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The Lincoln Lawyer - NTGUILTY

Par Ashtraygirl

En partenariat avec GetAttachment

La Défense Lincoln

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Michael Haller est un avocat des plus (a)typiques. Son bureau se situe à l'arrière d'une Lincoln (d'où le titre), il exerce à L.A., entretient de bons rapports avec son (ex)femme (Marisa Tomei) avec laquelle il partage, entre autre, une fille et le Droit, et aime s'en jeter un derrière la cravate de temps à autre... Son créneau? Les petites frappes, criminels notoires coincés pour de petits délits, qu'il excelle à faire sortir de prison. Son truc? Un talent prononcé pour la manipulation, un carnet de contacts béton et, surtout, les failles du système judiciaire, dont il se joue avec brio. Doté d'une morale fluctuante, il redoute le client innocent - qu'il ne sait pas défendre - et affectionne le client qui peut être reconnu non-coupable. Aussi, lorsqu'il accepte de défendre le jeune et fortuné Louis Roulet, Haller pense s'en sortir une fois encore avec deux ou trois tours de passe-paperasse. Mais l'embobineur est sur le point de se retrouver salement embobiné...

A l'heure où tout le monde ne parle encore que de l'éxécution discutable de Troy Davis aux Etats-Unis, le visionnage de La Défense Lincoln a une résonnance toute particulière. L'histoire, bien ficelée - on en attendait pas moins d'un roman de Michael Connelly, dont c'est l'adaptation - repose moins sur l'affaire en elle-même, somme toute assez (trop?) prévisible, que sur deux aspects fondamentaux que sont à la fois le personnage emblématique de Michael Haller, parfaitement incarné par le cabotin Matthew McConaughey, véritable fil rouge du film, et la mise en lumière des failles évidentes du sytème judiciaire américain.

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D'abord, cet avocat: Haller. Un type qui paraît sans foi ni loi, d'avantage enclin à défendre la petite criminalité engorgeant les tribunaux qu'à se pencher sur les affaires qui mériteraient, éthiquement parlant, que l'on se batte pour elles. En vérité, il s'attaque à ce qui ne l'effraie pas, et gagne ce qui peut être gagné. On a un peu la sensation d'être en fasse d'un type brillant, mais profondément lâche, parce que pas assez pétri de principes moraux. Néanmoins, il n'a rien d'un mauvais bougre pour autant. Certes, il fait son beurre avec et sur le dos des bandits du bas de l'échelle, mais il est en vérité bien trop conscient des irrégularités de ce système qu'il (des)sert pour se risquer à mettre dans la balance la vie d'un vrai innocent. Convaincu de la culpabilité de ses clients, il juge préférable de risquer le coup avec un petit malfrat, qu'il s'agisse de lui faire plaider coupable ou de lui sauver la mise. Trouver le meilleur compromis, voilà ce que semble être la ligne de conduite de Haller. La bonne idée, ici, a été d'insérer à l'affaire principale et au fil narratif des bribes du passé de Haller, des anecdotes sur d'anciens clients qui éclairent sur sa façon d'envisager la justice (le cas du type ayant décapité sa femme est édifiant... et glaçant). Haller n'est pas un ripoux. C'est un avocat désillusionné mais doué qui a choisi sa catégorie. Et tant pis s'il se heurte à l'hostilité des idéalistes animés de soif de Justice.

Rapports falsifiés, preuves insuffisantes, témoignages véreux, arrangements et dessous de table... La Défense Lincoln joue de ses pratiques courantes pour mieux les incriminer sans en faire le procès, puisqu'ici, on ne prend pas clairement position sur ces fameuses "failles", dans la mesure où, selon le contexte, elles servent ou desservent le client et/ou la justice. Suivre les coulisses d'un procès aux USA, c'est un peu comme suivre les dessous d'une campagne électorale: on sait que tout est question d'intérêts plus ou moins discordants, d'ententes préalables, de secrets ressorts pour se jouer du plus grand nombre, etc... La justice, là-bas, est un show. Un vrai tour de prestidigitateur durant lequel l'accusation et la défense tentent de briller plus fort et avec plus de conviction que la partie adverse. Et durant lequel tous les coups sont permis. Tout n'est que manipulation, au service ou non de la vérité.

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Sans être proprement glauque ni lorgner vers le film noir, La Défense Lincoln distille une atmosphère un peu poisseuse mais propre sur elle dans des tons de miel propres à la Californie. Et si la mise en scène est efficace, elle ne brille pas des masses non plus. Certaines transitions laissent dubitatifs - comme ces parenthèses "enchantées" sur la vie de famille décomposée de Haller - et le tout manque cruellement de rythme. De même, la chronologie a quelque chose de bancal (pourquoi le procès se tient-il quasiment d'un seul tenant, noyé au beau milieu de tout le reste?), de désarticulé. La phase d'enquête a un je ne sais quoi de laborieux, d'inachevé. Pris dans son ensemble, le film se tient, mais sur le déroulement, il manque de souffle. Quant au dénouement, trop succinct, trop facile, trop prévisible? Sans doute un peu de tout ça. En définitive, je regrette que l'ensemble n'ait pas bénéficié de l'étincelle qu'apportait la fameuse "connexion", et qu'il n'emboîte pas le pas à cette révélation bien salace. Le tout aurait gagné à être plus "too much". Là, le prévenu (Ryan Phillippe, en petite forme) ne suscite ni réelle antipathie, ni encore moins d'empathie. Sans doute aurait-il fallu laisser un peu traîner la phase "Coupable? Pas coupable?". De même, pourquoi ne pas avoir d'avantage accentué le côté "je bosse dans ma bagnole"? Parce que là, pour le coup, le rapport avec le titre... vite fait, quoi.

Bref, un peu tiède pour la Californie, à mon goût.

Distribué par Metropolitan Filmexport, La Défense Lincoln sera disponible en DVD et Blu-ray dés le 5 octobre. Vous pourrez retrouver ce film sur 

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dans la liste "les avocats au cinéma". Gageons que si celui-ci ne vous tente pas, vous y trouverez votre compte avec un autre film du genre.


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