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Dans les dedales des contes et proverbes marocains

Par Citoyenhmida

Mohamed KABBAJ, homme d’affaires féru de culture populaire marocaine, et Hicham LAMGHARI, journaliste partageant la même passion pour le patrimoine culturel de ce pays, nous proposent dans “CONTES ET PROVERBES MAROCAINS“, édité en 2011 par Imprimerie Papeterie Nationale, Marrkech, un voyage dans la mémoire collective du  peuple marocain.

Ils sont tenté avec un certain succès de trouver à une liste de proverbes très courants une genèse qui expliquerait les circonstances de leur naissance.

L’exercice n’est si scientifique ni prétentieux, et encore moins pédant : les deux auteurs, avec la complicité – un peu maladroite je dois bien reconnaitre -  de leur traducteur Brahim HANAI, nous font voyager dans les médinas, les souks, les campagnes, d’un Maroc disparu en nous rappelant certains contes qui survivent dans notre imaginaire collectif et qui se terminent souvent par par ce que l’on appelle “moralité” dans les fables de La Fontaine.

Ainsi si l’inoubliable Joha apparait tout normalement dans  ces contes, nous y retrouvons d’autres héros moins connus, mais tout aussi sympathiques et attachants.

Les auteurs ont repris d’autres contes qui font partie du patrimoine oral marocain pour en tirer la “substantive moelle” sous forme de proverbes, adages ou dictons qui émaillent encore maintenant notre darija.

J’en ai retenu quelques uns, qui vous donneront peut-être envie de découvrir les trésors de ce petit livre qui en prime nous offre le texte des fameux quatrains de Sidi Abderrahmane El Majdoub.

Je commence par ce dicton donc la musicalité m’a plu, bien que le fonds en soit bien triste, puisqu’il évoque une mort rapide mais sans souffrance:

طَاح طيحة الزلافَة ، ما طَال ما طَوًَلْ

Ensuite cet autre, bien pessimiste mais tellement réaliste :

تكَلت نهار تكال الثور الأبيض

Les auteurs n’ont pas omis de signaler ces paroles archi-connues et que nous avons tous employées une fois dans notre vie, pour justifier l’injustifiable:

و لو طارت معزة

Je trouve savoureux cet adage qui a son origine dans la fuite des femmes toutes nues d’un hammam où s’est déclaré un incendie:

اللي حشموا ماتوا

Que vous inspire cette  énigmatique phrase, qui cache malicieusement une situation embarrassante:

اللي عارف عارف قو واللي ما عرفش كايقول عَدسْ

Les marocain(e)s ont montré leur féminisme bien avant les occidentaux, ainsi qu’en fait foi cette affirmation:

اللي ما يحبني بكفوسي ما يحبني بحرقوسي

Ce proverbe fait référence à la solidarité sociale qui a longtemps marqué notre société:

الطلاب يطلب و امراتو تصدق

Voilà un conseil que devraient suivre non seulement les commerçants, mais aussi les entrepreneurs, qui se lancent dans les affaires : il devrait être enseigné dans les écoles de commerce!

الحانوت ، مولاها يكون قاعو من الرصاص و وجْهُو من النحاس

Beaucoup de nouveaux riches devraient méditer ce sage dicton et ne pas oublier d’où ils viennent :

من الزبالة للطَيفور

L’optimisme – d’aucuns parleront de fatalisme – des marocains est très bien exprimé dans cet adage :

ما كَيْسدْ الله باب حتى كيفتح بِيبان

Pour finir, j’ai beaucoup hésité à choisir un des quatrains de Sidi Abderrahmane El Majdoub. Je vous propose celui-ci en vous laissant en méditer la cruelle actualité :

ادهن الســيـر يسير   و به ترطب الخرازة

النقبة تجيب الطير       من باب سوس لتازة

A signaler que les divers proverbes sont transcrits dans une calligraphie marocaine très agréable. Par contre, la typographie française ainsi que l’orthographe ont été négligées.

Le livre est illustré fort à propos de quelques peintures signées de l’artiste plasticien Saïd Ben Mchich.

Bonne lecture!


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