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Monde arabe, la révolution et après

Publié le 24 septembre 2011 par Amroune Layachi

Monde arabe, la révolution et après

La révolution, et après ? Car une fois le long combat de la révolte abouti, le chemin du changement et de la réforme est ardu et escarpé. Et ce sont les exemples tunisiens et égyptiens qui ont été mis en avant, cette après-midi, lors du deuxième atelier de réflexion du colloque international El watan et IME.

Ce panel, « révolte, révolution, réfo-lution » (réformes et révolution), a ainsi réuni, autour du sociologue Aissa Kadri, président de séance, les tunisiens Najet Mizouni et Farid Alibi, respectivement juriste à l’Université Paris 8 et philosophe, professeur à l’université de Kairouan ; ainsi que Sarah Ben Nafissa, sociologue en Egypte, et Sandrine Gamblin, sociologue en Egypte. Najet Mizouni est ainsi longuement revenue sur l’historique et le rôle de l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), qui a porté et « formalisé » la révolution tunisienne.

«L’absence d’entités organisées, que partis politiques ou autres, au début des frondes populaires, qui a fait que l’UGTT ai dû palier à ces vides et ainsi être à l’avant de cette révolution », a toutefois objecté M. Alibi. Ce dernier, originaire de Sidi Bouzid, a eu à vivre de près ces événements depuis leurs prémisses. « À sa naissance, ce mouvement social n’avait pour revendications et slogans que la terre, la liberté, le pain. Il n’y avait aucune revendication identitaire, politique ou religieuse », a-t-il affirmé.

Et aujourd’hui ? « La dynamique est dans une sorte de va-et-vient, d’avancées et de reculs. La révolution semble être dans une impasse. Le peuple commence à s’inquiéter, à se poser des questions. Ils ont le sentiment que leur révolution va droit dans le mur, car il n’y a pas de perspectives claires. Cela est dû à l’absence d’organisations politiques qui auraient été à l’avant-garde des mouvements », a répondu M. Alibi.

L’Egypte : vers une « démocratie autoritaire » ?


Reste que cet exemple tunisien a ouvert la voie du possible aux égyptiens. Toutefois, ces renversements peuvent être considérés comme « une expérience pratique de la souveraineté populaire, où seules les têtes des régimes sont tombées, et non pas les régimes », a tempéré Mme Ben Nafissa.

Celle-ci a ainsi exposé la citoyenneté égyptienne née durant la révolution et qui s’exerce sous différentes formes sous l’ère après-Moubarak. Cette citoyenneté a pris de nombreuses formes, telles que l’exercice du droit de vote ou la revendication de réformes constitutionnelles. « Il y a eu une reformulation des modalités de l’unité nationale.

De même, sous la pression de la rue, la place tahrir, de nombreuses concessions ont été faites par l’armée et les forces de transition. Mais les réformes proposées par le référendum sont des revendications anté-révolution. Après la chute de Moubarak, il y a eu un plafonnement des demandes de réformes », a expliqué Mme Ben Nafissa. Par ailleurs, une multiplication des partis politiques,
qui n’ont pas participé à la révolution, est apparue à l’orée des échéances électorales.

« Mais le peuple n’est plus dans une mobilisation technique-politique. L’on est passé à des questions de revendications socio- économiques, d’égalités des salaires, etc., avec une intensification des manifestations de diverses corporations, ouvriers, fonctionnaires et autres. Car, avec un système répressif allégé, la création de nouveaux syndicats a été possible », a conclut quant à elle Mme. Gamblin.

L’avenir sera caractérisé vers une transition, mais vers quoi ? « vers une démocratie, mais autoritaire, avec un rôle important qui sera joué par l’armée », a prédit Mme. Ben Nafissa.

Ghania Lassal

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