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#60 The artist / Les artistes.

Par Victoireroset @victoireroset

Comme le blog est (je l’espère) encore un espace d’expression libre, j’ai décidé aujourd’hui de laisser un peu de mon territoire à Manu, qui nous a écrit un joli billet concernant le film primé à Cannes : The Artist, avec Jean Dujardin et Bérénice Béjo. Je me tais, place à l’artiste.

#60 The artist / Les artistes.

© Warner Bros. France

Les artistes….au pluriel.
Mettre des mots sur un film muet, vous conviendrez que c’est un peu antinomique.
La tâche n’est pas facile, encore moins aujourd’hui où ce genre de film n’a plus sa place dans le paysage cinématographique français (ailleurs aussi peut-être, je vous avouerais que je n’en sais rien).
Afin d’être le plus objectif possible, et vierge de toute influence quelle qu’elle soit, je n’ai lu aucune critique, surtout celles des journalistes à mon goût trop pompeuse, trop intellectuelle, et ne voulant rien dire au final (mais c’est un autre débat). Je ne suis pas un critique pointu non plus, je partage simplement une vision d’un genre cinématographique qu’il ne nous ait pas souvent proposé.
Alors pari gagné ?
Je pourrais simplement vous dire qu’il n’y a rien à dire mais tout à voir ! Allez voir le film, point final.
Ce serait bien trop simple et un manque total d’engagement de ma part.
Je dois vous dire que n’ayant pas vu de film muet depuis bien bien longtemps, j’ai été transporté de bout en bout. (J’ai vu quelques Chaplin tout au plus quand j’étais petit, mais « The artist » n’a rien à voir stylistiquement parlant).
La performance des acteurs, entendez par là non seulement celle de Jean Dujardin et de la sublime Bérénice Béjot mais aussi celle du chien (qui fait grandement sourire, je ne vous en dis pas plus) est magnifique. J’ai redécouvert ce qui se cache derrière la fameuse « performance d’acteurs ».
Laissez vos préjugés au pas de la porte, oubliez les pop corn aussi (faites pas l’étourdi comme moi, j’ai dû tout manger avant ) mettez vos esgourdes en éveil, ou presque, et portez votre regard avec attention. La salle est silencieuse, très silencieuse, ce qui est en soi aussi une performance. Quel plaisir….pour les oreilles. Ca tombe bien il n’y a rien à écouter à part le silence.
Le début peut paraître déroutant, de prime abord, mais seulement le début. On est vit embarqué par la musique très juste, indispensable au scénario, par la reconstitution des décors, la gestuelle, les expressions des acteurs, oui et j’insiste sur le mot « expressions », car bien souvent une expression, comme une image, vaut mille mots : c’est ici la base fondamentale d’un bon jeu d’acteur.
Dans ce monde submergé de bruit, qui devient une quête perpétuelle pour beaucoup, vous voilà face à l’essentiel : l’être.
On se prend à rire, à sourire, à devancer même les mots qui pourraient être prononcés, on se prend au jeu, on s’implique, on se projette, on se retrouve dans la joie de l’un, dans la tristesse de l’autre, dans la réussite et l’échec d’une carrière, on ressent les égos de chacun face à la réalité qui les rattrape, face aux difficultés, face à eux-mêmes. Les sentiments ne sont pas cachés, ils sont le reflet de leur âme. Je dois vous avouer que j’ai versé une petite larme à un certain moment, faut dire que je suis un peu émotif aussi, mais c’est pour vous montrer que ce film arrive même à toucher notre sensibilité. On peut ainsi affirmer que le genre muet est donc un langage universel. Point de VF, ni de VO, mais de la VM, et oui pourquoi pas ?
Du point de vue technique, je n’ai aucune critique à faire, c’est bien maitrisé (pour l’amateur que je suis). Chercher une quelconque faute serait bien maladroit je pense étant donné la réussite du film.
Peut-on lui reprocher une certaine longueur due à notre forte attention durant tout le long, peut être… c’est à chacun d’apprécier.
La fin est à la hauteur de tout le reste et vous réserve un bon moment. Personnellement j’ai eu des fourmis dans les jambes après la séance, là encore je ne vous en dis pas plus.
Puis place au générique de fin dans le ton du cinéma muet. Mais le film ne s’arrête pas là !
Comment ça ?
Et bien pour moi un bon film se mesure aussi à l’effet qui le suit. Lorsque je sors de la salle je suis rempli d’images, de joie pour ce bon moment de bonheur partagé. Mais la réalité me rattrape : le bruit.
Quel choc lorsque j’ai fais face à ce brouhaha ambiant qui nous environne. Là vous en mesurez les effets. C’est presque assourdissant quand vous vous êtes coupé du monde ne serait-ce qu’une heure et demi. Je ne fais pas d’emphase, c’est bien ce que j’ai ressenti (peut-être dû au fait que j’ai regardé ce film tout seul).
Alors faut-il en tirer une leçon ? Bien sûr, même plusieurs, mais je ne vous ferais pas la leçon.
Je vous soumets juste celles que j’ai retenues, à savoir :
- prendre du recul quand il le faut et nombreux sont les moments ou nous manquons tous ne discernement lorsque l’on part au quart de tour pour un oui pour un non.
- laisser parler vos émotions, vivez ce que vous dites, ce que vous faites, ne vous retenez pas. Vous n’arrivez pas exprimer les choses. Peu importe, faites les ressentir. Dire un « je t’aime » sans l’accompagner d’un geste, d’une expression corporelle n’est pas une preuve d’amour.
- consacrez vous des moments de calme. Un excellent moyen de faire le vide, une petite mise à la retraite qui ressource l’esprit (profitez-en la prochaine est à 67 ans).
Un dernier petit… grand mot, pour remercier Victoire, qui m’a gentiment proposé de faire cet article. A vrai dire c’est mon tout premier, j’espère qu’il est à la hauteur, si ce n’est pas le cas, j’espère que ne m’en tiendrez pas rigueur. J’aurais d’autres occasions de « briller en société ».
Encore merci à toi Vic, j’ai vraiment apprécié pouvoir poser ma plume.
Courrez voir ce film, les yeux fermés… enfin ouvert c’est mieux

;)
Dépensez utile comme on dit, et célébrons ce cinéma en trinquant. Champagne !!!

Manu.



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