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Revue de détail n° 1

Par Jean-Jacques Nuel

Cette chronique est parue dans La presse Littéraire n° 2.

FICTION n° 2

Revue de détail n° 1
La revue Fiction fut pendant 37 ans l’édition française de la revue littéraire nord-américaine Fantasy & Science-Fiction avant de disparaître du paysage éditorial en 1990. Elle a connu sa renaissance en 2005, grâce à un passionné, André-François Ruaud, fondateur de la maison d’édition Les moutons électriques, qui a décidé de se lancer dans cette aventure.

C’est moins une revue qu’une anthologie périodique (semestrielle) de fantasy et science-fiction. Un format original quasi carré, une mise en pages sobre mais élégante, bref un solide et bel objet de lecture, non thématique, et mêlant les genres. Pour cette deuxième livraison, sous une couverture à rabats couleur kraft illustrée par F’Murr (le dessinateur des BD du « Génie des Alpages » chez Dargaud), la revue propose des nouvelles de Léa Silhol, Paolo Bacigalupi, Carol Emshwiller, Jean-Jacques Régnier, James Sallis, Julien Bouvet, Zoran Zivkovic, Joël Champetier et Elisabeth Vonarburg, Jeffrey Ford, Ian R. MacLeod, David Langford, Lewis Shiner, Brian Stableford. On le voit, quelques écrivains français ou francophones se mêlent aux pointures anglo-saxonnes, au meilleur du choix de la revue nord-américaine, la sélection est donc difficile pour les jeunes auteurs de langue française qui veulent tenter leur chance. Quelques autres surprises venues d’horizons variés (Inde, Japon, Serbie, Danemark…) confirment son ouverture, sa curiosité, sa vocation internationale.

Un portfolio central d’illustrations du cartooniste américain d’humour noir Gahan Wilson, et des dessins ponctuant tout le volume, par des dessinateurs du New Yorker et de Fantsy & SF, des articles, des témoignages, la chronique littéraire de Francis Valéry complètent cette copieuse livraison de 330 pages.

Fiction réussit son pari - donner à lire une littérature populaire de qualité - et vient combler un vide dans le paysage de la SF et du fantastique en France.

Fiction, Les moutons électriques éditeur, 245 rue Paul Bert, 69003 Lyon.19 €. Diffusion Les Belles Lettres.

www.moutons-electriques.com

SALMIGONDIS n° 21

Revue de détail n° 1
Si la revue ne respecte plus sa périodicité trimestrielle originelle, devenant à peu près annuelle, au gré de l’envie, des forces et des finances de l’équipe éditoriale, gagnant en volume et en densité, Salmigondis reste un magazine de référence, d’autant plus que nombre de ses concurrents ou plutôt confrères ont disparu (Nouvelle Donne, Encres Vagabondes) et qu’il reste un des rares espaces ouverts aux jeunes auteurs.

Animée par Gilles Bailly, Emmanuelle et Roland Fuentès, Salmigondis publie tous les genres (sauf le mauvais) : nouvelles, surtout des nouvelles, poésies, bandes dessinées, dessins, chroniques et s’enrichit de dossiers sur un auteur ou une maison d’édition. Avec le souci constant de mêler des voix reconnues (Chateaureynaud, Baroche, Bazot, Butor, Saumont…) et de nouveaux et jeunes auteurs, jouant ainsi un rôle essentiel de découvreur, elle ne fait aucun cas des genres ni des chapelles pour s’attacher uniquement à ce qui lui parait neuf, original, surprenant. Cette revue désormais connue et très sollicitée (les concours de nouvelles et de BD qu’elle organise connaissent un incontestable succès) s’impose dans le paysage littéraire.

Dans ce dernier numéro, Salmigondis confirme son statut de découvreur, en nous donnant à lire - à côté du reconnu Abdelkader Djemaï - des auteurs prometteurs : Isabelle Sojfer, ses histoires brèves et cruelles, et Nicolas Puzenat, qui signe une nouvelle magnifique, d’un absurde consommé, « Grandeur des corpuscules ». Didier Millotte, qui livre de nombreuses illustrations de ce numéro, répond aux questions de Fuentès : « Par un rejet des produits Disney, entre autres, certains produisent de la boue, sans se rendre compte que ce n’est pas mieux d’un poil. Pour vraiment faire de bons livres pour enfants, il faut avant d’avoir le désir de faire des albums, aimer les enfants. » Ce même jeune dessinateur, qui ne lit « pratiquement plus que la Bible », « le texte le plus fascinant et le plus enthousiasmant de l’humanité », nous sert quelques déclarations réjouissantes et roboratives, à contre-courant.

Salmigondis, qui a le souci de sa diffusion, participe à de nombreux salons du livre et étend chaque mois le réseau de libraires qui la distribuent sur toute la France, dont une vingtaine à Paris.

Salmigondis, 452 route d’Attignat, 01310 Polliat. 110 pages. 10 €.

www.salmigondis.com

SUPERIEUR INCONNU n° 2

Sous-titrée « Arts – Littérature – Critique », cette revue semestrielle est la nouvelle formule (après 3 ans d’interruption) d’un titre déjà ancien, fondé et toujours dirigé par Sarane Alexandrian. Marc Kober est le rédacteur en chef de cette nouvelle série, plus luxueuse et plus élaborée, car, dit-il : « sa beauté correspond à une exigence éthique de première importance ». De fait, cette belle revue annonce la couleur (verte), l’esprit et le contenu dès la couverture, illustrée de quatre cartes, figures du jeu complet que dessinèrent en 1940 les surréalistes à Marseille et qui fut édité par André Dimanche. Ces cartes illustrant les notions de rêve, amour, connaissance, révolution (et les personnages de Freud, Hegel, Sade, la Religieuse portugaise), dessinées par Oscar Dominguez, André Masson, Victor Bruner, Jacques Herold tiennent lieu de manifeste et annoncent les différentes parties de la revue. Participent à cette livraison Marie-Laure Missir qui évoque Jean Benoit, Hervé Delabarre, Tristan Ranx, Monique Ayoun et bien d’autres signatures.

Supérieur Inconnu prétend n’être pas une revue surréaliste de plus, mais une revue qui retient le meilleur de l’aventure surréaliste pour le rejouer au présent. Car nous aurions « besoin plus que jamais des grands secours du rêve et de la passion pour que le progrès de la connaissance soit utile au bonheur du genre humain. » La revue, abondamment illustrée, est une réussite éditoriale, le projet séduisant, mais le surréalisme est-il encore d’actualité ? Vaste débat qui remplirait un numéro entier de La presse Littéraire et que nous n’aurons pas la prétention de traiter ici.

Supérieur Inconnu, 9 rue Jean Moréas 75017 Paris. 104 pages. 14 €.


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