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Paris retrouvé - 10. - exposition "visions d'égypte" à la bnf : calquer

Publié le 20 septembre 2011 par Rl1948

 

   Venant de ce que, faute de dénomination officielle, j'ai appelé l'avant-salle, il est grand temps de maintenant pénétrer dans la superbe galerie proprement dite où nous accueillent, au-dessus de la porte que nous venons de franchir, le buste de l'architecte du lieu, François Mansart et, au plafond, un imposant "M" sculpté, initiale de son nom.  

Buste de Mansart

   Avec ce plan tentant de scénographier l'exposition dédiée à Emile Prisse d'Avennes qu'à votre intention j'ai rapidement griffonné, vous pourrez, me semble-t-il, mieux visualiser mes propos de ce matin et de nos prochains rendez-vous.

    

   Matériellement, le lieu se présente avec deux couloirs centraux ouverts, tout de bleu égyptien vêtus, à l'image des panneaux muraux derrière lesquels ont disparu murs et fenêtres.

   Mais il faut en fait comprendre que l'espace de l'exposition a été intellectuellement subdivisé en cinq sections correspondant aux différentes techniques choisies par Emile Prisse d'Avennes pour conserver, de la manière la plus exacte possible, traces tangibles de ses deux séjours en terre égyptienne. 

   Ce sera donc sous l'éclairage de ces cinq faisceaux distincts que je vous proposerai d'ici déambuler. Et  le premier d'entre eux, celui qui ouvre l'exposition, le premier des procédés qu'il utilisa, celui peut-être qui eut sa préférence - n'écrit-il pas, souvenez-vous, à son ami Félix Caignart de Saulcy qu'il rapporte 300 dessins parmi lesquels il y a des calques coloriés de 7 à 8 mètres de longueur ? -, celui donc qui servira de fil conducteur à notre visite de ce matin, c'est calquer.

     Parfois monochromes - tracés au charbon ou à l'aquarelle noire -, souvent  partiellement polychromes, volontiers annotés de sa main, réalisés la plupart du temps dans des conditions extrêmement drastiques - je songe entre autres à la seule lueur d'une bougie à l'intérieur des tombeaux -, ces relevés exécutés à même la paroi des hypogées et des temples qu'il visite avec un de ses compagnons de voyage, un vague parent hollandais, Willem de Famars Testas, ont, s'ils sont de petite dimension, le papier en guise de support et, pour ceux d'une longueur plus importante, une sorte de toile cirée translucide exportée de Grande-Bretagne.

     Abondamment, petits ou grands, ces calques sont ici exposés sur les murs de part et d'autre de l'entrée, avant le premier espace central. 

     Ainsi, à gauche, admirons notamment une aquarelle sur papier calque de 2, 12 mètres de hauteur :

Expo-BnF---Femme-portant-des-offrandes--Photo-Etienne-.JPG

il s'agit d'une jeune femme très élégamment vêtue de lin fin tenant dans sa main droite deux symboles érotiques bien connus : un canard et une fleur de lotus. Prisse a réalisé ce relevé qu'il a ensuite coloré en 1860 dans la tombe (TT 65) de Nebamon à Gournah, qu'un certain Imiséba avait usurpée à l'époque de Ramsès IX.

(Fonds PA, NAF 20447-29)          

(Catalogue d'exposition : illustration 4, p. 31)   

   Ou, ce dessin au crayon puis aquarellé d'un bouquet de papyrus offert par un autre Nebamon (TT 90) au roi Thoutmosis IV.

Expo-BnF---Bouquet-de-papyrus--Photo-Etienne-.JPG

(Fonds PA, 23-XVII-4, f. 9)

(Catalogue d'exposition : illustration 8, p. 33)   

   Ou encore cette joueuse de mandore, calquée dans la tombe (TT 93) de Kenamon, également à Gournah.

Expo-BnF---Joueuse-de-mandore--Photo-Etienne-.JPG

   D'autres oeuvres à la suite de celles-ci prouvent à l'envi, si besoin en était encore, l'insatiable quête du détail précis menée par Emile Prisse d'Avennes dans les calques qu'il effectue et auxquels, souvent, il ajoute des touches d'aquarelle avec grand talent, que ce soit celui d'un prêtre dans la tombe (TT 65) d'Imiseba, du groupe des pleureuses relevé dans la tombe (TT 78) du scribe royal Horemheb, sous le règne de Thoutmosis IV, ou le portrait de Tyti, épouse de Ramsès III, inhumée dans la tombe (TT 52) de la Vallée des Reines ... 

   Leur faisant face, sur le mur de droite donc, des calques encore, réhaussés à l'aquarelle nous donnent à voir différentes scènes provenant de l'hypogée (TT 100) de Rekhmirê, vizir à la fin du règne de Thoutmosis III et  au tout début de celui d'Amenhotep II, soit environ 1470 à 1445 avant notre ère.

   Sont notamment proposés son jardin, des musiciennes et différentes activités artisanales dans les ateliers du temple d'Amon à Karnak dont Rekhmirê assumait également la direction ; ainsi ces menuisiers.

Expo BnF - Tombe Rekhmirê - Artisans au travail (Photo Et

   (Grand merci à Etienne pour m'avoir amicalement offert les quatre clichés ci-dessus)

   C'est derechef de calques et de scènes de la chapelle funéraire de la tombe de Rekhmirê qu'il s'agit dans le premier espace central dans lequel nous nous engageons à présent.

   Sur notre gauche en entrant, un petit écran vidéo montre la reconstitution d'une opération de métallurgie semblable à celle de l'atelier du temple de Karnak représentée sous le registre des artisans du bois que nous venons de voir, dans la partie est du mur sud du long couloir de l'hypogée thébain : 

Expo BnF - Tombe de Rekhmirê - Atelier de métallurgie

au centre de la composition, les fondeurs actionnent avec leurs pieds les soufflets qui activent les flammes d'un four ouvert, tandis qu'en dessous, deux hommes versent le cuivre en fusion dans un moule à l'aide de tiges végétales qui leur permettent de manier  les creusets incandescents sans prendre trop de risques.

   Le même petit documentaire concernant la métallurgie est projeté à l'autre extrémité de cette enclave intérieure.

   Une autre vidéo restitue les peintures murales de l'hypogée de Rekhmirê : les prises de vue  ont été réalisées par l'égyptologue français Pierre Tallet. Ce petit film permet de voir in situ les différents registres pariétaux copiés par Emile Prisse d'Avennes sur les grands calques exposés de part et d'autre : ainsi celui de la fonte du métal mesure-t-il 260 centimètres de long pour 69 de large.

(Fonds PA, NAF 2044-10)

(Catalogue : illustration 2, p. 30)

     En accompagnement sonore, le jeune acteur français Thibaut Corrion lit des extraits de la traduction de l'autobiographie de Rekhmirê peinte dans la tombe, ainsi que celle des textes hiéroglyphiques accompagnant certaines scènes.

     C'est au sortir de ce premier couloir central, mais en revenant quelque peu sur nos pas pour nous intéresser aux panneaux muraux élevés contre les murs de la Galerie Mansart, que nous aborderons, le 24 septembre prochain, la deuxième section de l'exposition, consacrée quant à elle au dessin et à la peinture.

   Et à partir de ce moment, vous constaterez qu'une distinction majeure entre la partie gauche et la droite de la salle a été voulue par les concepteurs. Si toutefois, amis lecteurs, vous désirez poursuivre cette visite virtuelle en ma compagnie ...


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