Magazine Beaux Arts

Slick

Publié le 19 octobre 2011 par Marc Lenot

Donc commençons le marathon de cette semaine de foires par Slick, première ouverte, entre Palais de Tokyo (avec l’exposition trompe-l’œil Armleder en chant du cygne du Directeur partant) et MAMVP (où la scénographie des vidéos de Ryan Trecartin et Lizzie Fitch est bluffante, mais les vidéos, elles, composent un univers sans grand intérêt). Comme toujours dans ces visites de foires et salons, c’est une pièce ici et une là qui attirent l’œil, sans trop prétendre à une vue d’ensemble.

Ce qui est bien à Slick, ce sont les projets spéciaux quand ils se démarquent d’un simple stand de galerie pour présenter une pièce unique, spéciale, géante (et non pas quand ils alignent simplement de petits formats de 23 artistes femmes (bof !), des skate-boards

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décorés par Hirst, Koons ou Longo, ou même trois photographies de Boris Mikhailov, très belles mais plus adaptées à des cimaises classiques qu’à ce concept de projet). Au contraire, trois des projets se font remarquer par leur démesure, leur folie, leur caractère hors-norme, leur ambition. Jean Denant a inscrit dans un panneau de placo-plâtre à coup de marteau un planisphère, qu’il nomme mappemonde : le corps de l’artiste a inscrit là une trace violente à sa mesure, laissant vierges et lisses les océans à la surface du panneau et creusant violemment les terres émergées. Au sol les gravats blancs, vestiges de sa lutte avec la matière (galerie Leonardo Agosti).

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Le travail de RERO, tant sur le stand de la galerie Backslash que dans l’espace du projet, participe de la même inscription dans une surface plane, en creux pour WYSIWYG, où les briques du mur apparaissent au fond des trous, en peinture pour Page not Found au dessus d’un amas de livres déchiquetés, éparpillés dans une
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mousse pourrissante. L’artiste inscrit ces messages d’impuissance informatique (Error 404) aussi sur des livres morts, enfermés dans un sarcophage de résine : constat désespérant entre la fin de la culture papier et l’impossibilité de maîtriser la culture numérique ?  J’ai pensé à l’encyclopédie Treccani sottolio de Benedetto Marcucci, autre cénotaphe d’une culture en voie de disparition.

Le troisième projet qui m’a séduit est l’immense installation en bois (et encore incomplète ici) de François Mazabraud présentée par la toute jeune galerie de Roussan : circulation de l’argent sale entre paradis fiscaux (Suisse et Belize) en passant par la Sicile.

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Sur les stands proprement dits, juste devant l’entrée, quatre cadres recouverts d’une mousseline noire : on pense aux daguerréotypes présentés derrière un voile noir pour le protéger. Mais ici on ne peut lever le voile, qui est moiré et légèrement transparent ; on devine derrière des formes, science-fiction ou Renaissance, des corps sans doute, ou des astres, brodés sur un fin grillage. C’est un travail de cache et de mystère de Ferdinand Ahm Krag sur le stand de la galerie danoise IMO / New Galerie.
Notons encore le saoudien Ahmed Mater à la galerie Inception, deux envoûtantes photographies noires de la cathédrale de Cologne par Rémy Marlot sur le stand de Gourvennec Ogor, le stand de l’Association des conservateurs de collections d’entreprise, les photographies belles et dures de Rasha Kahil, nue chez les autres, à la galerie
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 The Running Horse, et, à la galerie Polka, les photographies de théâtres abandonnés aux Etats-Unis par Yves Marchand et Romain Meffre : splendides salles de théâtre laissées à l’abandon, témoins elles aussi d’une culture qui disparaît. Celui-ci, à Long Island University, restauré, est devenu une salle de basket-ball.

Voilà, une première mise en jambe pour le reste de la semaine.

Photos de l'auteur, excepté la dernière.


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