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Marc Desgrandchamps, les ruines de la mémoire

Publié le 05 septembre 2011 par Gabrielsiven
Marc Desgrandchamps, les ruines de la mémoire

Les motifs sur la toile se rencontrent, se superposent parfois dans leurs jus translucides, souvenirs clignotants d’un moment vécu, d’une photographie, d’un instant d’un film. Depuis une vingtaine d’années, les paysages de Marc Desgrandchamps sont devenus mnémoniques.

A l’inverse de la peinture du XVe siècle et suivants, ce ne sont plus les collines vaporeuses de Toscane ou les paysages idéaux des lointains qui sont voilés de brume, mais les premiers plans, où les personnages semblent estompés déjà par le passage de la mer si souvent présente sur les toiles, le ressac effaçant les visages et les corps aussi rapidement que des dessins tracés sur le sable.

Marc Desgrandchamps, les ruines de la mémoire
Sur certaines œuvres les personnages, en plus d’être translucides, n’apparaissent qu’à demi, leurs corps sont interrompus par des lacunes qui prennent parfois le dessus. La présence humaine se réduit alors à des traces qui achèvent de se dissoudre dans le paysage.

A la différence des vanités du XVIIe siècle qui, tout en clamant le caractère éphémère des choses, charmaient les sens – l’aspect duveteux de la pêche, le croquant de la gaufrette, le reflet froid de l’étain – l’aspect évanescent des figures et des objets des toiles de Marc Desgrandchamps suggère qu’ils ne sont déjà plus là, qu’ils ont déjà passé.

Marc Desgrandchamps, les ruines de la mémoire
Et pourtant, malgré l’aspect fantomatique des objets et des personnages qui rappelle des photos spirites, sensées apporter la preuve matérielle de l’existence des fantômes, ils sont le souvenir de moments qui ont existé avec force. Tel instant du film a été tourné, l’actrice a réellement eut ce geste, cette photographie a véritablement impressionné la pellicule.

Marc Desgrandchamps, les ruines de la mémoire
Les souvenirs jaillissent sous forme de palimpseste, dans une composition plus symbolique que narrative, comme ces chevaux qui s’entrelacent pour former par leurs corps une constellation. Passants, baigneurs, danseurs, figures qui ont retenu l’œil au hasard des films acquièrent un nouveau sens, par delà l’écoulement du temps.

L'expo au musée d'art moderne de la ville de Paris est malheureusement terminée, mais il y a fort à parier que l'on retrouve très vite Marc Desgrandchamps pour une nouvelle expo, en France ou à l'étranger.

Repro glanées sur le net, "sans titre".

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