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Desolations

Publié le 14 octobre 2011 par Lorraine De Chezlo
DESOLATIONSde David Vann
Roman - 300 pages
Editions Gallmeister - août 2011
Gary entraîne sa femme Irene dans une aventure aussi périlleuse qu'égoïste : vivre isolés dans un coin d'Alaska, en se construisant une cabane si possible avant l'hiver. Une retraite "nature" pour un couple au bord de la rupture. Gary ne témoigne plus d'aucune attention envers sa femme, qui se met, elle, à souffrir d'atroces migraines fulgurantes que rien ne calme. Leur fille Rhoda suit de près leur installation, s'inquiète pour sa mère plus que pour elle-même et son couple, qu'elle forme avec Jim. Jim, homme qu'elle aime et pour lequel elle rêve de mariage alors qu'il la trompe déjà allègrement.
Un homme entêté qui entraîne plus faible que lui sur une île gelée, ça ne peut que rappeler Sukkwan Island. Encore la même histoire donc ? Pas tout à fait. Désolations diffère grandement par le fait que le nombre de personnages y est plus étoffé, et par conséquent les histoires secondaires aussi. La structure familiale semble moins fantomatique que dans Sukkwan Island. Au moins entre enfants (surtout Rhoda, très attachée à sa mère) et parents subsiste une relation, des dialogues, des visites. Et les relations multiples tissent le roman, et non plus seulement les rapports entre un père et son garçon. Relation de couple, couple fané, couple en devenir et peut-être mort dans l'oeuf, couple de l'adultère... Ici la relation filiale semble l'unique lien durable, solide, honnête. Mais la condition humaine pousse les hommes et surtout les femmes à chercher dans la relation à l'autre, dans l'amour, une sécurité, un bonheur qui s'avère évanescent. Les erreurs et les drames se reproduisent de génération en génération sans être évités.
Extrait :"Rhoda comprenait désormais comment le mariage pouvait donner une impression de solitude. Un nouveau sentiment qu’elle ne pouvait pas vraiment décrire, ni même cerner. Quelque chose aux confins de son esprit, quelque chose qui lui déplaisait. Elle imaginait de longues périodes pendant lesquelles ils ne se diraient pas grand chose, évolueraient chacun de leur côté dans la maison. Et elle se demanda si les enfants arrivaient à ce moment-là. Avoir un enfant apportait un nouveau centre d’intérêt commun, un nouveau centre d’attention, un endroit pour leur permettre de se retrouver, tous les deux. Peut-être devait-il en être ainsi ? On se consacrait l’un à l’autre jusqu’à décider de se marier, puis on se consacrait ensemble à quelqu’un d’autre. Et que se passait-il ensuite, quand vos enfants avaient grandi, qu’ils étaient partis ? A quoi fallait-il alors se consacrer ? Il y avait quelque chose de terrifiant, à l’idée de ne pouvoir se consacrer à rien. Votre existence ne pouvait jamais être simplement ce qu’elle était. C’était effrayant. Personne n’avait envie de cela."

Roman bien écrit, j'ai aimé lire Désolations sans pour autant m'extasier pour ce roman mélancolique. Une lecture qui vaut par les ambiances et les atmosphères froides, inquiétantes, que David Vann peut créer en introduisant un personnage fétiche : la Nature et ses éléments tourmentés ou apaisés.Un roman sombre, une tranche de vie familiale ou les femmes sont confrontées à l'enlisement conjugal et les hommes écoutent, sourds aux autres, leurs pulsions et leurs chimères...
La critique d'InColdBlog, après lecture en v.o. - InColdBlog
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