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Max | Du Théâtre et d'un VRP multivies...

Par Aragon

book_cover_un_homme_se_penche_sur_son_passe_73477_250_400.jpgLe bouquin de Maurice Constantin-Weyer, prix Goncourt 1928, "Un homme se penche sur son passé" est, je m'en souviens parfaitement, le premier roman que j'ai lu. J'avais dix-onze ans il me semble. Il m'a marqué durablement. Définitivement. Manitoba, grand nord. De fabuleux paysages, et cet homme : Monge. Aventurier, dresseur de chevaux sauvages, trappeur, amant malheureux et trahi, père au calvaire !

Plus encore que celle de Jack London ou James Fenimore Cooper, l'oeuvre de cet homme a été déterminante dans mon choix de me barrer de l'armée après quelques années terminées aux côtés du papa de Ségo et du général Bigeard, de prendre un billet pour m'envoler vers ce pays que je chérissais tant.

Je n'ai pas retrouvé mes indiens ni le fantôme de Monge, mais j'ai gagné des amis et le Québec a déboulé en moi par la grande porte d'entrée. Il  y reste installé tout aussi durablement que ce livre.

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En triant des bouquins je remets aujourd'hui par hasard, alors que je ne penchais pas du tout sur mon propre passé, la main sur lui, une très vieille édition du Livre de poche. Je l'ouvre et je découvre dedans une photo (avec cheveux, j'en reviens pas) que j'avais complètement oubliée : fin 1967,  j'ai seize ans, répétition de théâtre : "Les nombres" d'Andrée Chedid. Notre metteuse en scène s'appelait Madame Laforge, je ne me souviens pas de son prénom, mais je sais que j'étais follement et éperdument amoureux d'elle.

Je devais jouer dans cette belle pièce le rôle de Dan, l'ânier. Je devais, car les pavés ne vont pas tarder à voler bas. Le projet, tout ce chouette et laborieux boulot, tout capotera et partira en capilotade au vent de cet éphémère printemps 68. Viré, pas d'autre choix que celui paternel : l'armée. Je ferme le ban.

Ce qui me fait marrer c'est qu'une sorte de grande arche arc-en-ciel semble s'ouvrir sous mes pas, devant mes yeux ce matin. J'ai toujours aimé passionnément le théâtre par la possibilité offerte de son total mystère. Par sa proximité avec des yeux et des coeurs (disponibles). Je l'ai connu avec le TPP, le théâtre populaire des Pyrénées, il y a longtemps vous vous en doutez. Il y avait donc ce Dan, cet ânier que j'ai toujours eu quelque part au fond de moi en "nostalgie", mon premier rôle avorté, expulsé de moi par la violence de mon adolescence, extorqué je dirai presque, par la vie et des évènements que je ne maîtrisais pas. J'aurais tant voulu que cette pièce aboutisse, soit montée... mais, comme dirait l'autre, c'est la vie.  Et la vie, c'est du théâtre en plus abscons et mystérieux. Qui sait les choses et les évènements ?

Et voilà qu'aujourd'hui, de Dan l'ânier mort-né, je passe après une vie de théâtre interrompue à "La Mule", un personnage que je vais interpréter, tiré d'une pièce jovialement, gravement et religieusement incorrecte qui s'intitule "Le Paradis n'est plus ce qu'il était" que nous avons commencé à monter avec notre Illustre et joyeuse Compagnie De But en Blanc de Dax ! Les bourriques me poursuivent. Ne dit-on pas qu'elles sont largements pourvues de sagesse ! Une transfusion de cette nature là, salutaire, prendra corps cette fois peut-être et me ferait le plus grand bien...

Je prie les dieux du théâtre, d'autres encore, inconnus, tous s'il le faut, pour qu'un espèce de signe indien ne me retombe pas dessus et fasse que cet actuel projet ne s'envole pas, lui aussi bientôt sous les assauts d'une possible adversité. Peut-être encore des pavés d'un printemps à venir qui pourrait être porteur de grandes tempêtes en tout genre ? Sociétales, sociales avant tout comme l'aînée de 1968 ?

C'est bien un blogue, on peut y raconter tout et n'importe quoi, cette histoire là est insignifiante, c'est pourquoi je me la raconte à voix haute et cette photo, pourquoi ai-je remis la main sur cette photo ? Finalement, on a tous plein de vies à notre disposition.


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