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Histoire corse (d'après Maupassant)

Publié le 27 septembre 2011 par Dubruel

Ni bègue ni der, Baltha cherche à obtenir le fameux Prix de Flore, présidé par Begbeider !

Ces jours derniers

Tandis qu’ils menaient

Un prisonnier

De Corte à Ajaccio

Deux gendarmes étaient assassinés.

 

À ce propos,

Me revient à l’esprit

Un souvenir de voyage.

J’avais quitté la Provence

Pour la Corse. Là, je l’ai compris :

Ce peuple a la rage

De la vengeance.

 

Après avoir gravi

Le val d’Otta,

J’arrivais, au soir tombant, à Ovita.

Je frappais à la porte des Bromi

Pour lesquels j’avais une lettre d’ami.

Le mari m’exprimait son plaisir à me recevoir

Quand une forte femme aux yeux noirs

Vint me secouer la main :

-Bonjour, monsieur ! ça va bien ?

Elle enleva mon panama,

Rangea ma valise, ma gibecière

Avec un seul bras.

Elle portait l’autre en bandoulière.

Puis elle dit à son mari :

-Allez donc vous promener

En attendant l’heure du diner.

 

Soudain il s’arrêta et dit :

-C’est ici que mon cousin Jean Rinaldi

Fut tué par Mathieu Lota.

Tenez, lui était là, et moi.. là

Quand Mathieu apparut à dix mètres :

-Jean, ne va pas chez les Demaître.

(Tous deux suivaient Paula Demaître)

Je te tue si tu y vas !

De mon cousin je pris alors le bras :

-N’y vas pas ; il le ferait.

-Ce n’est pas toi qui m’en empêcherais

Alors Mathieu tira

Et Jean s’écroula.

 

Je regardais Bromi, stupéfait

Et lui demandais :

-Et Mathieu, l’assassin ?

-C’est mon frère qui le lendemain

L’abattit,

Ce bandit.

Je balbutiai :-Votre frère ?...

-Oui, la colère…

Et d’un air résigné, il ajouta :

-C’est le pays qui veut ça.

 

Comme madame Bromi

M’avait parfaitement traité,

J’insistais, au moment de la quitter,

Pour lui envoyer de Paris

Un cadeau de remerciement.

Paula hésita un moment :

-Envoyez-moi un revolver, un petit.

Et elle me précisa en secret :

-C’est pour tuer mon mari

Je fus effaré.

Elle déroula le pansement de son bras

(Celui dont elle ne se servait pas)

La blessure n’était pas cicatrisée.

Sa chair avait été traversée

Par un poignard

De part en part.

-Si je n’avais pu résister, il m’aurait tué.

Avec votre cadeau, je serai sûre de le tuer.

Je tins ma promesse.

Et sur la crosse, je gravis :

« Pour votre inclination vengeresse.»

Je n’ai jamais su ce qu’elle en fit.

     

Tirer vengeance d’un ennemi, c’est renaître.

Publilius Syrus (Ier s. av. J.C.)


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