonne, mais il faudra encore compter beaucoup sur des paiements à la livraison dans une société où les rapports à l’argent sont basés sur une méfiance très profonde. Quand à la logistique, dans l’état, elle aura du mal à améliorer cette confiance, Agarwal de naaptol (un site de comparaison de prix) dit que la moitié de ses clients se plaignent de problèmes de livraison. Le temps est passé où les deux Bansal de flipkart livraient leurs clients sur leurs motos, mais il leur faut désormais une équipe de 400 personnes (qui pourrait monter à 1000 à la fin de l’année) pour ne pas dépendre d’un mauvais service externe.

Ces éléments étant considérés il est intéressant de se pencher sur la répartition du chiffre actuel du e-commerce. On découvre qu’une très grand part du gâteau revient au business du voyage (80 %) et que ce n’est pas un site comme MakeMyTrip qui tient le haut du pavé mais tout simplement le service officiel de Indian Railways, et ce en ne proposant qu’un site minimaliste et pratiquement sans intérêt. Nous voyons deux lectures possibles de cette réalité. La première c’est de se dire que finalement la vente de produits sur internet représente seulement une niche insignifiante, à tel point que Vizisense sort le voyage de ses études. La seconde c’est de comprendre que le succès de la vente des réservations sur internet représente une différence de service considérable pour les consommateurs Indiens (acheter ses billets ailleurs est un véritable défi) et que donc la conversion vers le e-commerce explosera quand l’offre en ligne deviendra vraiment sans comparaison.

Le commerce en ligne de demain c’est aussi celui qu’on pourra faire sur son téléphone mobile. En Inde on est encore et même plus, sur des volumes gigantesques et une adoption de la technologie par toutes les couches sociales. Potentiellement 250 millions d’Indiens pourront accéder à des services en ligne. C’est probablement par ce moyen et dans ce pays que l’avenir du M-Commerce va se jouer.

Quelques articles:

(*) Flipkart attaqué par Amazon sur un marché internet émergent.

(*) 20 sites marquants du e-commerce indien.

(*) Le business internet en Inde est là pour de bon.

(*) Le e-commerce en Inde, la deuxième chance.

(*) Comment entrer sur le marché Indien (Kunal Bahl)

(*) e-commerce en Inde, un rapport de Vizisense




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