Shark 3D (Shark Night 3D)
Résumé: Un groupe d’étudiants en weekend dans une villa au centre d’un lac d’eau salée est la proie de requins affamés.
Nouveau film du réalisateur David R. Ellis (Destination finale 2 et 4), Shark 3D est un concentré de tout ce qui se fait de plus agaçant dans le cinéma horrifique américain moderne. Le pitch opportuniste (on sent que le succès de Piranha 3D n’est pas étranger à la mise en chantier du film) multiplie les incohérences (le type qui s’est fait bouffer le bras et a perdu la moitié de son sang affronte un requin quasi à mains nues et s’en sort, les requins sont capables de rattraper des hors bords lancés à pleine vitesse…) et enquille les situations paresseuses et rebondissements convenus. Certes, l’idée de faire un slasher dans lequel les armes du tueur seraient des requins est plutôt originale, d’autant que les squales sont assez nombreux et variés, mais le tout est tellement mou et peu crédible (les bad guys filment des gens en train de se faire boulotter par des requins pour vendre les vidéos sur le net !) qu’on s’ennuie assez vite malgré la courte durée du film. Le casting au talent plus que limité (le héros, avec sa tête de gentil benêt, fait plus penser au Simple Jack de Tropic Thunder qu’à un étudiant en médecine) ne redore pas non plus le blason du film.
Mais à vrai dire, la vraie arnaque de Shark 3D ne se situe pas là. Car après tout, on a vu de nombreux slashers tirer leur épingle du jeu malgré des acteurs mauvais et un script foireux. Non, là où Shark 3D se vautre lamentablement, c’est dans le fait qu’il n’offre même pas au spectateur ce que celui-ci était en droit d’attendre d’un tel film: un bon gros massacre bien sanglant. Le film est tellement prude (à part des gros bouillons rouges dans l’eau, on ne voit absolument rien) qu’il en devient vite agaçant. Piranha 3D avait beau souffrir de nombreux défauts, au moins le spectateur en avait pour son argent. Shark 3D c’est un peu l’équivalent horrifique du téléfilm érotique du dimanche soir sur M6 : un scenario bateau, des acteurs exécrables, une montée jusqu’à la tant attendue scène de sexe/gore, et puis rien, juste un fondu au noir chaste qui évite de montrer quoi que ce soit. Et même si la 3D est assez bien utilisée (dans les scènes sous-marines notamment), on ne peut que ressortir frustré d’un tel film.
Note : 3/10
USA, 2011
Réalisation: David R. Ellis
Scénario: Will Hayes, Jesse Studenberg
Avec : Sara Paxton, Dustin Milligan, Chris Carmack, Katharin McPhee, Chris Zylka
Sulfures (Don’t let him in)
Résumé: Calvin et Paige, accompagnés de la soeur de celui-ci et de son nouveau petit ami, partent en weekend dans le cottage familial. A leur arrivée, ils sont accueillis par le policier local qui les préviens de se méfier car un tueur en série hante la région. Sa spécialité : démembrer les corps de ses victimes et les pendre aux arbres.
Les fans français de films d’horreur regardent souvent le Royaume-Uni avec envie, tant ce pays semble représenter tout ce que l’Hexagone est incapable de produire : du cinéma de genre de qualité malgré des budgets moindres. Cependant, on oublie souvent que pour un The Descent ou un 28 Jours plus tard prestigieux qui traversent la Manche et font une carrière internationale, de nombreux films à très petit budget ne franchissent jamais les frontières du pays. Et lorsqu’on découvre un film comme Sulfures, on se dit que finalement c’est tout aussi bien.
Sulfures (étrange traduction française sans queue ni tête du titre original Don’t let him in) rassemble à peu près toutes les tares du cinéma horrifique à petit budget. On a tout d’abord des acteurs à la ramasse qui au choix surjouent n’importe comment (le tueur qui une fois découvert se met à baver abondamment pour bien montrer qu’il est totalement fou) ou sont absolument inexpressifs. Tournage en DV oblige, le film est d’une laideur visuelle assez hallucinante, malgré les effets cache-misère apposés par le réalisateur : cuts rapides sur les morceaux de corps que l’on devine assez loupés, éclairage rougeâtre moche dans l’antre du tueur. Mais surtout, le scénario de Sulfures est d’une indigence rare, à la fois ultra prévisible malgré sa tentative ratée de twist (difficile de ne pas deviner en moins de 10 minutes comment tout ça va se terminer) et totalement portnawak. Le film aligne les perles incohérentes et foireuses au point qu’on se demande si le script n’a pas été écrit par un gosse de 8 ans : un personnage qui utilise des vers pour en étouffer un autre (on a vu plus efficace pour éliminer quelqu’un rapidement), une fille se laisse convaincre en deux minutes d’ouvrir la porte à un type qui vient de tuer son frère, l’héroïne infirmière recoud une plaie profonde au ventre d’un des personnages et lui propose quelques heures plus tard d’aller se balader dans les bois, la même plante un couteau dans l’épaule du tueur avant d’attendre béatement que celui-ci le retire et l’attaque avec, le flic du village débarque de nulle part dans une ferme désertée en fin de métrage juste pour se faire planter par l’héroïne qui l’a pris pour le tueur… Mais la meilleure scène du film reste ce flashback absolument hilarant dans lequel une prof de dessin emmène ses étudiantes crayonner dans la forêt. Sermonnant une de ses élèves parce que celle-ci dessine un cadavre démembré au lieu d’un arbre, elle se voit prise de court lorsque l’étudiante en question lui montre que son sujet d’étude est bien un arbre sur lequel est pendu un cadavre ! Cerise sur le gâteau, le DVD édité par Emylia pour Mad Movies est d’une qualité telle que les sous-titres sont dignes d’un mauvais fansub de divx, alignant les contresens hilarants et fautes d’orthographes énormes.
Bref, si les DVD Mad Movies avaient gagné en qualité depuis quelques mois, ce Sulfures d’une nullité rare vient tout de suite redresser la barre…
Note : 0/10
Royaume-Uni, 2011
Réalisation: Kelly Smith
Scénario: Kelly Smith, Chris Andrews
Avec: Sophie Linfield, Sam Hazeldine, Gordon Alexander, Gemma Harvey, Rhys Meredith
Don’t be afraid of the Dark
Résumé: Envoyée par sa mère chez son père (Guy Pearce), la jeune Sally (Bailee Madison) emménage avec celui-ci et sa nouvelle petite amie Kim (Kathie Holmes) dans le manoir Blackwood, que le couple est en train de rénover. Très vite, le trio découvre une porte condamnée menant à la cave de la bâtisse. Sally ne tarde pas à entendre des voix lui suppliant de venir jouer avec elles dans la cave…
Nouvelle production Guillermo del Toro après les excellents L’Orphelinat et Les Yeux de Julia, Don’t be afraid of the Dark est le remake d’un téléfilm des années 70 qui avait terrifié le réalisateur mexicain. Comme à son habitude, del Toro utilise cette nouvelle production pour permettre à un réalisateur débutant de se faire les dents sur un premier long métrage. Ici, c’est le dessinateur de comics Troy Nixey qui s’y colle, pour un résultat pas forcément honteux, mais pas non plus totalement probant.
Le principal défaut de Don’t be afraid of the Dark, c’est qu’il manque énormément de frissons. Pourtant le film commence plutôt bien, avec une excellente scène d’introduction ménageant quelques effets chocs, avant d’embrayer sur un très beau générique. Mais une fois l’intrigue lancée, le film tombe rapidement dans des rails très classiques qui font que l’on est assez rarement surpris : la vieille bâtisse avec un lourd passif, le père trop occupé pour écouter sa fille, les « gens qui savent » qui se font impitoyablement éliminer, etc. Le décor est impressionnant, bien que finalement assez peu exploré (on reste cantonné à quelques pièces majeures : la chambre de Sally, la cave, le hall et la bibliothèque), la photographie très jolie et les effets spéciaux réussis, mais la sauce ne prend pas et les scènes de suspense manquent singulièrement de tension. La faute certainement à des créatures en image de synthèse certes très bien fichues, mais beaucoup trop exposées (et trop rapidement) et qui justement puent les images de synthèses. De plus, on sent cette fois beaucoup trop l’influence de del Toro sur le script et dans la réalisation servile de Nixey qui tente pâlement de copier le maître, à tel point que le film ressemble parfois à un best of des films du réalisateur mexicain: la gamine est une solitaire qui s’évade dans son monde et commence par aller se paumer dans le labyrinthe du manoir comme dans Le Labyrinthe de Pan, les créatures (des fées des dents comme dans Hellboy 2) se cachent dans le noir à l’instar des cafards de Mimic…
Le film comporte néanmoins quelques bonnes scènes, notamment le final assez cruel, et une attaque sauvage d’un des personnages dans la cave. On appréciera aussi le personnage de gentille belle-mère interprété par Katie Holmes, qui change des canons habituels du genre et permet à l’actrice d’aborder un registre un peu différent de celui auquel elle nous avait habitué. Don’t be afraid of the Dark n’a rien d’un mauvais film, et se suit sans déplaisir, mais son côté balisé et son manque d’originalité génèrent malheureusement parfois un ennui poli pour le spectateur en manque de sensations fortes.
Note : 6/10
USA, 2011
Réalisation : Troy Nixey
Scénario : Guillermo del Toro, Matthew Robbins
Avec : Guy Pierce, Katie Holmes, Bailee Madison
Real Steel
Résumé : Dans un futur proche, les combats de boxe entre humains ont été interdits et les combattants remplacés par des robots. Charlie Kenton (Hugh Jackman), un ex-boxeur reconverti dans les combats de robots enchaîne les défaites et se retrouve criblé de dettes. Lorsqu’il apprend que son ex-femme est décédée et que la sœur de celle-ci veut adopter son fils, il y voit un bon moyen de se faire de l’argent facilement. Obligé d’emmener le gamin avec lui pour l’été, il ne tarde pas à s’apercevoir que celui-ci est un excellent partenaire.
Quand Hollywood n’adapte pas des jeux vidéo ou des attractions en film, ils se tournent vers la bonne vieille méthode consistant à piocher dans les écrits de romanciers à succès. Ces dernières années, Richard Matheson semble être de nouveau à la mode, un nombre croissant de ses romans et nouvelles étant adapté, avec plus (The Box) ou moins (Je suis une Légende) de succès. Real Steel est donc l’adaptation de la courte nouvelle L’Indéracinable (déjà adapté dans un épisode de La Quatrième Dimension). Une adaptation très libre, puisque mis à part le contexte des combats de robots, le film n’a que peu à voir avec le texte d’origine. A vrai dire, Real Steel choisit plutôt la voie de la facilité en proposant un pot pourri de tous les épisodes de Rocky, combiné avec le magnifique Honkytonk Man de Clint Eastwood (pour le côté road movie permettant à un père et son fils de se découvrir). On retrouve donc de très nombreux éléments de la saga du fameux boxeur à la voix cassée: le challenger sorti de nulle part qui grimpe les échelons petit à petit (Rocky 1), le « bad guy » qui tue ses adversaires en quelques secondes (Rocky 4), le héros qui donne tout et survit le dernier match pour perdre aux points (Rocky Balboa)… Bouffant à tous les râteliers, Real Steel repompe même Speed Racer (la « méchante » multinationale qui a le tort de créer un robot super perfectionné) et Scott Pilgrim vs the World (le combat contre les jumeaux) au détour de certaines scènes ! Bref, aucune surprise, aucune originalité et surtout le fait que les combattants soient des robots n’a au final pas vraiment d’incidence sur le déroulement d’une intrigue ressemblant à n’importe quel autre film de sport.
Sauf qu’ici on a beaucoup de mal à ressentir un quelconque frisson lors des combats, vu que le combattant est un robot, et que celui-ci n’est même pas doué d’une intelligence artificielle mais contrôlé à distance. Bref, c’est juste une boîte de conserve télécommandée sur laquelle on peine à transposer quelque émotion que ce soit, d’autant plus que le film oublie toute crédibilité dans la gestion physique des robots. Ceux-ci pèsent de toute évidence plusieurs tonnes, mais se battent sur un ring seulement entouré de petites chaînes, à 2 mètres des spectateurs. Dans une des scènes les plus ridicules du film, on assiste même à la destruction d’un robot par un taureau, ainsi qu’au vol du bras dudit robot par trois gamines capables de soulever ce monceau de ferraille devant peser à peu près 10 fois leur poids réuni. Des détails, certes, mais qui deviennent vite embarrassant dans un film se voulant a priori crédible dans sa description d’un futur « low tech ». Pire encore, le film balance sans sourciller un message xénophobe assez puant, les « méchants » dont le seul tort est d’avoir un robot perfectionné étant russe et japonais. De quoi flatter le côté beauf du public en leur montrant un « gars du cru » mettre la pâtée à ces sales envahisseurs. On saluera tout de même des effets spéciaux assez réussis et pas trop clinquants, et les scènes de combats plutôt bien fichues.
Au niveau des acteurs, Hugh Jackman assure comme à son habitude, et réussit à tirer le film légèrement vers le haut grâce à sa bonne performance. Son interprétation arriverait presque à rendre sympathique l’insupportable personnage de son fils, archétype du « gamin gonflant qui a onze ans mais parle et se comporte comme un adulte ». Evangeline Lilly tente quant à elle tant bien que mal de faire exister un personnage réduit au rang de potiche que le héros va trouver quand il en a le temps.
Avec son incapacité à impliquer le spectateur émotionnellement, et la paresse de son scénario déjà vu ailleurs en mieux, Real Steel est le type même du blockbuster au mieux lénifiant et au pire agaçant à éviter à tout prix.
Note : 4/10
USA, 2011
Réalisation : Shawn Levy
Scénario : John Gatins
Avec : Hugh Jackman, Dakota Goyo, Evangeline Lilly, Anthony Mackie, Kevin Durand