Résumé : Jeune reporter intrépide, Tintin (Jamie Bell) se retrouve au cœur d’un nid d’embrouilles après avoir fait l’acquisition d’une reproduction du navire La Licorne. Il découvre en effet très vite que la maquette en question renferme un secret permettant de retrouver le légendaire trésor de La Licorne, ce qui bien évidemment attise de nombreuses convoitises…
Les Aventures de Tintin constitue peut-être l’aboutissement ultime d’une des plus vieilles arlésiennes du cinéma. Cela faisait en effet plus de trente ans que Steven Spielberg caressait l’espoir d’adapter en film les aventures du petit journaliste belge. Une mise en chantier constamment repoussée pour des questions de droits (malgré l’aval d’Hergé) et qui aura notamment conduit le réalisateur à créer le personnage d’Indiana Jones par frustration. Alors au final, l’attente valait-elle la peine, et Spielberg a-t-il réussi son coup en prenant le pari de réaliser son film en performance capture et en 3D ?
Inutile de tourner autour du pot, le pari est amplement réussi, et ce sur tout les fronts. Car en plus d’être un formidable divertissement prouvant que Spielberg n’a rien perdu de sa vivacité et de son génie, Tintin est aussi une excellente adaptation des aventures du jeune reporter. En mélangeant trois albums (Le Crabe aux Pinces d’Or, Le Secret de la Licorne et Le Trésor de Rackham le Rouge), Spielberg et ses trois scénaristes (Edgar Wright, réalisateur de Shaun of the Dead, Steven Moffa, responsable de la renaissance de Doctor Who et Joe Cornish, réalisateur d’Attack the Block) ont non seulement réussi à rester extrêmement fideles à l’ambiance de la BD, mais en plus à proposer une trame respectueuse de celle-ci sans pour autant la décalquer bêtement case par case (Zack Snyder et Robert Rodriguez devraient en prendre de la graine). De plus, l’utilisation de la performance capture est ici totalement justifiée, puisqu’une fois passé le choc initial du design particulier des personnages (à mi-chemin entre le photoréalisme et le cartoon) ce procédé s’impose comme une évidence. On a vraiment l’impression de voir les cases de la BD prendre vie sur écran de façon totalement naturelle, et les décors sont d’une beauté à couper le souffle (les scènes dans le désert sont à cet égard saisissantes). Le jeu des acteurs, qui transparait dans chaque plan, renforce lui aussi la crédibilité des personnages que l’on a appris à aimer. Jamie Bell est un Tintin tout ce qu’il y a d’idéaliste et d’intrépide, Daniel Craig est suave et désagréable à souhait en Sakharine, Simon Pegg et Nick Frost truculents et benêts en Dupond et Dupont. Mais c’est véritablement Andy Serkis qui vole la vedette à ses partenaires en campant un Haddock plus vrai que nature avec un accent écossais à couper au couteau, parfaitement en adéquation avec le personnage.
Malgré cette fidélité respectueuse de l’œuvre d’origine, Tintin est un pur film de Spielberg, avec lequel le réalisateur confirme qu’il n’a rien perdu de sa maestria. Les Aventures de Tintin est un spectacle total, qui démarre sur les chapeaux de roue pour ne plus lâcher le spectateur deux heures durant. Visiblement conquis par les possibilités de la performance capture et du cinéma virtuel, Spielberg propose une aventure virevoltante et revigorante, emballant des séquences hallucinantes de maitrise et écrasant sans problème la concurrence. Il ridiculise les quatre Pirates des Caraïbes en une scène de bataille navale de 10 minutes, propose une des scènes de poursuites les plus grisantes vues sur un écran depuis très longtemps, et exploite pleinement les possibilités de l’outil à sa disposition, en expérimentant à tout bout de champ (mais sans que les effets ne soient gratuits) et proposant un film d’une fluidité rare. On avouera même qu’il enfonce James Cameron dans l’utilisation de la 3D, jouant sans arrêt sur les différents plans de l’image, proposant une immersion inédite dans les scènes d’action (le crash de l’avion, l’attaque du canot de sauvetage, la scène déjà mythique de la tyrolienne…) et faisant de nombreux clins d’œil aux spectateurs devant porter les lunettes (on ne compte pas les plans vus au travers de jumelles).
Bref, Les Aventures de Tintin: le Secret de la Licorne est un spectacle tout simplement magique qui ravira aussi bien les amateurs de films d’aventures trépidants que les spectateurs en recherche d’un bon film familial cet hiver. On sent que Spielberg s’est fait plaisir sur ce film, et ce plaisir est définitivement communicatif, puisqu’on se prendra souvent à sourire béatement devant ce génial accomplissement.
Note : 9.5/10
USA, Nouvelle Zelande, 2011
Réalisation: Steven Spielberg
Scénario: Steven Moffat, Edgar Wright, Joe Cornish
Avec: Jamie Bell, Andy Serkis, Simon Pegg, Nick Frost, Daniel Craig, Gad Elmaleh