Trans Musicales de Rennes du 30 novembre au 4 décembre

Il relève presque d’une tautologie sans nom d’accoler aux Trans Musicales de Rennes les verbes défricher et découvrir. Depuis plus de trente ans, l’équipe du festival breton met en valeur un patrimoine musical local, national et international sur la base de rencontres – motivées essentiellement par le triptyque affect, créativité et surtout transversalité – prenant ainsi à rebrousse-poils un public, toujours plus nombreux, auquel elle ouvre les yeux sans pour autant lui imposer complétement ses choix. Car évidement chacun s’y retrouve, même les moins curieux d’entre tous. Bien installé entre le Parc des Expositions et de multiples salles rennaises, le festival, qui ouvrira ses portes du 30 novembre au 4 décembre 2011, fait une nouvelle fois la part belle à un large éventail de styles – entre garage, post-punk, dubstep, hip-hop, techno, world et j’en passe – avec cette année une place toute particulière accordée à la scène folk et la carte blanche aux artistes du label Kütu Folk.

Loin du tumulte commercial et de l’assourdissant rouleau compresseur de l’uniformité, l’Association des Trans Musicales (ATM), selon un double postulat associant groupes en devenir et exigence musicale, œuvre ainsi sans rémission et sans concession pour rendre compte de l’effervescence palpable des musiques indépendantes. Ce n’est donc que lui rendre grâce, en présentant – par un podcast à écouter ci-dessous et une sélection « coups de cœur » à découvrir ci-après – cette trente-troisième édition.

Audio

01. Factory Floor – Lying
02. Fifty Miles From Vancouver – A Surfing Breakdown
03. Juveniles – We Are Young
04. Splash Wave – Passing Breeze feat. Anna Jean
05. The Delano Orchestra – Until I Die
06. Rhum For Pauline – Walker’s Lament
07. Hospital Ships – Reprise
08. St. Augustine – User’s Guide
09. Evening Hymns – Dead Deer
10. Wolf People – Cotton Strands
11. Spank Rock – Nasty (feat. Big Freedia)
12. Ghostpoet – Morning Feat Micachu
13. Spoek Mathambo – Out The Box
14. Sbtrkt – Outbound
15. Totally Enormous Extinct Dinosaurs – How Far (The 2 Bears remix)

Les coups de cœur de la rédaction

Juveniles – Jeudi 1er décembre, Ubu

On a effectivement hâte de voir ce que peut donner sur scène la musique des Juveniles. Car à écouter leurs premiers morceaux lancés en pâture sur la toile, ces ex-Wankin’ Noodles et Russian Sextoys ont pas mal d’atouts dans leur jeu : une synth-pop froide, hypnotique, et diablement efficace qui convoque les esprits de glorieux aînés made in Manchester. Les locaux de l’étape devraient d’ailleurs rapidement étendre leur cercle d’influence, Kitsuné ayant eu le bon goût de signer récemment ces jeunes garçons pleins d’avenir. SLH

Lewis Floyd Henry – Jeudi 1er décembre, Liberté

Cet homme orchestre londonien a tout pour plaire, et mettre le Liberté dans sa poche : une gueule, un look, et un talent à en rendre plus d’un jaloux. Lewis Floyd Henry, multi-instrumentiste à la voix hendrixienne, livre un blues mutant, décalé, au son saturé, qui devrait faire monter sensiblement la température au-dessus des normales saisonnières… Et encore une fois, avec une dégaine et une gueule pareilles, le monde lui tend les bras. SLH

Alexander Tucker - Vendredi 2 décembre, Parc Expo Hall 4

Alexander Tucker n’a rien du premier clampin venu. Ayant fait ses classes dans la fureur et le bruit au sein du groupe hardcore Suction – à mi-chemin entre les Swans et Fugazi – le Londonien d’adoption, guitare folk sous le bras, n’a pour autant jamais délaissé les voies indécises de l’expérimentation. Entre fructueuses collaborations - avec Stephen O’Malley de Sunn O))) ou encore Andrew Hung et Benjamin John Power de Fuck Buttons – et discographie égrainée solitairement, dont le mirifique Dorwytch paru cette année sur ATP Recording, le barbu, aux cheveux filasses et à la voix habitée, domptera sans peine un auditoire hypnotisé tant par ses mélodies côtelées d’une mandoline et d’un violoncelle que par ses saillies drone roboratives à l’électricité crépitante. TS

Factory Floor – Vendredi 2 décembre, Parc Expo Hall 9

Les trois de Factory Floor se jouent avec gouaille de cette valse aussi futile qu’anodine des étiquettes. Alors, Nu New Wavers ou Industrials Post-Ravers ? On s’en tamponne éperdument le coquillard tant l’on peut faire confiance aux vieux de la vieille, oeuvrant chacun à leur manière - Stephen Morris (Joy Division/New Order) produisant leurs derniers morceaux, Chris Carter (Throbbing Gristle) remixant le single Lying – histoire de mettre en condition le trio à l’heure cardinale du premier album. Déjà auteur d’une petite tripotée d’EP, notamment via le label Blast First, Factory Floor est d’ores et déjà attendu du côté des Américains de DFA. Nul doute que le public des Trans se laissera étourdir par cette techno grimée de ferraille, aux pulsations industrielles aussi malsaines qu’addictives. TS

Evening Hymns – Vendredi 2 décembre, Aire Libre

En pariant sur Evening Hymns, on ne touchera pas de prime de risque, Jonas Bonnetta, à la tête du projet, nous ayant tout simplement livré l’année dernière un des plus beaux disques de 2010. Spirit Guides était en effet une merveille de délicatesse, qui a durablement accompagné nos songes les plus bucoliques. Son passage aux Trans sera donc l’occasion d’écouter les nouvelles perles folk de son album à paraître en 2012, qu’on espère aussi envoûtant que le précédent. SLH

Cette sélection est parue sur le blog des Trans dans la rubrique le choix des pro.
A suivre aussi… Breton, The Delano Orchestra, 50 miles from Vancouver…