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Neiges artificielles

Par Irreguliere

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J'entrevoyais des lendemains sublimes qui rendaient d'autant plus insupportable la tiédeur des aujourd'hui, et je repartais avec ces visions positives dans les poches trouées de ma mémoire. Je gonflais la poitrine et, brandissant le poing, je répétais cette phrase que je n'avais jamais bien comprise, mais qui, j'en étais sûr, témoignait d'une certaine compréhension de la nature humaine : après moi, le déluge.

Cela faisait longtemps que j'avais envie de découvrir l'écriture de Florian Zeller. Pour une fois j'ai été logique et j'ai commencé par son premier roman, qu'il a publié en 2002 à l'âge de 22 ans (ce qui est plutôt pas mal, je dirai) et pour lequel il a reçu le prix Hachette. Bon, pour être honnête, c'est le hasard qui a fait que j'ai lu celui-là et non un autre, puisque je l'ai trouvé sur l'étal d'un bouquiniste (oui, mon fameux bouquiniste du marché du Cap-Ferret). Bref, ce n'est pas le sujet.

Le sujet c'est le narrateur, une espèce de Don Juan de pacotille, qui vient de louper le dernier métro et qui est bien embêté car du coup il doit prendre un taxi pour rejoindre la soirée où est supposée se rendre également Lou, avec qui il a eu une relation quelques temps plus tôt et qu'il est bien décidé à reconquérir. Parce qu'il l'aime. Enfin, il croit qu'il l'aime car en réalité, c'est surtout lui-même qu'il affectionne...

Bon. Rien qu'au résumé vous avez peut-être senti mes réticences. Et elles sont grandes. Pas concernant le talent de Florian Zeller, qui est indéniable, l'écriture est belle, le style est agréable, travaillé, ce n'est pas du tout ce qui est en cause. Mon problème, c'est la cruauté, le désenchantement, le cynisme désabusé qui suinte de ce roman, l'impression que la conclusion, finalement, c'est que l'amour n'existe pas, et ça, vous comprendrez facilement que ça ne peut absolument pas me plaire. Du coup, j'y regarderai à deux fois avant de me plonger à nouveau dans un de ses romans, parce que c'est tout de même franchement démoralisant, et j'ai l'impression que c'est assez symptomatique d'une génération désenchantée et désillusionnée, la mienne pourtant (Zeller a un peu plus d'un an de moins que moi) et dans laquelle je ne me reconnais pas. Ou plus, car c'est vrai qu'à 20 ans j'étais plus cynique... peut-être que Zeller a mûri aussi, sur ce point ?

En tout cas, je retiendrai deux choses de ce roman : que l'expression "toutes les morts de pape" est peut-être générationnelle puisqu'il l'utilise aussi (mais j'avoue que quand je l'emploie les gens me regardent comme si j'avais abusé de certaines substances). Le mot "épectase" qui désigne la mort orgasmique, qui est, vous en conviendrez, une chouette façon de mourir, et je ne manquerai pas d'utiliser ce mot à l'occasion...

Neiges Artificielles

Florian ZELLER

Flammarion, 2002 (J'ai Lu, 2005)


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