Sur les trottoirs de Saigon (mais pas que)…chaque nouveau jour est une nouvelle possibilité

Par Linh

« …Au regard de l’infini, 1 et 1 milliard c’est exactement la même chose. 

C’est ce genre de paradoxe qui fait que la série infinie des nombres pairs,

qui ne représente en principe qu’un nombre sur deux,

est égale à la série de tous les nombres.

Si l’éternité est telle que nous l’avons définie,

vous voyez bien que la probabilité 0 de l’évènement qui vous intéresse devient une probabilité 1,

c’est à dire une certitude. »

Le principe d’incertitude, Michel Rio

Saigon est la ville la plus fourmillante et vivace qu’il m’ait été donné de parcourir. Le silence ne se fait jamais, le XXI ème Siècle s’engouffre avec urgence dans tous les domaines de vie des saigonnais. Les perspectives semblent constamment infinies de s’enrichir à tous points de vue. Commercer, spéculer, échanger, trafiquer, la question est juste de savoir sur quelles commodités. Les vietnamiens vivent cette nouvelle croissance comme un eldorado dont ils seront sinon les architectes, tout du moins les jouisseurs. Tout est possible, rien ne supporte le doute, chacun est grisé par les perspectives que l’avenir semble prophétiser.

Une certaine forme de progrès aussi contrôlée soit-elle s’empare aussi des arts, des lettres et de la création. L’envie de créer et de s’exprimer est prégnante et s’agite en mouvement brownien dans des ateliers encore gardés hautement secrets. Sculpteurs, peintres, écrivains et designers de tous bords s’agitent pour donner vie à leur envie légitime de liberté et d’esthétique.

Ce dimanche matin là, à l’heure où habituellement l’air a déjà été tant brassé qu’il ne reste plus qu’à suivre le mouvement, je me suis retrouvée dans cette rue déserte et aphone, dont toutes les portes et les volets étaient fermés. Saigon dormait. Saigon dort le dimanche matin, c’est un signe des temps, de l’avènement d’une classe qui ne crève plus de faim le dimanche matin. J’ai pensé que c’était un bon signe.

En prenant mon café, sous ce soleil qui sous ses airs timides faisait déjà fondre mes doutes sur les infinies perspectives qu’offre la vie, j’ai pensé à ces hommes et femmes qui couraient dans les rues il y a 10 ans et qui dormaient désormais. Comme si chacun avait réussi à saisir son opportunité et l’avait transformée en possibilité puis en certitude.

Je continue depuis de caresser comme un talisman l’idée que le domaine des possibles est infini. Et ce n’est pas qu’une histoire de géographie.

En parlant de géo, je vous recommande vivement le dernier GEO Voyage d’Octobre-Novembre sur le Vietnam. Il dresse un portrait assez complet du Vietnam d’hier et d’aujourd’hui et vaut bien des guides.

J’ai apprécié ces deux citations :

- A propos des robes longues traditionnelles : « la chair apparaît aux hanches dans une fente baptisée « le triangle de l’émotion »". Si vrai, si délicat…

- A propos de la cuisine de rue de Saigon : « Ces modestes échoppes jouent un rôle social fondamental. Pour les vietnamiens, la rue est un mode de vie. Y manger est l’occasion de se montrer, de flirter, de tenir le journal du quartier en échangeant les dernières nouvelles. » Pour une fois que ce n’est pas moi qui le dis…

Et en parlant de guide, voici celui de Saigon que j’ai réalisé pour Serge, the concierge of New Jersey (en anglais).


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