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Demetris Christofias, élu président de Chypre

Publié le 24 février 2008 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com
M. Demetris Christofias devient le premier et le seul chef d'Etat communiste dans un système présidentiel au sein de l'Union européenne.
Le chef du parti communiste AKEL, Le Parti progressiste des travailleurs, milite pour l'indépendance de Chypre vis-à-vis de la Grèce et de la Turquie. Il souhaite la réunification de l'île avec une solution fédérale, ainsi que la démilitarisation et le non-alignement du pays. Il était pour l'entrée de Chypre dans l'Union européenne sous conditions.

Le candidat communiste Demetris Christofias, partisan d'une reprise des pourparlers sur la division de Chypre, dont la partie nord est occupée par la Turquie depuis 1974, a remporté dimanche le second tour de l'élection présidentielle devant son rival conservateur.
Le chef du parti communiste Akel, 61 ans, a recueilli 53,36% des voix contre 46,64% à l'ancien ministre conservateur des Affaires étrangères Ioannis Kasoulides, 59 ans, selon les résultats officiels définitifs.
Le taux de participation a dépassé les 90%.
Dans les rues de Nicosie, des concerts de klaxons ininterrompus ont salué la victoire du candidat communiste, qui devient ainsi le sixième président de l'ancienne colonie britannique indépendante depuis 1960, une semaine après la défaite du sortant Tassos Papadopoulos, 74 ans.
Devant le quartier général du parti communiste à Nicosie, une foule de partisans de M. Christofias fêtaient leur nouveau président, favori de l'élection, en agitant des drapeaux chypriotes arborant le slogan "une société juste" ainsi que les drapeaux rouges du parti et des portraits de Che Guevara.
"Demain est un nouveau jour et nous aurons devant nous de nombreuses difficultés, a lancé le nouveau président. Nous devons rassembler nos forces pour parvenir à la réunification de notre patrie".
Le président de Chypre Tassos Papadopoulos dépose son bulletin de vote, le 24 février 2008 à Nicosie - AFP/PIO
"Je veux adresser un message d'amitié aux Chypriotes-turcs, le message d'un combat commun pour réunifier notre patrie, pour que nous gérions nos affaires sans intervention étrangère", avait déclaré le vainqueur après avoir déposé son bulletin dans l'urne.
Président du Parlement sortant, M. Christofias, distancé de 980 voix au premier tour par M. Kasoulides, était soutenu par les sociaux-démocrates (Edek) et le parti Diko (centre-droit) de M. Papadopoulos.
Premier dirigeant du Parti communiste chypriote candidat à une présidentielle, M. Christofias devient le seul chef d'Etat communiste dans un système présidentiel au sein de l'Union européenne.
M. Kasoulides, partisan comme son rival d'une reprise des négociations de paix et d'une rupture avec la position intransigeante adoptée par M. Papadopoulos, a concédé sa défaite peu avant l'annonce des résultats définitifs.
"J'ai félicité M. Christofias et l'ai assuré que je serai à ses côtés dans les efforts pour résoudre le « problème chypriote », a-t-il déclaré. Ce fut une campagne difficile (...). Nous avons évoqué des questions qui n'avaient pas été discutées jusqu'alors".
M. Kasoulides, soutenu par le principal parti de droite (Disy), avait reçu l'appui de la puissante Eglise orthodoxe de Chypre et n'avait cessé de mettre en avant son expérience de député européen et ses bonnes relations avec les capitales européennes.
"Je laisse derrière moi un pays démocratique au coeur de l'Europe, plus fort que jamais", avait déclaré pour sa part M. Papadopoulos, après avoir voté.
Le mandat de ce vétéran de la politique chypriote aura été marqué par l'entrée de l'île dans l'UE en mai 2004, puis par l'adoption de l'euro le 1er janvier dernier.
Pour la première fois, quelque 400 Chypriotes-turcs résidant au sud de l'île ont été autorisés à voter lors de cette présidentielle. Les habitants de la partie nord de l'île, autoproclamée République turque de Chypre du Nord (RTCN) en 1983, n'ont pas le droit de vote.
Chypre est divisée depuis l'invasion turque de 1974, déclenchée en réponse à un coup d'Etat de nationalistes chypriotes-grecs qui voulaient l'unification de l'île à la Grèce.
Depuis cette date, la Turquie déploie des troupes en RTCN, dont le gouvernement n'a été reconnu que par Ankara.
En 2004, les Chypriotes-grecs ont massivement rejeté un référendum portant sur un plan de réunification soumis par l'ONU, accepté par les Chypriotes-turcs. L'île est entrée divisée dans l'UE peu après.
Par Charlie CHARALAMBOUS, une sélection de Relatio sur la courrier international,   24/02/2008
Demetris Christofias
Il est né le 29 août 1946 à Dhikomo, dans le district de Kyrenia, depuis occupé par la Turquie. 
Homme politique chypriote devenu président de la République le 24 février 2008 avec 53,36 % des voix
C'est le secrétaire général de l'AKEL (Parti communiste), depuis 1989, et était le président de la Chambre des représentants chypriote jusqu'à son élection présidentielle.
Le Parti progressiste des travailleurs (AKEL)
L'AKEL est le premier parti politique chypriote depuis 2001. Aux dernières élections législatives en 2006, il a obtenu 18 sièges (deux de moins qu'en 2001). Il dispose également de deux députés européens qui font partie du groupe GUE/NGL. Son leader, Dimitris Christofias, a obtenu plus de 33 % des voix au premier tour de l'élection présidentielle du 17 février 2008, et sera donc au second tour opposé au candidat conservateur.
Aux dernières élections législatives, le 27 mai 2001, le parti a reçu 34.7 % des suffrages et obtenu 20 des 56 sièges.
Créé en 1926, sous le nom de Parti communiste de Chypre (KKK), il était opposé à l'Enosis (union avec la Grèce) et prônait l'indépendance du pays. Il devint illégal en 1931, par décision du gouvernement colonial britannique suite à des émeutes nationalistes. En 1941, les dirigeants de ce Parti interdit fondèrent l'AKEL avec d'autres hommes politiques de gauche. Aux premières élections municipales en 1943, les candidats de l'AKEL remportèrent les mairies de Limassol (Ploutis Servas) et Famagouste (Adam Adamantos).
Contrairement au KKK, l'AKEL n'était pas opposée à l'Enosis, mais réclamait un processus d'indépendance graduel, qui commencerait par une constitution et un gouvernement autonome tout en restant une colonie, et ayant pour but l'auto-détermination et l'Enosis. Après l'échec du processus de rédaction d'une constitution acceptable pour les chypriotes par l'Assemblée consultative, en 1949, l'AKEL changea sa ligne pour réclamer l'Enosis immédiatement, sans processus graduel.
À la fin des années 50, l'AKEL s'opposa aux pratiques violentes employées par le mouvement de résistance anti-britannique EOKA. L'EOKA accusa l'AKEL de collaboration avec les britanniques, bien que l'AKEL ait aussi été déclarée illégale en 1955. L'EOKA fut à l'origine de plusieurs assassinats de membres. L'AKEL accusa l'EOKA d'être anti-communiste, notamment sur la base de la participation de Georges Grivas à la guerre civile grecque du côté opposé aux communistes. Durant ces mêmes années, l'Organisation de résistance turque, organisation nationaliste issue de la partie turque de Chypre, commence à viser les membres turques de l'AKEL, qui sont forcés de quitter l'île, à l'instar de Ahmet Sadi, ou sont assassinés, ou sont assassinés, comme Fazil Onder.
À la première élection présidentielle suite à l'indépendance de Chypre, l'AKEL soutient le candidat Ioannis Kliridis contre Makarios III. En 2001, l'AKEL remporte la victoire aux élections législatives et son secrétaire général, Dimitris Christofias, est élu président du Parlement, pour la première fois dans l'histoire de la Chypre. Il était également soutenu par le Mouvement pour la démocratie sociale (EDEK) et par le Parti démocrate (DIKO).
La coalition de ces trois partis présenta un candidat unique à l’élection présidentielle de 2003, le président du DIKO Tassos Papadopoulos, qui remporte les élections. L'AKEL entre alors au gouvernement chypriote avec quatre portefeuilles ministériels.

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