L'objectif du projet est d'explorer comment l'expérience de vélo BIXI peut tirer parti des médias sociaux, des mashups, des applications Open Source, etc. pour améliorer à la fois le système de vélos et la vie en ville, en commençant par ici, chez nous et ensuite dans le monde entier.Dans sa chronique, Josée Blanchette y met beaucoup d'éloges et avec raisons! Ce projet, se basant sur l'imaginaire collectif, les technologies numériques et le pur plaisir comme forces pour résoudre des problématiques urbaines concrètes, me rend tellement fière de ma ville!
Toutefois, je me demande à quel point monsieur et madame tout le monde ont été en mesure de bien saisir le projet en lisant la chronique et, par le fait même, de comprendre qu'ils pourraient bien être invités, eux aussi, à se mobiliser. Peut-être pas seulement pour ce projet, mais pour bien d'autres projets en ligne employant le même type de technologies et suivant cette même idéologie "ouverte". Il y a une telle mystification autour de ce type de recherche que même Madame Blanchette parle de "magie". Elle y cite d'entrée de jeu son mari :
«Ce n'est pas important de comprendre tout ce qu'elle dit, il faut juste la suivre et la magie opère», m'avait prévenu mon mari d'économiste moins tout neuf, complètement captivé par cette fée coquette dont la baguette magique est un téléphone intelligent.
Ce n'est pas une baguette magique, ce n'est pas sorcier, et il est important, voire impératif de comprendre ce que la "belle éthérée" qui vit en partie "en orbite" (pour reprendre quelques termes de l'auteure) est en train de mettre en oeuvre. Presque une extra-terrestre, quoi! L'auteure traitant le projet comme une véritable anomalie, ne le démystifie pas et, surtout, elle ne montre pas combien il est emblématique de ce qui se passe présentement dans le petit monde des Digital Humanities! La fascination emboîte le pas sur l'attrait et l'accessibilité à tous de comprendre un tel projet.
Vous l'aurez deviné, je critique moins sa chronique que je ne m'amuse à déceler une perception des technologies récentes qui transparaît dans la terminologie employée par l'auteure pour décrire le projet et son instigatrice. Cette mystification traduit tellement bien l'hébétude que beaucoup de lecteurs doivent ressentir devant un tel exposé. L'auteure poursuit :
Ces drôles d'expression, comprenant le mot "open" et "crowd", traduisant une volonté de démocratisation et qui sont tellement banales pour des chercheurs comme moi et bien d'autres, ne faudrait-il pas les démystifier au grand public? Ne faudrait-il pas sensibiliser les gens à ces idées importantes qui sont en train de modeler les pratiques culturelles, académiques et économiques à tous les niveaux? Autrement dit, ne faudrait-il pas que les principaux concernés sachent de quoi il s'agit?
Elle emploie de drôles d'expressions: open source, open economics, open data, crowdsourcing (la sagesse des foules), mais aussi «innovation verte» et «innovation ouverte».
Loin d'être à "mi-chemin entre A Beautiful Mind, La belle verte et Inception", comme le prétend l'auteure, le projet WikiBixi est représentatif de tous ces projets de recherche "open" que l'on retrouvent sur le Web, parfois encore à l'état embryonnaire parce que la "crowd" ne s'est pas encore mobilisée, ne comprenant malheureusement pas de quoi il s'agit!