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Allaitement et Confiance en soi

Publié le 17 octobre 2011 par Sibellia @Sibellia

17 October 2011, 12:26 | Ajouté par : Gaëlle, dans Articles

Confiance en soi, comment elle se perd, comment elle se gagne ?

Article a paru dans Allaiter Aujourd’hui n°19, LLLFrance, 1994

Lorsqu’on étudie l’histoire de l’allaitement, on s’aperçoit avec étonnement que le manque de confiance dans la capacité des femmes à nourrir totalement leurs bébés de leur lait, “remonte à la plus haute Antiquité” (1).

Sauf peut-être chez les peuples “primitifs”, l’allaitement exclusif au sein n’a pratiquement jamais été la règle : refus de donner le colostrum considéré comme du “mauvais” lait (2), administration dès les premiers jours de compléments divers et variés censés rendre l’enfant plus “solide” (eau, sucre, miel, tisanes, bouillies, etc.).

[...]

Ce qui sape la confiance

Or, à un moment où la femme aurait besoin d’être entourée, confortée, rassurée sur ses capacités et ses compétences, tout est fait au contraire pour la déstabiliser et la faire douter.

D’abord bien sûr les biberons de complément, si souvent proposés de façon systématique. Non seulement ils risquent de créer des problèmes d’allaitement (en gênant la mise en route de la lactation et/ou en provoquant une confusion sein/tétine chez le bébé), mais surtout ils véhiculent le message implicite : “De toute façon, vous ne serez pas capable d’allaiter totalement votre bébé”. Toutes les règles rigides qu’on édicte quant au nombre et à la durée des tétées, tous les gadgets dont on fait croire qu’ils sont indispensables, tout cela entrave un bon démarrage de l’allaitement, contribue à le rendre fastidieux, et rend la mère dépendante (d’une règle ou d’un ustensile quelconque).Les remarques plus ou moins bienveillantes de l’entourage familial, le discours “à double entrée” du corps médical, qui valorise l’allaitement maternel tout en soulignant à plaisir ses inconvénients et ses pathologies, tout cela alimente et fait écho aux propres doutes que la femme nourrit elle-même sur ses capacités de nourrice.

Alors qu’elles s’attendaient à voir s’éveiller en elles dans la béatitude cet “instinct maternel” qui semble si naturel à tout le monde, et à y puiser un savoir-faire infaillible, voilà qu’elles découvrent “qu’elles ne savent pas d’emblée”. Alors elles cherchent auprès de personnes en qui elles ont confiance à se faire dire qu’elles agissent bien, elles sollicitent plusieurs avis (qui forcément s’avèrent contradictoires, car comme nous l’avons déjà remarqué, s’il n’existait qu’une façon de “bien faire”, ça se saurait !), ce qui les déroute. Par réaction, elles en viennent peu à peu à ne plus se référer qu’à elles-mêmes, mais en investissant fébrilement tous les ouvrages de puériculture (eux aussi souvent contradictoires)... La nuance décisive réside bien souvent dans la façon dont une femme déjà mère, lorsqu’elle est sollicitée pour un conseil ou un avis, va répondre à la mère inexpérimentée qui se tourne vers elle. Si cette autre femme, plutôt que d’édicter ce qu’elle croit être la recette infaillible, l’informe de la façon dont, pour sa part, elle a finalement élaboré une solution, alors la jeune mère se sent autorisée, elle aussi, à inventer pour son nouveau-né les réponses qui vont lui convenir… et (se sentir) une mère adéquate pour cet enfant-là.

Pascale Rosfelter, “Bébé blues, la naissance d’une mère“, Calmann-Lévy, 1992.

Comment acquérir cette confiance?

Pour acquérir cette confiance en soi qui est une denrée si précieuse dans le démarrage (et la poursuite) de l’allaitement, il est important de bien s’informer avant (6) ; s’assurer dans la mesure du possible que les conditions de l’accouchement donneront confiance dans ses capacités à être mère, et non l’inverse comme c’est trop souvent le cas ; savoir vers qui se tourner en cas de problème ; et faire confiance à son enfant.

C’est là qu’une association comme La Leche League trouve toute sa place. En effet, même si de par son histoire et son étendue internationale, LLL détient sans doute la plus grande somme de connaissances sur l’allaitement, l’animatrice, dans l’aide de mère à mère, ne se présente pas comme l’expert, la “spécialiste” qui “sait” et dit ce qu’il faut faire. Au contraire, tout en faisant bénéficier la mère de l’expérience accumulée de centaines de milliers d’autres mères, elle cherche à lui redonner, à elle et au père, le rôle d’experts en ce qui concerne leur propre enfant. En leur disant : observez votre enfant, mettez-vous sur sa longueur d’onde, suivez votre coeur, c’est vous qui savez ce qui est bon pour lui.

Conclusion

Contrairement à ce qu’on croit parfois, promouvoir un allaitement exclusif au sein les premiers mois de vie de l’enfant, n’est pas promouvoir un retour au passé. Il s’agit au contraire d’une démarche radicalement neuve, susceptible à la fois de donner aux femmes une formidable confiance en leurs capacités et de créer une nouvelle génération, celle des “bébés de l’ère colostrale” (Michel Odent).

Cela en vaut la peine, non ?

Par Claude Didierjean-Jouveau

Article à lire en intégralité sur le site La Leche League

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