Magazine Cinéma

[Critique DVD] Je veux seulement que vous m’aimiez

Par Gicquel

Quand la bobine a débarqué dans mon cinéma préféré, je me suis frotté les yeux. Je ne suis pas un « fassbinderien » acharné, mais dans l’ensemble, j’aime beaucoup l’œuvre du cinéaste allemand, et voir ce film inconnu à mon bataillon personnel, m’a fait un choc. Renseignement pris, la lacune a des excuses : réalisé en 1976, il ne fut à l’époque diffusé que sur la télévision ouest-allemande.
C’est la première fois que les écrans français projettent ce petit bijou qui a fait l’objet d’une restauration particulière sur un nouveau master HD, obtenu à partir du négatif original 16 mm.
Le titre,très explicite ,totalement inscrit dans le récit s’applique au pauvre et malheureux Peter qui en prison, raconte ses déboires à une psychologue. C’est un garçon gentil et très serviable envers ses parents qui le lui rendent si peu. Marié, très attentionné, il couvre de cadeaux son épouse, malgré les difficultés financières grandissantes du foyer.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Mais Peter offre surtout des fleurs, à tout le monde et à force, je l’ai trouvé , fgauche, maladroit,nigaud..C’est injuste de ma part car notre héros ne fait que faire parler son cœur, sans attente particulière, sinon celle d’un retour d’affection. Des héros comme ça, on n’en voit plus au cinéma et il est étonnant de constater que trente ans après Rainer Werner Fassbinder ressuscite la tragédie humaine dans le filon du cinéma réaliste.
La couleur ici adoucit peut-être les contours miséreux de son univers mais la mise en scène, distanciée, d’une froideur implacable au cœur de la cellule parentale, appuie toujours là où ça fait mal. Et paradoxalement toujours avec cette sensibilité à fleur de peau, cette gentillesse dans le regard du cinéaste, Purge s’enfonce un peu plus vers sa déchéance.

[Critique DVD]  Je veux seulement que vous m’aimiez
On a envie de le secouer, de le réveiller de cette torpeur ambiante qu’un climat social délétère (travaillez plus, déjà…) alourdit sans état d’âme. Il y a un climat, une ambiance que l’interprétation magistrale de Vitus Zeplichal, surligne sans excès. Mais avec la même simplicité que Fassbinder quand il sonde les âmes en découvrant les vrais visages. Le cinéaste joue beaucoup avec les miroirs et le fait très bien. L’effet esthétique est payant, mais c’est surtout ce que raconte cette image reflétée qui donne un sens à sa mise en scène, une vérité à tous ses personnages. Trente ans, que l’on nous cachait ça !

LE SUPPLEMENT

  • De l’amour et des contraintes : suppositions sur «  Je veux seulement que vous m’aimiez » de Robert Fischer (60 mn)

Ce documentaire inédit permet de revoir le film sous un angle plus analytique, tout en dressant un portrait en creux du réalisateur.Quelques scènes de tournage, sur le chantier principalement, animent cette découverte d’un artiste hors pair, au caractère peu commode de l’avis de tous, surtout quand on lui changeait sa caméra de place.

«  C’est mon film, et celui de personne d’autres » s’énervait-il alors.

[Critique DVD]  Je veux seulement que vous m’aimiez

Dans ses nombreux souvenirs du tournage, le caméraman Michael Balhaus,  rappelle que « la plupart des idées et la composition des images, venaient de lui. Mon travail était de produire ces images, et parfois c’était difficile », dit-il, corroborant l’avis de nombreux techniciens et comédiens. «La caméra n’était jamais placée au hasard, c’était toujours cohérent« .

Ce documentaire permet aussi de faire plus amples connaissances avec les acteurs  dont Vitus Zeplichal (Peter) qui explique dans le détail son parcours en compagnie de Fassbinder.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Gicquel 940 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog

Magazines