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Disparitions

Par Inisfree
Sans vouloir tomber dans la nécrologie systématique, il y a eu trois disparitions récentes qui m'ont touchées (et une quatrième sur laquelle je reviendrais qui m'a donné à réfléchir).

La première vient de tomber, c'est le décès de Robert Altman. Grande carrière, grand bonhomme, grand style, le sens d'un mouvement large englobant de nombreux personnages, le goût des histoires chorales et le désir de relever des défis techniques purement cinématographiques comme avec le fameux plan-séquence de Short cuts. Je connais finalement mal sa première partie de carrière et si un titre me vient spontanément à l'esprit, c'est Un mariage. Altman était une voix singulière et de plus en plus rare dans le cinéma américain d'aujourd'hui. Elle vient de se taire et il reste les films.

J'adorais Jack Palance. Le psychopathe atteint de la peste noire dans Panic in the streets (Panique dans la rue d'Elia Kazan) m'avait marqué quand j'étais petit. Il y eu bien sûr Palance chez Aldrich, Palance en archétype du tueur de western avec ses gants noirs dans Shane (L'homme des vallées perdues de Georges Stevens), Palance en gueule de superproductions historiques (les Mongols, Austerlitz, Barabbas...), Palance, plus tard encore, chez Godard dans Le mépris. Mais j'ai regretté que dans les divers articles qui lui ont été consacré, on ait un peu oublié le Jack Palance du cinéma plus populaire, celui qui joua chez Sergio Corbucci deux méchants gratinés, Curly dans Le mercenaire en 1968, qui mourrait au centre d'une arène, regardant le sang rouge s'écouler de son oeillet blanc à la boutonnière, près du coeur. Et John main-de-bois, l'homme au faucon de Companeros ! En 1970 qui ne séparait jamais de l'animal qui lui avait sauvé la vie en lui mangeant la main. Il y a eu aussi le Jack Palance du cinéma fantastique, incarnant un étonnant Dracula pour la télévision en 1973, jouant dans l'injustement oublié Welcome to Blood City (Peter Sasdy en 1977) ou encore cabotinant dans le réjouissant Alone in the dark de Jack Sholder en 1982 aux côtés de Martin Landau et Donald Pleasence. Là encore une longue et belle carrière (une centaine de films), pas forcément homogène mais qui ne saurait se limiter à quelques figures reconnues.

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Le 8 novembre disparaissait plus discrètement encore Basil Poledouris, compositeur pour le cinéma. Pour ceux qui se sont passés et repassé les musiques de Conan (John Milius en 1982) ou Flesh + blood (La chair et le sang de Paul Verhoeven en 1985), c'est une triste nouvelle d'autant qu'il avait tout juste 61 ans. Sa carrière restera marquée par ses collaborations suivies avec Milius et Verhoeven, pour lesquels il aura su faire ressortir le caractère épique de leurs univers tout en laissant passer un supplément d'émotion et d'humanité bienvenu. Il n'est que de se souvenir des accents du Love thème de la saga médiévale de Verhoeven ou du morceau qui accompagne la mort de la mère de Conan enfant pour comprendre l'apport essentiel ce créateur qui n'aura pas toujours pu donner le maximum de son talent. Je vais me remettre du Poledouris sur ma platine.


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