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Le Réflexe d'éjection trop fort

Publié le 02 octobre 2011 par Sibellia @Sibellia

2 octobre 2011, 14:04 | Ajouté par : Gaëlle, dans Articles

Cette situation non exceptionnelle est souvent déroutante, car elle peut induire des symptômes, des conséquences et des mesures thérapeutiques variables suivant les mères. Les principaux résultats en sont un bébé “ à coliques “ et une maman stressée et découragée. Il n’est pas toujours possible d’apporter un remède totalement efficace à cette situation qui s’améliore très souvent avec le temps. Toutefois, certaines suggestions pourront rendre la relation d’allaitement plus gratifiante pour la mère et le bébé.

Le réflexe d’éjection est le “service de livraison du lait” : c’est l’éjection active du lait hors de la glande mammaire sous l’influence de la contraction des cellules musculaires entourant les acini. Il est commandé par l’ocytocine. Une quantité de lait variable s’accumule dans le sein entre les tétées. En particulier, le lait de début de tétée, dans les sinus lactifères situés derrière le mamelon, encourage le bébé à téter, ce qui déclenchera le réflexe d’éjection. Toutes les mères ont des réflexes d’ éjection toutes les quelques minutes, même si, généralement, seul le premier est ressenti.

Il se signale par:

  • Une sentation de tension, de picotement, de chatouillement … dans les seins.
  • L’écoulement du lait du sein tété, et souvent du sein contro-latéral (surtout pendant les premières semaines).
  • Des contractions utérines en post-partum précoce.
  • Un changement de rythme dans la succion du bébé ; de rapide, elle devient lente et régulière, avec des déglutitions tous les 1 à 2 mouvements de succion.
  • L’apparition de lait au coin des lèvres du bébé.
  • Une sensation de relaxation et de soif chez la mère.

Chez certaines femmes, ce réflexe est très fort, le lait pouvant gicler avec violence à plusieurs mètres. Le problème chez une telle mère est : “trop et trop vite”. Une telle quantité de lait arrivant avec autant de force pourra dépasser les capacités de déglutition du bébé. Chez certaines mères, cela s’accompagne d’une sécrétion lactée très abondante, tandis que chez d’autres la sécrétion lactée est “normale”, voire insuffisante. Les conséquences et les moyens de remédier à la situation varieront donc suivant les circonstances et l’âge du bébé.

Une composante psychologique ?

“J’ai trouvé un moyen infaillible d’inhiber le réflexe d’éjection : chaque fois que j’ai demandé à quelqu’un de photographier mes “superbes” réflexes, j’étais tellement tendue en les attendant… qu’ils ne sont jamais venus !!! “

“Je me demande s’il n’y a pas une part psychologique importante chez moi. Je suis très sensible, j’ai facilement les larmes aux yeux. Comme les larmes d’émotion, mon lait me submerge lorsque je vis une maternité intense.”

Pendant les premières semaines

Parfois, la mère comprend où se situe le problème, en voyant son lait gicler avec une telle force que son bébé s’étrangle pendant les tétées. Mais il arrive régulièrement qu’elle ne comprenne pas le comportement déroutant de son bébé. La description qu’elle pourra alors vous faire du problème sera la suivante :

  • mon bébé a des coliques
  • mon bébé vomit souvent
  • mon bébé n’aime pas téter
  • mon bébé est trop goulu, il a une très forte succion et s’étrangle
  • je n’ai pas assez de lait
  • j’ai trop de lait
  • mon bébé est allergique à mon lait

Symptômes du réflexe d’éjection fort

Ils peuvent être très variés, et beaucoup d’entre eux peuvent provenir de tout autre chose. Il sera donc nécessaire de bien réfléchir avant d’attribuer ces symptômes à un réflexe d’éjection trop fort.

  • Le plus souvent le bébé a une courbe de croissance satisfaisante; sa prise de poids peut même être impressionnante de rapidité. Il détrempe ses couches ; il a des selles fréquentes, pouvant être vertes et mousseuses, car il avale beaucoup d’air et/ou beaucoup de lait de début de tétée riche en lactose, ce qui accélère le transit et augmente la fermentation. Il est bien tonique et éveillé. Il peut avoir une succion très vigoureuse. Certains bébés ont des tétées très courtes (quelques minutes parfois), et/ou ne tètent que pour manger, et pas pour s’apaiser ou se réconforter.
  • Le tout début de la tétée se passe généralement bien, mais les choses se gâtent lorsque survient le réflexe d’éjection : devant l’afflux du lait, le bébé tousse, s’étrangle, crache, déglutit très bruyamment… Certains bébés arrivent à régler le problème en laissant dégouliner le lait, alors que d’ autres lâchent le sein en hurlant, voire même en arrivent à refuser de prendre le sein.
  • Le bébé est souvent agité pendant la tétée, ce qui peut donner l’ impression à la mère qu’elle n’a pas assez de lait. Le bébé peut donner l’impression d’être perpétuellement affamé, et sucer fréquemment ses doigts.
  • Il régurgite souvent. Il souffre de coliques, et pleure pendant des heures. Il a beaucoup de gaz, car il avale beaucoup d’air pendant les tétées. Il dort mal, s’éveille souvent, surtout dans l’après-midi et la soirée, ce qui, là encore, donne à sa mère l’impression qu’il n’a pas eu assez de lait.
  • Alors que la plupart des mères ne sentent guère que le premier réflexe d’éjection, la mère pourra en ressentir plusieurs pendant la tétée. Ils pourront être suffisamment douloureux pour faire redouter la mise au sein à la mère, et s’accompagner en post-partum précoce de contractions utérines elles aussi très douloureuses.
  • Il arrive qu’une mère ait le même problème avec plusieurs enfants successifs. Elle pourra alors décrire des bébés très toniques, ayant une succion très vigoureuse. Il est possible qu’un tel problème soit dû à la conjonction d’une prédisposition maternelle et d’une certaine façon de téter de l’enfant.

Variations personnelles

Un “truc“découvert par une mère de ma clientèle : quand le bébé réclame, juste après avoir dégrafé son soutien-gorge, elle fait patienter son bébé quelques instants pendant lesquels elle laisse s’échapper le premier jet (le lait gicle tout seul) ; puis elle applique fortement ses doigts sur le bout du sein, comme pour contenir le jet (comme pour une bouteille de champagne !). Elle maintient cette pression pendant quelques secondes, pendant que son bébé patiente (ou s’impatiente), puis le met au sein. Le flot est alors plus régulier, moins fort, et le bébé est plus calme. Même si ce n’est pas toujours facile pour elle de faire attendre son bébé, cela lui permet d’éviter les interruptions ultérieures, ainsi que l’impression d’une tétée “anarchique”

Par le Dr Martine FAUVEL, docteur en médecine et consultante en lactation

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