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Le paradoxe de la connaissance de soi

Publié le 02 octobre 2011 par Joseleroy

Voici un court extrait de ma conférence "Connaissance de soi et éveil" donnée à Nantes le samedi 1er octobre à l'invitation de la librairie l'Autre Rives pour la sortie de mon dernier livre Le saut dans le vide.

"Le paradoxe de la connaissance de soi
Il existe un paradoxe dans la connaissance de soi ; en effet dans ce cas le chercheur est identique à ce qui est cherché. Je suis celui qui recherche et je suis celui qui est cherché.
D'ailleurs ce paradoxe avait conduit Platon dans son Charmide à mettre en doute une telle connaissance de soi. Pour qu'il y ait une science, dit Platon, il faut un sujet différent de l'objet. Par exemple en physique, l'astrophysicien est différent de  l'étoile qu'il étudie. Le biologiste est différent du virus.
Or dans l'autoconnaissance, je suis celui que je recherche, et la distance ainsi abolie semble rendre impossible cette connnaissance de moi par moi-même.
Le dialogue de Platon se termine sur une aporie (aporie qu'il lève ailleurs).

Les sceptiques à sa suite refusent que la connaissance de soi soit possible car si l'esprit est observateur alors il n'a plus rien à observer, si l'esprit est observé alors qui fera l'observation? On pourrait bien sur songer, disent les sceptiques, à couper l'esprit en deux, une partie de l'esprit pourrait alors contempler l'autre, mais la partie observatrice ne serait pas connue; il faudrait alors scinder celle-ci encore en deux, mais on aurait alors une régression à l'infini. Et demeure un point aveugle dans le sujet, quelque chose qui échappe à la conscience.

Argument repris par la suite pas de nombreux auteurs comme Auguste Comte par exemple au 19eme siècle dans son Cours de philosophie positive.
"Par une nécessité invincible, l’esprit humain peut observer directement tous les phénomènes, excepté les siens propres. Car, par qui serait faite l’observation ? (...)L’individu pensant ne saurait se partager en deux, dont l’un raisonnerait, tandis que l’autre regarderait raisonner. L’organe observé et l’organe observateur étant, dans ce cas, identiques, comment l’observation pourrait-elle avoir lieu ?
Cette prétendue méthode psychologique est donc radicalement nulle dans son principe. Aussi, considérons à quels procédés profondément contradictoires elle conduit immédiatement ! D’un côté, on vous recommande de vous isoler, autant que possible, de toute sensation extérieure, il faut surtout vous interdire tout travail intellectuel ; car, si vous étiez seulement occupés à faire le calcul le plus simple, que deviendrait l’observation intérieure ? D’un autre ôté, après avoir, enfin à force de précautions, atteint cet état parfait de sommeil intellectuel, vous devez vous occuper à contempler les opérations qui s’exécuteront dans votre esprit lorsqu’il ne s’y passera plus rien ! Nos descendants verront sans doute de telles prétentions transportées un jour sur la scène."
 
Donc si connaissance de soi il y a, elle ne peut se donner que dans un mode du connaitre qui est différent de ce rapport sujet/ objet ; il faut aller au-delà de la dualité sujet /objet.
Il faut trouver un mode de connaissance plus intuitif, ou l'esprit coincide avec lui même.
C'est cette intuition, cet éveil qui se donne dans le retournement dont j'ai parlé. Le sujet doit rentrer en lui pour coincider avec lui-même.
Ce retournement est un saut, et un saut au-delà de la dualité sujet/objet, un saut dans le vide.

Suzuki écrivait : " C'est une vision (la vision de sa vraie nature) dans laquelle il n'y a plus de division entre un sujet et un objet. Sujet et Objet ont disparu et les limites entre eux ont disparu. Le logicien peut penser que cela est impossible, car il demeure dans ces limites et fait l'hypothèse qu'au-delà d'elles il n'y a rien. Ou alors, effrayé par le fait d'accomplir un pas de plus hors de ces limites, il essaye de rester au milieu d'elles. Pour le logicien, l'expérience du Kenshô n'arrivera jamais."

et Ramana Maharshi : "« Aussi longtemps qu’il y a un sujet et un objet, il ne s’agit que d’une connaissance relative. Le jnâna (la connaissance) se situe au-delà de la connaissance relative. Il est absolu. Le Soi est la source du sujet et de l’objet."

C'est cette vision que le logicien (et le philosophe ) ne comprend pas que je voudrais partager avec vous ce soir."

jlr


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