Les autos tamponneuses de Stéphane Hoffmann

Bien que bordelais, Jean-Charles Lawton ne répugne pas aux concours de prouts. A cinquante ans bientôt, c’est même encore l’idée qu’il se fait des bons moments entre amis.
Aussi, lorsqu’on lui transmit une invitation pour le quarantième anniversaire de notre mariage: régate, suivie d’une soirée habillée, il crut d’abord avoir mal compris.

Ne vous fiez pas à ces premières phrases. Les autos tamponneuses de Stéphane Hoffmann ne tiennent aucunes de leurs promesses.
Les personnages sont tous antipathiques, incompréhensibles et caricaturaux. Tout le monde en prend pour son grade pour au final pas grand-chose, une bien maigre histoire de couples mal assortis.
L’avis de Clara, pas beaucoup plus enthousiaste que moi et celui d’Ys qui a trouvé le style de Stéphane Hoffmann élégant et son humour, corrosif.
Reste ce passage surprenant de vérité (c’est-à-dire la mienne):

En nous y prenant autrement, nous augmenterions facilement notre budget pour intervenir avec plus d’efficacité. La mollesse du président et les rigolades de la vice-présidente ont réveillé l’homme d’affaires qui ne sommeillait en moi que parce que je l’avais assommé. Au bout de quelques semaines de silence, je propose des aménagements. Et je sens passer, dans l’assemblée engourdie de ces gens polis, comme un effroi. Je dérange.
- Euh…oui, c’est intéressant, Pierre, merci, murmure le président. Notons-le au procès-verbal, nous en reparlerons lors d’une prochaine séance.
Nous n’en reparlerons jamais.
D’abord étonné, je ne m’offusquerai bientôt plus. Ce qui intéresse le président, c’est de rester président. Ce qui passionne le club est de rester le club. Tout mouvement ne peut qu’ébranler l’édifice où ces débiles ont réussi à se hisser.

La note de L'Ogresse: