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Le printemps arabe continue

Publié le 25 octobre 2011 par Marc Lenot

Le printemps arabe continueL’exposition Traits d’Union à la villa Emerige (jusqu’au 12 novembre) est un exemple de plus de la vitalité de l’art du monde arabe, que bien des collectionneurs et critiques réputés semblaient ignorer jusqu’au printemps arabe. Cette exposition est aussi une reconnaissance de l’importance des femmes dans ce monde artistique, loin des faciles préjugés.

Le printemps arabe continue
Commençons par Laila Muraywid, Syrienne vivant à Paris, qui présente photographies et sculptures sensuelles et terribles, évoquant condition féminine
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et stéréotypes. Ses photos en haut, titrées ‘Chair ouverte et flux de sang’ semblent représenter des odalisques, des femmes au harem, dévoilant parfois un sein ou une cuisse; mais leur visage est rongé par une lèpre, un masque proliférant, monstrueux, oppressant ; on pense à de vieilles plaques abimées par l’oxydation, ms c’est d’une violence humaine qu’il s’agit là. Sa sculpture ‘Mariage’, ci-dessus, est terrifiante et séductrice à la fois : deux bras tendus, tragiques, ornés d’excroissances délicates et brutales, et, à leur jonction, cette fente violente.

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La franco-marocaine Najia Mehadji propose des calligraphies envoûtantes, précises et gracieuses, robes de derviches tourneurs, vertige d’un abandon total. Zoulikha Bouabdellah, dont je parle depuis longtemps, construit un zellige avec des Mirages (des avions, bien sûr).

Ninar Esber, Libanaise, fille de poète, crée des œuvres ambiguës : ces deux corps au sol sont-ils des cadavres à la morgue, auxquels ne manquerait plus qu’une étiquette sur le gros orteil, et qui baigneraient dans un liquide mortifère, sang des martyrs ou eau lavant la morgue (comme chez Teresa Margolles) ? Ou est-ce un couple épuisé après l’amour, et les

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humeurs du plaisir qui s’épanchent ? (For 2 minutes). A côté, son installation (For 5 minutes) aligne douze tiges noires surmontées d’une ampoule : comme un peloton d’exécution, et les cinq minutes qu’il faut pour mourir.

Des hommes aussi, bien sûr : le Gazaoui Taysir Batniji et ses photographies clandestines de miradors et de casemates d’observation de l’armée d’occupation, les clous de souffrance de l'Algérien Yazid Oulab, les portraits fleuris et explosifs du Libanais Ayman Baalbaki, les autoportraits dérangeants du Marocain Hicham Benohoud et d’autres encore à découvrir dans cette remarquable exposition.

Photos 1 & 3 de l'auteur; photos 2, 4 & 5 courtoisie de Art Absolument.


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