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Cinéma: "L'Apollonide - Souvenirs de la maison close" de Bertrand Bonello

Publié le 26 septembre 2011 par Paulo Lobo
J'ai vu 'L'Apollonide' et c'est un très beau film. Splendide esthétiquement, envoûtant dans sa façon d'emmener le récit avec un mix de mélancolie, de résignation et de rage contenue, touchant, grave et léger, ambigu, sombre et lumineux. Le film est une pure merveille de maîtrise formelle, et en plus il donne lieu à mille lectures et ressentis. Il a cette puissance rare des oeuvres qui ne se dévoilent pas du premier coup, qui ne livrent pas leurs clés, qui questionnent le monde sans donner de réponse. Les images, les plans, les scènes du film sont denses et multicouches, il y a une abondance de matière et de grain, c'est un film sublimement argentique, un film où on ressent fortement les objets, les lumières et les corps. Des corps filmés dans un esprit naturaliste, sans réelle volonté ni de sublimer, ni d'enlaidir, mais avec empathie et délicatesse, par petites touches. Absolument pas un film racoleur et érotique, le sexe est montré comme objet de marchandage et de fantasme, un jeu de rôle et de domination, cruel, pathétique, la prostituée est toujours objet usé et abusé. Elle subit, elle joue et elle assouvit le désir de l'homme. Elle observe aussi. Mère, soeur, fille. Depuis la nuit des temps. Et les artistes qui la croquent et s'en inspirent ne sont pas meilleurs que les autres. C'est toute la virtuosité vénimeuse du film de Bonello, confronter la candeur et le sordide, le masque et la mise à nu, la poésie et les maladies vénériennes, l'innocence et la perversion... en un mot tout ce qui fait la terrible condition humaine.
Il y a des moments et des plans d'une fulgurante beauté. Pour moi, la scène la plus extraordinaire restera celle où les prostituées pleurent le décès de l'une d'elles en dansant sur 'Nights in white satin' des Moody Blues. Ce film est une oeuvre d'art.

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