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Mo Yan : Le chantier

Par Gangoueus @lareus


On est en Chine populaire, en province du côté de Masang pour ceux qui connaissent bien ce pays. Un chantier routier est en cours. Il dure. Les ouvriers n’en voient pas l’issue et ils sont condamnés à se supporter les uns les autres dans des conditions de logement précaires et particulièrement insalubres.Mo Yan
source photo - A gentle concession International Book Fair of TorinoSalone Internazionale del Libro

Yang Liujiu gère cette petite troupe d’hommes en l’absence du commandant Guo. Au loin, la ville de Masang où nombre d’habitants perçoivent ces travailleurs comme des étrangers, pire des voleurs… On note également les personnalités de Sun Ba voleur de chiens, Liu Shu déterreur de trésors, Liu le cuisinier bossu et nostalgique, obsédé par la famille qu'il a perdu dix années plutôt pour ne citer quelques membres atypiques de ces travailleurs fourbus aux histoires personnelles si différentes…
Car la démarche de Mo Yan est bien celle-là. Partir d’une situation extrême et zoomer sur la vie, sur l’itinéraire des différents acteurs de cette comédie humaine puisque c’est sur ce ton que le romancier chinois a décidé d’orchestrer sa symphonie : le rire gras et la truculence. Le chantier est un grand rire de l’auteur qui dévoile en fait, quand l’écho s’est tu, la profonde tristesse, sinon la détresse des personnages, leurs questionnements plus que leurs certitudes s’étalant sous nos yeux. Cette Chine qui bosse dure et qui écrase ces chinois en usant de la propagande maoïste à une époque qui l'on peut identifier comme étant la Révolution culturelle. A noter que ce roman a été publié en Chine en 1989. J’ai noté ce détail en me demandant si l’ancien militaire devenu romancier a fait de la prison pour ce type de texte extrêmement corrosif, l’air de rien.
Mo Yan : Le chantier
Le texte se lit très rapidement, on rit souvent, on réfléchit parfois, sinon beaucoup, certains seront scandalisés par certaines scènes, et maudiront peut-être l’écrivain un poil sadique, mais ils n’oublierons pas, je l'espère, qu’il est avant tout le témoin affectueux d’une époque de son pays.
Je tiens à remercier mon aîné Kangni Alem qui m’a fait découvrir cet auteur. C’est mon premier roman chinois, un peu confus de le dire, mais pas le dernier. De toute façon, les chinois ne nous laissent pas le choix, nouveaux envahisseurs, il va falloir en savoir plus sur eux.
Mo Yan, Le chantier
Titre original : Zhulu, 1ère parution en chinois en 1988, aux éditions Zuojia Chubanshe, Pékin
Editions du Seuil en 2007, 214 pages
Traduction du chinois par Chantal Chen-Andro


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