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Alexis JENNI : CONFERENCE

Par Geybuss

Alexis JENNI : CONFERENCE

Il y a quelques jours, ma présence à Bordeaux (pour raison médicale) m'a permis d'assister à la rencontre littéraire, dans le salon de la librairie Mollat, de l'auteur Alexis Jenni.

Alexis Jenni publie cette année, pour la rentrée, son premier roman : L'art Français de la guerre...

Un premier roman qui le mène directement sur la première liste du prix Goncourt. A suivre donc...
Je sais que "l'art français de la guerre" n'est pas un livre pour moi... Trop épais, relativement historique....

Mais ce qui me passionne avant tout, c''est l'homme qui devient auteur, qui parle de son livre et de son processus de création. Et ça, je ne résiste pas à l'envie de le partage avec vous...

L'homme apparaît décontracté, dégage un capital sympathie non négligeable et fait preuve d'une culture historique qui me cloue sur place, comme d'habitude. Je ne sais pas si mon admiration est infinie et inaltérable, en tous cas, je ne cesse de l'attribuer à bon escient, et j'en trouve toujours au fond de moi.

Alexis JENNI : CONFERENCE

Allez, compte rendu de cette rencontre !

Alexis Jenni est professeur de biologie au lycée. Comment un prof de science devient écrivain ???

AJ : "Je suis un grand maniaque très organisé dans une régularité qui finit par être productive. Cela fait une vingtaine d'années que j'essaie d'écrire quelque chose. Il y a 20 ans, en une matinée de libre, je n'arrivais à rien faire. Et maintenant, avec une discipline qui s'apprend, de 8h à 10 h, j'écris deux pages. J'écris vite et j'y pense tout le temps.

La littérature est ma passion profonde depuis toujours. Je ne suis pas prof de lettres car je ne suis pas technicien des lettres. Pour moi, la littérature se fait et se lit, mais je ne me vois pas l'enseigner."

Alexis Jenni a écrit d'autres choses avant, refusées partout," parce qu'elles étaient vraiment moins bien !" L'auteur était un peu désenchanté et a voulu écrire un livre pour lui, qui lui fasse plaisir, sans prêter attention à la contingence de la littérature contemporaine, mais avec un grand aspect romanesque.

Alexis Jenni souhaitait que son livre soit une aventure Française, genre trop souvent réservé à l'Amérique.

L'art français de la guerre...." Les histoires de ces époques (guerre d'Indochine, d'Algérie...) circulent toujours. Les gens qui l'ont vécu ou leurs descendants vivent toujours... Je voulais recoudre le temps, réparer le temps. Dans l'histoire de France, on ne sait pas bien raconter ces 50 dernières années. Il y avait donc un enjeu littéraire, impossible à faire, mais peu m'importait puisque ce livre ne pouvait pas marcher ! J'ai ramassé l'information là où elle se trouvait, chez les gens... je n'ai pas forcément écumé les bibliothèques..

Pourquoi un tel titre ?

AJ " L'art de la guerre est théorisé en France, on aurait inventé un art national, celui de l'échec.  Dans la violence sociale actuelle, c'est le même art qui est utilisé, celui de la force qui mène à l'échec, d'après le traité de Sun Tzu (l'art de la guerre) (lien wikipédia forcément très intéressant). La France aurait une passion romantique de l'échec.

Ce roman offre un regard sur la société occidentale d'aujourd'hui d'après le passé ainsi qu'un parcours militaire, dans deux histoires imbriquées, dans un jeu de miroir.

Comment écrit Alexis Jenni...

Au stylo plume puis sur ordinateur. "J'écris, j'accumule une matière, ça se structure au fur et à mesure, c'est une construction romanesque malgré l'usage de faits historiques. Parfois, l'exactitude historique a été un peu modifiée pour que la justesse humaine et romanesque fonctionne. Je suis très touché par l'amitié transgénérationnelle et par le fait de savoir ce qu'est une lignée d'hommes, ce que les hommes se racontent, sujet plutôt peu abordé par la littérature".

AJ : " Ce 'est pas forcément les gens qui ont vécu les choses qui la racontent le mieux. La littérature permet de raconter ce qui n'est pas là, ou de raconter l'histoire de gens qui ne peuvent pas ou ne savent pas la raconter de façon cohérente. La littérature,  c'est aussi raconter "pour" (à la place de) ceux qui ne peuvent pas raconter. Elle permet le saut impossible : raconter des choses que je n'ai pas vécues, des personnages que je n'ai pas connus".

Dans ce roman, il est aussi fortement question de dessin et de peinture...

AJ  : "J'aime beaucoup la peinture. J'en connais assez pour savoir ce que ce serait si je le faisais bien ! Le dessin sauve la vie et l'âme de mon personnage car le dessin, c'est aussi ne pas être là".

Ensuite, il a était question de guerres dysimétriques. Ce qui frappe l'auteur, c'est que les européens ont tous droit à leur mort individuelle quand dans les pays pauvres, le nombre de morts n'est même pas connu avec précision. C'est le fameux rapport 1 - 10. Dans "La chute du faucon noir", film de Ridley Scott qui a marqué Alexis Jenni, chaque mort américain a droit à 10 mn de plan de film, quand les décès ennemies sont groupés sous les tires d'une mitraillette qui dégommes tout.

Enfin, ce sont les mémoires du Général de Gaulle qui ont été évoquées. Pour Alexis Jenni, "il s'agit d'une leçon de stratégie littéraire talentueuse. De Gaulle est le plus grand menteur de tous les temps, comme un romancier. De Gaulle était un grand romancier, il a réussi à faire croire que la France faisait partie  des vainqueurs de la Guerre 39-45, il a réussi à ce que la France soit présente à Yalta alors qu'elle était occupée peu de temps avant...."

Ensuite, j'ai arrêté de prendre des notes. Pendant les dédicaces, j'ai traîné dans le coin pour poser quelques questions à Alexis Jenni. C'est ainsi que j'ai appris que ce roman avait été tout d'abord écrit au stylo plume avant d'être mis a propre sur ordi. Ce roman n'a été envoyé que chez Gallimard. Pourquoi Gallimard ? Parce ce que ce sont les meilleurs, dixit Alexis Jenni que je remercie pour  ce moment inoubliable et fort intéressant... d'où je suis sortie toute petite... J'ai suis vraiment nulle en histoire...


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