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Dépasser les stéréotypes.Hawad, Faris, El Ansari

Publié le 05 octobre 2011 par Yasida

Détournement d'horizon

Avant de tourner le dos à l’espoir
et d’enfourcher les étriers du vertige,
j’entendais parler
des fraternité et solidarité
de femmes et d’ hommes,
prêts à offrir leurs dents
pour mordre le rouleau compresseur,
à Paris, Londres, Berlin.

Hawad


tifinagh

tifinagh

FARIS

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L'assouf ' n ' Ténéré
(... ) je ne cherche pas à écrire forcément des chansons engagées. Ce sont surtout des messages de conscience individuelle, d'évaluer si ce qu'on fait correspond à nos propres valeurs de vie. C'est important que chacun prenne des décisions comme individu et qu'il se demande si ce qu'il fait est juste, ou si quelqu'un est en train d'essayer de le manipuler. C'est la compréhension des événements qui nous concernent directement ou indirectement, et la curiosité pour le monde, qui font l'homme libre.

Il y a aussi le message de la culture. Je parle de notre culture tamasheq, mais aussi de la capacité à lire des livres en français ou en anglais par exemple, les deux choses peuvent aller ensemble ! Et enfin, des messages pour la sauvegarde de notre patrimoine et de nos traditions, pour ne pas devenir des Touaregs de carte postale, qui parlent en arabe et ne sont plus capables de s'orienter dans leur désert. Il faut rompre avec cette image exotique et, si c'est nécessaire, qu'on réapprenne cette culture.

Propos recueillis par Sedryk
Intégralité de l'interview

Faris

POURQUOI ?


Rien ne peut m'enlever

La mauvaise humeur des prisons

L'écho du chagrin métallique

La déprime des menottes

L'énervement des chevilles sous verrous

Contraintes jour après jour

De danser la danse des petits sauts

Jour - après - jour - après - jour

De respirer

Les gaz soporifiques excréments

Des ordures que moi-même je produits sur place

Fourmi aveuglée sédentarisée aplatie

Plante-fantôme de l'Ahaggar

Ombre solitaire de moi-même

Tronc égorgé

Je pleure ma résine noire

Guépard vagabond qui tourne la tête sans cesse

A la recherche des Siens

Et me trouve traîné, déplacé

Tatouage accroché à une ville

Aux marges du monde

Puisque tu ne peux pas bouger

Pars

En commençant par ton regard

Augmente-le

Élargis-le

Avant

Ce regard pouvait même fixer le soleil

L'engloutir

Et roter des étoiles

Météorites de courage

Pour les familles

L'ultime colonisation

Est-ce celle de l'imaginaire

De l'œil désobéissant

Qui se refuse même de t'indiquer

La route de ta salvation

Oh Sahara

Montre-nous le jour de l'asphyxie

Le jour où nous avons accepté

Cette humanité-larve

Nous avons accepté ses lois comme les nôtres

Nous avons laissé entrer les trafiquants d'illusions

Dans les profondeurs de nos esprits

Le libre commerce des destructeurs

Aux mille langues

Nous avons cru que ce mirage artificiel

Urine de vache sucrée embouteillé

Pouvait mieux faire grandir nos enfants.


Pourquoi ?

Pourquoi cette acceptation totale

Nous avons vendu nos savoirs

Pour une poignée de riz

Et de sorgho pourri

Nous avons avalé des centaines de fois

Les larmes de notre dignité

A quelles conditions mes frères

Cette vie mérite-t-elle d'être vécue ?

A quelle point faut-il préférer tout risquer ?

Mes amis des îles et des montagnes,

Des bâtiments et des tentes,

Mes amis des maisons en paille

Mes amis noirs Amérindiens, Vietnamiens, Aborigènes

Sauvages du monde

On nous gouverne avec l'imaginaire

Avec le jeu de la culture

Par la destruction

De la distinction entre l'ami

Et le bourreau

Venu pour nous exécuter

Il y a longtemps de cela

On nous a enlevé les verrous

Mais peu d'entre nous ont pris la fuite

Les autres ont préféré

Devenir des épouvantails amnésiques

Marionnettes-robots

Mais ne nous dites pas

que vos hommes-machine fonctionnent bien

Faris

Tous droits réservés

Poésie chantée

Faris et Terakaft

Kaocen

Kaocen  

ghai imidray imagighan

Oh infortunés !

Oh infortunés Touareg

Sortez de votre sommeil,

Libérez-vous de l'emprise du temps

La renaissance vous incombe !

Touareg ne dormez pas

Libérez-vous de l'emprise du temps

N'oubliez pas votre splendeur,

Celle que vous a légué votre mère,

La touarègue qui vous a enfanté,

Elle vous a légué sa langue

Le tamasheq

Pour que vous le parliez,

Elle vous a légué son alphabet

Les tifinagh

Pour que vous les lisiez

Pour que vous les écriviez.

Vos enfants, ceux de demain, ceux d'aujourd'hui

Éduquez-les !

Qu'ils se libèrent de l'emprise du temps

l'Aïr se meurt, asséché par l'ignorance.

Abdallah Oumbadougou

intagrist

 Intagrist El Ansari

INTAGRIST EL ANSARI

" DÉPASSER LES STÉRÉOTYPES ET DONNER À VOIR LE SAHARA DE L’INTÉRIEUR "

Mon intention est de mieux faire connaître le Sahara, à travers un regard de l’intérieur. Le Patrimoine Saharien est d’une richesse inestimable, inépuisable, mais il est menacé d’extinction. Quand le plus grand désert du monde n’est pas enfermé dans des clichés fantasmatiques, il est pris en otage par les enjeux de géopolitique internationale. J’essaye à travers mes collaborations (écrites et audiovisuelles) de dépasser les stéréotypes, le folklore, le fantasme et l’excès d’exotisme, pour donner à voir, à entendre, à sentir, pour accéder de façon authentique au Sahara, à travers une réflexion, et tel qu’il est réellement. C’est du Sahara vu par un Saharien qu’il est question dans ce que j’écris. Et quand je parle du Sahara, c’est naturellement, de ses Hommes et de son environnement qu’il s’agit.

Intégralité de l'interview

Musique touarègue : Perspectives et Évolutions

Les clichés génériques des " Seigneurs, Hommes bleus du désert " témoignent d'une méconnaissance de l'occident au sujet du Sahara, de ses cultures et de son histoire. Et le paradoxe, ou le paroxysme, est atteint quand certains Touaregs reprennent à leur compte ces clichés, en se conformant et en jouant le rôle ou l'image qu'on attend d'eux, ou plutôt l'image construite d'eux. Il serait opportun de dire ici : le Sahara ce n'est pas seulement le mythe réducteur et cliché des  " Hommes bleus " passant d'une dune à une autre, c'est aussi (et surtout) une connaissance du monde, ce sont des cultures et une civilisation avec un héritage d'une richesse inestimable pour l'humanité, dont la musique véhiculée par les nouvelles générations n'est qu'une infime partie.

Intagrist El Ansari

Sahara

Laisse-les, chauve-souris,

laisse-les bêler le Touareg mort-vivant

qu'ils ont empaillé avec des macaronis,

des francs et des versets du Coran,

épouvantail touareg

planté dans le désert pour baliser

la course de Renault et Peugeot.

Hawad

Le coude grimçant de l'anarchie (extrait)

Le stéréotype touareg


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