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La France de la Môme

Par Brigitte Contois
Je suis très contente pour Marion Cotillard car je pense que vu le scénario morbide, noir à souhait de la vie de Piaf dans la Môme, il fallait vraiment en vouloir pour mener ce rôle à bout. En tant qu’actrice, elle méritait une récompense que ce soit l’oscar, césar et autre bibelots d’étagères. Désolée mais ce n’est pas évident de les détourner de leur but premier. D’un autre côté, cela ne m’étonne guère que les States mettent un trophée sur un film remettant la France à une image qu’ils pensent être identique. Hélas oui, à part les dernières frasques de Sarkozy qui font de nous un pays capable de mettre Britney Spears comme président, l’image que les Américains veulent garder de la France se résume à Paris, Montmartre, Versailles, Révolution, vin, fromage, cuisine, accordéon, parfum et luxe. En gros, la Môme reprend la figure de proue de la galère historique du 20eme siècle entre guerres, alcoolisme, valeur du terroir et accordéon, bref tout ce qu’ils adorent. Arrêtons de nous leurrer, que ce soit au fond du Wisconsin ou de l’Alabama, ils pensent encore qu’on prend le cheval pour emmener les enfants à l’école (d’accord, j’exagère, la deudeuche alors). Presque tous le pensent, nous sommes sauvés par ceux qui aiment la France avec sa culture ou qui ont vu qu’on était aussi pourri qu’eux entre MacDonalds et pollution. La France ne colle pas avec Tektonik, design futuriste, haute-technologie, cuisine macrobiotique et recherche scientifique (trop de grèves au CNRS…). Enfin même si on est dedans, on ne veut pas voir la France comme ça. Il faut retourner au bas de laine et au saucisson. Alors que faire pour que la France gagne un retour sur investissement sur l’effet mode de la môme ? L’effet mode du sarko show ne nous apportera hélas rien d’autre qu’une honte internationale pour les 10 prochaines années. Proposons de relancer la mode Piaf robe noire et années 50, peut-être, mais les touristes voudront voir le monde Piaf. Difficile de mettre un golf à Montmartre même s’il y a encore quelques pieds de vignes, des pavés et des vieux marronniers. Créer un pro-am Piaf peut-être ou donner le nom à un parcours comme le golf de la Môme, mettre du Piaf, Cerdan, Aznavour, Salvador, Clo-clo en continu dans les club-houses ? Franchement, ce sera difficile de replonger  notre société 40 ans en arrière (même si entre nous un mai 2008 ferait peut-être grincer les dents à notre glam-glam de prez). Sans vouloir faire la pub pour mon asso APGF, peut-être de remettre une déco vintage, bois mur et bois plafond, nappe vichy, petit litron sur le zinc et pub pastis 51 sur le mur feraient tomber nos touristes en pamoison. Le golf est un bon vecteur pour amener l’américain à tester nos derniers vins, notre nouvelle cuisine, nos parcours (que je voudrais largement meilleur pour qu’ils ne croient pas qu’ils sont tombés dans l’Europe de l’Est) et écouter nos radios avec musique internationale en espérant que la Bruni ne reprenne pas Piaf (j’ose pas imaginer un « je ne regrette rien » sur un « quelqu’un m’a dit »). Alors pour conclure, si les golfs ont envie de gonfler leur chiffre, miser sur l’esprit « Vieille France » en espérant secrètement qu’en mai les étudiants descendent dans la rue pour dire « Casse-toi, pov’con » à la « glamlit ». Cela nous ferait de la pub à l’international et préserverait notre image d’éternels adolescents entre grèves, saucisson et la vie en rose.

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