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[Critique Cinéma] Polisse

Par Gicquel

[Critique Cinéma] PolisseA la limite, le film ne s’arrêtera jamais. C’est une histoire sans fin, un quotidien reclus entre quatre murs,  jusqu’alors inconnu. Ignoré dans la grande famille policière où les brigades de nuit, les flics des stups et ceux de la mondaine font plus souvent l’actualité.

Avec la brigade des mineurs, Maïwenn recadre le sujet et l’investit totalement . Depuis «Le bal des actrices» , il ne faisait guère de doute que la jeune femme avait le regard lavé de tout préjugé cinématographique. Elle confirme ici cette impression de pouvoir aller bien au-delà de la simple mise en scène pour débusquer, révéler et donner à voir autre chose.

Une véritable dimension humaine qui se dérobe à une fiction purement scénarisée. Et si l’aspect documentaire prend alors très naturellement l’ascendant , il réussit lui aussi à se démarquer des repères habituels du reportage pour nous plonger dans un autre monde qui n’appartient qu’à l’œil avisé de la réalisatrice.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Elle s’est immergée dans l’univers de cette brigade, de la même manière que son propre personnage : un photographe en quête d’un ouvrage sur le sujet. Elle est extérieure, à distance, elle observe. Ce procédé à double visée , astucieux ,  lui permet de se balader au cœur de son sujet avec une liberté de ton , formidable, qui donne la parole, tantôt à la réalisatrice, tantôt à la comédienne .

La démarche est contagieuse : il y a à l’affiche une kyrielle de comédiens et comédiennes, tous excellents dans leur costume de flic. A tel point que très vite , on oublie Karin Viard, Marina Foïs ou Nicolas Duvauchelle , pour ne plus suivre que des hommes et des femmes qui font leur boulot, au jour le jour, comme vous et moi, avec les mêmes emmerdes que tout un chacun , les disputes entre collègues, les coups de gueule, les soirs de blues . Sauf qu’ici leurs vis-à-vis sont des violeurs, des pédophiles, des mauvais parents . Avec à leur  côté des mioches, des gamins , des pré-ados , les mêmes qu’ils retrouvent le soir quand ils rentrent chez eux .

[Critique Cinéma] Polisse

La confrontation entre les deux mondes n’existe pas , ils s’imbriquent lors d’une interpellation de roumains  , se téléscopent dans une scène de ménage tendue à l’extrême et que Maïwenn, filme comme toutes ses scènes difficiles, jusqu’au point de rupture .Mais cette magie qui n’appartient qu’à elle , fait que l’on peut en sourire, aussi vite qu’elle nous avait pris à la gorge.

Le sas de décompression nécessaire à cette bulle qui n’arrête pas de crever. La cinéaste y revient et insiste. On aimerait que son film s’arrête là, mais dehors la brigade des mineurs a repris ses activités.


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