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Pourquoi je n’oublie pas mes prisonniers ?

Publié le 26 octobre 2011 par Rsada @SolidShell

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Courir après le temps et faire face à ses propres priorités est le quotidien du tout à chacun. Mes dernières semaines ont été bien occupées. Le travail et les obligations n’ont pas manqué. Pourtant, même si mes « pourquoi ? » se sont espacés, je n’ai rien oublié et surtout pas les combats auxquels je crois et le sort réservé aux prisonniers.

Non, mon silence contraint ne m’empêche pas d’entendre le discours du président de la République, déjà entré en campagne, qui redonne jeunesse à sa vieille rengaine de 2007 en accusant une fin de non recevoir aux délinquants et autres criminels. Le bilan de ses quatre années de présidence ne lui permet pourtant pas de se prévaloir d’une quelconque satisfaction.

Le chiffon rouge est une nouvelle fois agité en se bornant à constater la forme plutôt que d’agir sur le fond. Aucune réforme sur l’aménagement des peines, sur l’impérieuse nécessité de se préoccuper de la vie carcérale et du devenir des détenus une fois rendus à la société. Aucune réforme sur les conditions de détention, sur le suivi sanitaire, psychologique et psychiatrique des détenus. Aucune réforme concrète pour redéfinir le rôle de l’enfermement dans notre pays.

A l’heure où certains pointent du doigt les carences d’une Education Nationale en voie de décomposition, le Chef de l’Etat répond par l’ouverture promise de 30.000 nouvelles places de prison en France et en adoubant le rapport du Député Ciotti qui n’a pour seule vertu que de répondre aux angoisses par d’autres angoisses.

La cellule de veille citoyenne fait son travail mais, avouons-le, le temps manque à tous pour répondre point par point à l’avalanche d’inepties dont nous sommes abreuvés avec une constance déconcertante !

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Non, mon silence forcé ne m’empêche pas de penser à l’épée de Damoclès suspendue sur la tête d’Hank Skinner et de son épouse Sandrine. Le contre la montre est désormais bien avancé et, si la Cour d’Etat du Texas ou la Cour Suprême des Etats-Unis n’en décident pas autrement, n’écoutent pas les protestations qui s’élèvent de par le monde, le 9 novembre prochain Hank Skinner subira le même châtiment que Troy Davis il y a quelques semaines.

Les mêmes doutes et les mêmes interrogations sur une possible innocence d’Hank Skinner des faits qui lui sont reprochés, suffisent à nous glacer le sang. Lorsqu’il y a doute, le bénéfice de celui-ci doit en être rendu à l’accusé car une fois la sentence de mort exécutée, tout retour en arrière est impossible.

Quelques jours après avoir fêter les 30 ans d’abolition de la peine de mort dans notre pays, les nouvelles en provenance du Moyen-Orient ou des Etats-Unis doivent interpeller notre conscience humaine et ne jamais renoncer à dénoncer la barbarie du châtiment suprême. 

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Non, mon silence obligé ne m’empêche pas de penser à mon ami, appelons-le Bob, qui comme l’éponge maladroite qu’il est, absorbe la bêtise en refoulant le bon sens. Engagé j’ai été, engagé je demeure. La bataille n’est pas terminée. Il convient à tous de retrouver ses esprits et de puiser dans ses propres ressources. Lorsque la méthode employée donne des signes de faiblesse, on se rebrousse les manches et on recommence autrement ! A bon entendeur…

Enfin, comme un triste record, comme une cruelle révélation d’erreurs cumulées, mon silence de quelques temps ne me fait pas oublier que depuis le 1er janvier 2011, 79 détenus ont mis fin à leurs jours dans nos prisons.

A la manière de Bertolt Brecht : « Celui qui combat peut perdre, mais celui qui ne combat pas a déjà perdu ».


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