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[Critique] RED STATE de Kevin Smith

Par Celine_diane
[Critique] RED STATE de Kevin Smith
Si Red State n’a toujours pas de date de sortie programmée en France, c’est parce que Kevin Smith a décidé de se lancer en solo, et de distribuer son film lui-même. Indé jusqu’au bout, même avec un casting quatre étoiles (John Goodman et Mélissa Léo en tête). Lui, qui avait créé la surprise avec un Clerks bâti avec deux bouts de ficelle, fait le bonheur des festivaliers (Strasbourg, pour la France) avec ce Red State un peu fou, violente critique à l’encontre du fanatisme et obscurantisme religieux. La première séquence refroidit d’emblée: une bande de bigots pourrit l’enterrement d’un jeune gay avec des panneaux anti-homosexuels et pro-chrétiens. Celles qui suivent enfoncent le clou : au lieu du rendez-vous torride annoncé, trois jeunes ados sont capturés par le dit groupe, des extrémistes prêts à tout pour débarrasser l’Amérique de ses Démons. Hostel à l’Eglise ? Film de genre provoc’ ? Rien de tout cela ! Red State, c’est à la fois un film militant, une diatribe chargée contre le fondamentalisme, et un thriller incroyablement efficace.
Formellement, chaque scène dynamite la précédente : Smith nous filme un discours pastoral de vingt minutes ? (effroyable Michael Angarano) Une fusillade toute aussi longue entre l’ATF (le Bureau fédéral US des alcools, tabacs, armes à feu et explosifs) et les fous de Jésus lui succède! Aussi, s’il se montre pamphlétaire et tourne au ridicule ces adorateurs effrayants, le cinéaste n’oublie pas d’insuffler un réalisme saisissant à son récit. Les protagonistes ne sont pas les vieux rednecks habituels du genre (horrifique notamment) mais des Monsieur, Madame et Mademoiselle comme tout le monde (et parfois même plutôt séduisants), et le pasteur possède un certain charisme. Une manière d’ancrer la satire dans le réel. De rappeler, au passage, que rien de ce que l’on voit à l’écran n’est tiré par les cheveux. Smith l’avoue lui-même : son Abin Gaver s’inspire de Fred Phelps, révérend américain raciste et homophobe. Quant au dénouement, il rappelle grandement le tristement célèbre siège de Waco en 1993. Fusil à l’épaule, Smith offre alors la vision terrifiante d’une Amérique post 11 septembre, où certains trouvent refuge dans le rejet d’autrui et l’extrémisme en tout genre.
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