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Mozart me traque dans les salles de ciné

Par Tred @limpossibleblog
Mozart me traque dans les salles de cinéQuel est le tube du moment ? Le morceau star que l’on entend partout ? Le doit-on à Eminem ? Rihanna ? Super Junior ? Francis Cabrel ? Coldplay, Muse, Mireille Mathieu, Julio Iglesias ? Les Black Eyed Peas peut-être ? Rien de tout cela. Non je ne me lance pas dans une rubrique musicale sur mon blog. Il est toujours question de cinéma, et de mes pérégrinations de spectateur. Mais depuis une semaine, il est un morceau de musique qui ne me lâche plus dès que j’entre dans une salle de cinéma. Publicité, bande-annonce, films. Quel que soit le film que je suis allé voir en salles ces derniers jours, à un moment ou à un autre, la même petite musique s’est fait entendre en Dolby Surround.
Le plus étrange, c’est que ce tube du moment, immanquable, a été composé il y a plus de 200 ans. Le Concerto pour piano n°23 de Mozart. Cela a commencé il y a quelques semaines lorsque la nouvelle publicité pour Air France est apparue sur les écrans. Dans un décor désertique majestueux, on y voit deux danseurs (dont Benjamin Millepied) œuvrer au rythme de la composition de Wolfgang Amadeus. Assez hypnotisant comme pub.
Samedi dernier, après avoir déjà vu plusieurs fois la publicité d’Air France au cours des semaines précédentes, j’étais installé au MK2 Hautefeuille pour voir Après le sud. Bien sûr, le spot pour la compagnie aérienne française a été diffusé, sans surprise. En revanche, j’ai ensuite découvert avec amusement la bande-annonce d’Il était une fois en Anatolie, le nouveau long-métrage du turc Nuri Bilge Ceylan. La musique accompagnant les images du film récompensé du Grand Prix au dernier Festival de Cannes ? Le Concerto pour piano n°23 de Mozart ! Marrant.
Mozart me traque dans les salles de cinéL’amusement a ensuite cédé la place à l’ahurissement lorsque le film (Après le sud, donc) a commencé. La scène d’ouverture montre un vieil homme dans son salon, nettoyant consciencieusement un fusil tout en l’assemblant. A l’écoute, un morceau de musique classique que je reconnais rapidement, l’ayant déjà entendu deux fois dans le quart d’heure précédent : le concerto pour piano n°23 de Mozart. Incroyable. En l’espace d’une séance de cinéma, j’aurai entendu la création du compositeur autrichien trois fois, dans trois contextes différents : musique de publicité, musique de bande-annonce, et musique de film.
Je me voyais déjà écrire ce billet. Après le Sud avait beau avoir failli m’endormir malgré son intéressante narration à multiples points de vue, la séance était suffisamment cocasse pour être racontée pour cette occurrence répétée de musique classique plus marquante que le film lui-même (ou que celui vu juste après, Un heureux évènement). Mais voilà, je ne l’ai pas écrit sur le champ. Et trois jours plus tard, contre toute attente, alors que je croyais l’avoir semé, Mozart m’est retombé dessus, toujours avec son Concerto pour piano n°23.
C’était mardi soir, une des dernières occasions de voir L’Apollonide, souvenirs de la maison close. Si la musique marque dans le film, c’est parce qu’elle est moderne, alignant quelques morceaux rock de la fin du 20ème siècle alors que le long-métrage de Bertrand Bonello prend place entre 1899 et 1900. Mais c’est aussi, pour moi qui avais encore la séance d’Après le sud en tête, parce que vers la fin du film, alors qu’une partie fine assez étrange se déroule à écran, le Concerto pour Piano n°23 de Mozart a de nouveau retenti à mes oreilles.
Mozart me traque dans les salles de cinéC’en est maintenant tellement surréaliste que je ne sais plus trop quoi en penser. Non pas du Concerto lui-même mais de son usage intempestif ces temps-ci. N’y a-t-il donc pas d’autre morceau de musique classique qui ravisse les cinéastes, les publicitaires ou les monteurs de bandes-annonces, pour que l’on ait à chaque fois droit au même concerto de Mozart – par ailleurs magnifique. Ils vont finir par me le rendre moins savoureux à force de le mettre à toutes les sauces. Ils vont aussi finir par me rendre parano, à croire que Mozart a un œil sur moi et me surveille. Quoi que je fasse, il est là, tapi dans l’ombre, prêt à me surprendre dans la moindre salle de cinéma où je me rends !
Assez curieusement, les deux films à l’affiche le plaçant, Après le Sud et L’Apollonide, sont passés par le Festival de Cannes en mai dernier, et chacun compte également Adèle Haenel à son casting. Et si elle aussi se sentait poursuivie par Mozart ?

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