Magazine Culture

Notes sur le Vieil homme esclave et le molosse au Théâtre Milhaud

Par Gangoueus @lareus

Invité pour la première de l’adaptation au théâtre de L'esclave vieil homme et le molosse, j’arrivais avec plein de présupposés liés à la lecture que j’ai eu de ce roman de Patrick Chamoiseau. Je ne sais pas si c’est le cas pour vous, mais aller voir une pièce de théâtre ou un film d’un ouvrage déjà lu me stimule dans le sens où j’ai le sentiment de mettre en branle l’interaction des regards que je tente tant bien que mal de mettre en scène sur ce blog.
Notes sur le Vieil homme esclave et le molosse au Théâtre MilhaudOui, le metteur en scène a beaucoup plus transpiré que moi sur la lecture d’un texte qu’il doit adapter en fonction du public, de la personnalité de ses comédiens, de la mise en scène, rendre accessible la langue de l’auteur. Le lecteur que je suis ne peut pas se mettre au même niveau l’homme de théâtre, que le cinéaste, ce serait prétentieux. Par contre, il peut analyser les partis pris de celui qui adapte, sa fidélité au texte ou au contraire la primauté de son discours, de sa lecture sur le propos même de l’auteur. Bref, je me dois de vous parler de cette première après tant de bavardage sur ma posture de lecteur spectateur.
Le théâtre Darius Milhaud est un petit théâtre près de la porte Chaumont dans le 19ème arrondissement de Paris. Il y a du public. Le comédien, Alain Azerot,  est près de nous, grand, imposant, la barbe grise, le cheveu court grisonnant. Sa stature est en adéquation avec l’idée de l'esclave vieil homme. Sur le côté, Norbert Nobour,  percussionniste, rythme la lecture de ce texte. Car, il s’agit d’une lecture. J’ai d’abord trouvé cela surprenant et pour être honnête, j’ai pensé à un problème de préparation. Puis au fil de la pièce, après la description de la plantation dans laquelle cet esclave vieil homme apparemment soumis à sa condition, en écoutant le texte rendu accessible se démarquant un poil des tournures créoles récurrentes du texte initial et portant mieux la poésie de Chamoiseau, la pièce prend une tout autre dimension. Alain Azerot, remarquable conteur rentre dans la peau du divaguant qui fuit vers la liberté traquée par un molosse immonde. Je dois dire que le jeu est hypnotisant et on se surprend à intégrer la réalité de cette âme traquée par la bestialité d’un système. Peu importe l’issue de ce combat terrible contre la bête, contre les éléments, le comédien, par son jeu dont il sort épuisé, complètement trempé de sueur alors qu’il est resté assis toute la pièce durant, mais la gestuelle, le regard, l’intensité du jeu font que ceux qui au départ étaient avachis dans leurs sièges, se redressent comme rappelés par le souvenir d’une humanité blessée et oubliée.
Et le rendu du texte de Chamoiseau… Que dire ? Allez l'entendre cette voix, cette langue adaptée, je vous le recommande.
Cette adaptation vaut le détour. Elle est jouée jusqu’à la fin de l’année.
L'esclave vieil homme et le molosse, adapté du roman de Patrick Chamoiseaupar Florence Gaillard et Gislaine Riphose, avec l'interprétation du narrateur et de l'esclave vieil homme par Alain Azerot, composition et accompagnement musical par le percussionniste Norbert Nobour, mise en scène de Florence Gaillard (Compagnie Chaines Brisées). Voir la programmation de la pièce sur le site du théâtre.

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Gangoueus 8178 partages Voir son profil
Voir son blog

Dossier Paperblog

Magazines