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[Critique dvd] Le dernier été de la Boyita

Par Gicquel

 La Boyita, c’est plus qu’une roulotte, c’est  tout un symbole. La sœur de Jorgelina devenue ado,  refuse cet été là, d’y jouer comme elle le faisait à chaque vacance. Trop grande désormais pour ces confidences estivales .Jorgelina , désemparée, solitaire, accompagne alors son père à la campagne, en quête cette fois de Mario, le fils des paysans, voisins du domaine familial.

D’une sœur devenue inaccessible à un petit copain fuyant et silencieux, elle va ainsi composer tout son été sur une palette de sentiments dont elle ignore tout, mais dont elle devine les contours, à travers  ses lectures et la parole des grands.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

L’histoire de Jorgelina, commence ainsi, imperceptiblement, telle une bluette de l’été, lentement introduit dans un parcours initiatique.Et le film ne serait que cet éveil à la vie, que la présence de la jeune Guadalupe Alonso  suffirait à notre bonheur. Elle irradie la pellicule et confère à son quotidien une aura attachante, qui nous lie totalement à son destin.

Mario tente bien de s’y soustraire, mais la charme de la petite Jorgelina opère là-aussi, sans pour autant lui faire baisser la garde. Le petit garçon n’appartient pas au même monde que la fille du docteur. De l’aube à la nuit tombée, il s’affère aux travaux des champs, sous l’œil étonnamment distant de ses parents.

Une autre histoire commence alors, que la petite ingénue, conduit inconsciemment dans les profondeurs de l’intime, les secrets enfouis, les mystères entendus.  Tout recroquevillé sur lui-même Mario ne veut pas les partager, redoublant en silence les souffrances qui le tenaillent.

[Critique dvd] Le dernier été de la Boyita

La caméra de Julia Solomonoff est d’une remarquable sobriété pour sonder cette identité qui se construit, comme à rebours. Elle est tout aussi élégante pour conduire les deux jeunes enfants au cœur de leurs découvertes, d’un été campagnard, en toute liberté. Dans le personnage de Mario,  Nicolás Treise , campe lui aussi habilement ce petit bout d’homme, mal affirmé. Face à la violence du monde, et des adultes, la normalité qu’il réclame s’oppose au silence sentencieux de ses parents.

La fin alternative que proposent les bonus nous révèle clairement les réels sentiments de la mère. Dans la version retenue, ils sont peut-être plus diffus, mais le talent de  Mirella Pascual , compose une scène d’une magnifique tendresse. Et ce film en comporte bien d’autres ….

LES SUPPLEMENTS

  • Avant première (7.30 mn)

Pas de grandes révélations, sinon le point de vue de spectateurs conquis. Le son dans la salle n’est pas très bon, et c’est bien dommage.

  • Interview (16 mn)

Une mère gynécologue, un père psychiatre qui ont eu un cas similaire, « ils en ont parlé devant moi quand j’avais dix ans et ça m’avait marquée » se souvient la réalisatrice , qui une fois le sujet en main, à fait de nombreuses  recherches,documentaires et médicales.

Elle dit aussi  pourquoi elle a préféré tourner en numérique

[Critique dvd] Le dernier été de la Boyita

La soeurette devenue ado....

  • Deux courts métrages de Julia Solomonoff

- « Siesta » (18.30 mn)

Un noir et blanc, pas terrible mais à la dynamique certaine, et une grammaire cinématographique déjà bien assimilée. Elle sait déjà diriger les enfants, pour une histoire d’une petite fille qui s’intéresse à un monsieur … C’est très bien vu !

- « Scratch » (25 mn)

Tout aussi bien construit, mais encore mieux abouti, l’histoire d’une jeune femme qui rencontre un homme, dont elle ne sait rien. Sinon qu’il vole dans les magasins

  • Trois scènes coupées

L’une d’entre elles explique clairement ce qu’est la Boyita, et c’est dommage de l’avoir supprimée. Idem pour la suivante : Jorgelina s’adressant à sa sœur aînée fait une confusion entre être vierge et avoir ses règles.

« Hermanas » sorti en Argentine en 2005.

Le second film du coffret, je vous en parle prochainement .

Synopsis :
En 1976, pendant le désarroi politique en Argentine, deux sœurs s’enfuient de leur pays juste après la disparition du petit ami de Natalia, un activiste politique : une part en Espagne, l’autre au Texas aux Etats-Unis. Après huit années passées en Espagne, Natalia arrive au Texas pour voir sa sœur Elena devenue dorénavant mariée et mère. Elle apporte avec elle le manuscrit du dernier roman non publié de leur père racontant l’histoire de leur famille durant le temps de la dictature en Argentine


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