Si vous aussi vous étiez au Chicho à Bordeaux ce 21 septembre, vous vous êtes sûrement demandés qui était cet homme qui saute partout, qui tape très fort sur ses grosses caisses, qui tape du pied sur un piano ?
J’ai dis un piano ? Ce n’est autre que Piano Chat !
Aussi surprenant que cela puisse paraître, l’énergie qu’il dégage sur scène n’a rien d’assourdissante, mais bien au contraire, on s’envole avec lui dans cet univers qui lui appartient. Très heureux de jouer à Bordeaux, et de s’amuser tout simplement, ce gentil petit chat, vient se frotter aux jambes du public, en nous demandant de danser, et de s’amuser de la meilleure des manières.
Il le dit lui-même « J’ai pas l’habitude de jouer sur une scène, et même si elle est toute petite, elle est psychologique ». Jusque là, on est d’accord, mais alors pourquoi venir poser ses grosses caisses au milieu du public ? Sa passion pour la musique, ce sourire permanent sur son visage, cette excitation d’enchaîner ses morceaux ont transformé les minutes, comme si le temps fut raccourci, mais tout le monde en voulait encore.
Ce fut pour moi une découverte exceptionnelle, un bonhomme avec une énergie et une simplicité bouleversante.
Et c’est, toujours avec le sourire, que Piano Chat laisse la scène, le public, et pour ne pas s’arrêter en si bon chemin de générosité, la chaleur étouffante de la salle à Petit Fantôme.
La sortie de son album « Yallah » pousse Petit Fantôme sur les scènes de France, et obligatoirement par celle d’El Chicho. Ravis de jouer les morceaux de l’album, Pierre Loustaunau et ses copains n’ont pas mis bien longtemps à mettre le public dans leurs poches. Dans un univers bien à eux, c’est avec délice que je voyage à travers «Yallah »,« Aujourd’hui c’est les vacances », et… et non, le reste je vous laisse le découvrir vous-même.
Ce fut comme un doux rêve que la réalité vient perturber, un petit coin de paradis dans cette salle ce mercredi soir. Mais, pour ma part, j’ai vécu cette fin de concert comme un réveil en douceur, une rencontre en tête à tête avec Pierre, le chanteur du groupe.
Avec nos verres d’eau, je me lance, et du mieux que je peux, tente de calmer ces millions de papillons venus se loger dans mon ventre, puis c’est parti, doigt sur le bouton « Lancement », l’enregistrement débute et voilà :
Bonsoir Pierre, ce que je voulais savoir avant toute chose, c’est, pourquoi le nom « Petit Fantôme » ?
Alors Petit Fantôme ça vient… A l’époque, je lisais Petit Vampire de Joanne Sfar. C’est le nom que j’aimais bien, ça m’allait plutôt bien, j’ai toujours été un peu en retrait de tout.
Alors vous êtes tous plus ou moins originaires des alentours de Bordeaux c’est ça ?
Alors personne n’est de Bordeaux même, il n’y a peut être que la batteur qui est de Bordeaux, moi je suis de Mont de Marsan, Vincent est de Bayonne, Francois est de Saintes, Mathieu est de Libourne. On est tous arrivés là pour les études.
Est-ce que tu peux me parler du style de musique que tu écoutais, et les artistes qui t’ont influencés ? Ceux qui t’ont poussés à faire de la musique ?
Alors, il y a plusieurs groupes, toute la musique qu’écoutait mon père quand j’étais jeune, après tous les groupes de Pop genre Flaming Lips, L’affaire Louis Trio, Alain Chanfort, pleins de gens en Français, et aussi pleins d’Américains.
Du coup, j’ose imaginer que le groupe de ton père « Madame Bovary » a eu une énorme influence sur toi…
… Oui oui, de voir mon père faire de la musique quand j’étais jeune ça m’a inspiré. Mais c’est surtout que mon père écoutait énormément de musiques, il y avait tout le temps de la musique à la maison, j’ai donc grandi avec ça.
J’ai cru comprendre que Petit Fantôme est né la même année que la rencontre avec François Marry, Est-ce qu’il a été un élément déclencheur dans ton envie de faire de la musique ?
Alors pour François, j’avais commencé mes chansons avant de le rencontrer. Je l’ai rencontré pour le concert de François and the Atlas Mountains, et depuis on ne s’est plus quittés, et il m’avait accompagné pour faire des enregistrements de trompette chez moi pour un morceau, et donc voilà on a toujours collaboré ensemble.
Et ce n’est qu’en 2011 que tu as vraiment réussi à te lancer en solo, Est-ce que c’était un manque de courage, ou une réelle volonté de ta part de prendre ton temps ?
Ce n’était pas du courage, mais c’est que je n’arrivais pas à m’épanouir, dans mon projet, j’ai eu besoin de passer par le collectif IceBerg, Crane Angels pour m’épanouir musicalement et au bout d’un moment je savais ce que je voulais faire, j’étais donc plus à l’aise pour composer, et là je me suis vraiment amusé à faire mes chansons à moi. Et c’est surtout en 2011 que j’ai expérimenté le français, et donc écrire en français, car avant j’écrivais en anglais.
Est-ce que c’était important pour toi de voyager dans différents univers pour chaque chanson, ce côté oriental qu’on retrouve dans la chanson « Yallah », et un air d’évasion pour « Aujourd’hui c’est les vacances » ou même «Tahiti»? On retrouve une atmosphère assez différente dans chaque morceau…
… En fait je sais pas, c’est des morceaux que j’ai fait en même temps. Après Yallah, c’est vrai que j’ai cultivé un truc oriental mais c’est parce que je vis là dedans. Ce disque il est surtout fait sur le mot Yallah, c’est un mot que tu dis quand avec ta copine ou ton copain tu as la fraction de seconde et tu dis on se casse, viens on prend la voiture, on va tout droit, viens on prend des vacances, viens on prend l’avion. Je voulais donc écrire sur cette fraction de seconde, et la musique s’est faite toute seule. Je n’arrive pas trop à penser à la musique et à l’atmosphère, ça se fait tout seul, je ne fais pas trop exprès…
… Et pourquoi plus français qu’anglais alors ?
Parce que j’ai voulu être vraiment décomplexé de ce que je faisais, de ma musique. Nous on est une génération où on n’aime pas le français. Moi j’ai détesté les groupes qui chantent en français, et je me suis juste posé et je me suis demandé pourquoi, et donc je trouvais qu’on était trop maniérés et pas assez décomplexés, et donc je me suis amusé avec ça, à placer des mots comme « trop bien », « trop cool », « panthère ». Aujourd’hui, j’adore écrire en français, parce que ça me fait marrer, et c’est une langue que je trouve assez sexy.
On retrouve aussi quand même de la poésie, comme dans la chanson « Yallah »…
Je ne sais pas.. (sourires de nous deux). Il y a un jour un mec qui m’a dit que mes paroles étaient faussement naïves, j’étais assez content. Il y a plusieurs grilles de lecture, on peut le prendre soit très au sérieux, et soit le prendre à la rigolade. Mais quand j’écris des paroles, c’est quand même sérieux, mais j’aime y mettre du second degré et de l’humour.
Avec les dates que vous avez fait, je me posais la question « Est-ce qu’il y a plus d’excitation de jouer à Bordeaux, à la maison si on peut dire ça comme ça, ou plus dans la capitale, où les plus grands y sont passe, etc » ?
Ça dépend. Moi j’aime jouer à Bordeaux parce que c’est une ville qui est très dure. J’aime aussi parce que j’ai l’impression que tous les gens qui vont me regarder, ils vont détester et j’adore cette sensation. Après l’ambiance est « trop cool », il y a tous mes potes. Mais j’aime bien jouer à Paris, par ce que c’est une ville que j’aime pas. C’est dur de jouer là bas. Mais j’aime bien jouer partout, dès que je peux jouer je suis content. Mais surtout en Angleterre, c’est très différent.
Tu as encore des dates de prévues ?
Oui, mais j’ai surtout des dates avec François and the Atlas Mountains. C’est le projet qui me prend le plus de temps. Donc les concerts de Petit Fantôme c’est souvent la récréation. (joli sourire)
Merci beaucoup Pierre. Qu’Est-ce qu’on peut souhaiter a ce Petit Fantôme pour la suite ?
Qu’il s’amuse encore, qu’il s’amuse longtemps, avec ses copains.
Cliquer ici pour voir la vidéo.
Remerciements : Maud et Lara de La Bise Fraise, et El Chicho.