Les Adoptés de Mélanie Laurent

[AVANT-PREMIERE]
Mélanie Laurent, elle est partout. Elle chante, écrit, joue la comédie, fait un détour par Cannes… et pond aujourd’hui son premier long métrage. S’est-elle perdue entre ses multiples casquettes, à trop vouloir en faire, à tout vouloir étreindre ? Pas vraiment. Son bébé, Les Adoptés, est un joli film. Mignon tout plein. Comme elle. Impersonnel au possible. Aussi. Son histoire de sœurs (l’une- qu’elle incarne- élève seule son gamin, l’autre- Marie Denarnaud- sombre dans le coma, terrassée en pleine fougue amoureuse) est la preuve qu’elle aime le cinéma. La réalisatrice insuffle tout son passé d’actrice à chaque plan : du Mike Mills par-ci, du Jennifer Devoldere par-là, le ton se veut léger, drôle, avec suffisamment de tragique pour faire chialer dans les chaumières. Façon Les Ptits Mouchoirs. Et c’est là, que le bât blesse. Sur le papier (Mélanie Laurent signe aussi le scénar’), du noir, du triste, du réalisme. A l’écran : un film de princesse, gentil, inoffensif. Une œuvre-guimauve de (et pour) midinette.
C’est clair que si elle utilise les nombreuses références qui l’ont construite et menée jusqu’ici, la cinéaste oublie d’y trouver sa patte, son ton, sa couleur. Son film offre de belles choses (niveau lumière, cadrage, interprétation- on pense à Clémentine Célarié tout particulièrement, qui joue la mère des deux filles), mais ne les (ré)invente jamais. Son ciné, Mélanie elle l’a piqué ailleurs, recraché comme tel, un peu tiraillée entre envie d’émouvoir, et désir d’épater. In fine, ne reste que l’emballage : des plans visuellement agréables, mais chichement chargés de sens. Au mieux inutiles, au pire prétextes (pourquoi diviser le film en trois parties distinctes (Marine/Lisa/Alex) notamment, pour finalement zapper tout point de vue ?), ses effets de style frappent l’œil, mais pas le cœur- et se trouvent tous chez d’autres, en mieux. Dès lors, tout y paraît factice : larmes de crocodiles, enrobage en carton pâte.

Sortie en salles : le 23 novembre 2011.