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Le trader et la ménagère – Enquête sur l’hypercapitalisme, de Michel Musolino

Par Litterature_et_chocolat @HeleneChoco

Promesses alléchantes… et non tenues.

Le trader et la ménagère – Enquête sur l’hypercapitalisme, de Michel MusolinoMichel Musolino bénéficiait d’un a priori plutôt favorable : j’étais prête à en découdre avec le capitalisme, les traders, la finance et l’économie, bref, j’étais gagnée à la cause et avais sorti mes banderoles aux slogans vengeurs avant même d’entamer la lecture. Las! j’ai promptement ravalé mon enthousiasme, et finalement c’est l’essai lui-même qui subit ma vindicte. Explications…

RÉSUMÉ :

Ce document propose de mener l’enquête sur les raisons qui ont conduit le monde au chaos actuel, à travers les différentes faces du prisme : l’économie, la finance, le marketing, la politique, et en remettant au centre de l’équation la consommation, par le biais de la ménagère. Michel Musolino se propose ainsi d’explorer la crise économique et morale de notre société, et les possibles moyens d’y circonvenir.

MON AVIS : dispensable, au profit d’autres essais et documentaires très réussis.

Comprendre la crise qui secoue le monde depuis 2008 n’est pas chose aisée tellement les imbrications sont complexes entre les différents paramètres. Mais réaliser cette performance en 212 pages est d’autant plus ambitieux que le récit est émaillé de considérations personnelles, parfois déplacées, sur des économistes, des courants politiques, des idéaux… Ainsi Malthus se voit-il affublé d’un « esprit de pasteur protestant étriqué », on apprend qu’ « Attali a fait de grands progrès », et de l’avis de l’auteur, l’écologie des années 2000 est devenue « une sorte de franciscanisme remixé « New Age », quelque chose de tout à fait insupportable ». S’opposer aux idées de ses confrères est une chose, et encore faut-il faire preuve d’un argumentaire solide singulièrement absent dans ce livre, régler ses comptes avec les personnes en est une autre et nuit au sérieux qu’on attend de ce genre d’essai.

Si par ailleurs le livre remplissait ses promesses et éclairait avec pédagogie et finesse ses lecteurs sur les rouages complexes du chaos auquel nous faisons face, on pourrait faire abstraction du ton cinglant et caustique. Malheureusement, les théories économiques sont survolées, les idées politiques à peine abordées, les explications sont confuses. Posséder de solides bases en finance et en économie semble être un prérequis pour comprendre les propos de Michel Musolino, et même doté d’un tel bagage, on peut trouver que l’ensemble reste flou et inconsistant. Quant aux solutions, elles sont saupoudrées au fil de l’eau, et on comprend bien que consommer ne fait pas le bonheur, que le PIB est une notion à revoir, que les notions de bien-être et de morale devraient être intégrées aux raisonnements économiques… En doutait-on seulement?

Au final, entre l’essai factuel et le pamphlet engagé, Michel Musolino a choisi le second en passant habilement sous silence l’éventualité d’une responsabilité collective dans la crise actuelle, contrairement à ce qui est exposé dans l’introduction de l’ouvrage. C’est dommage, quitte à gratter là où ça démange, autant le faire à fond…

JE VOUS LE CONSEILLE SI…

… vous n’êtes pas contre un peu de polémique : à travers cet ouvrage, on affûte ses arguments pour alimenter les futures discussions enflammées de fin de soirée. Mes amis traders n’ont qu’à bien se tenir…

EXTRAITS :

Certaines propositions économiques font froid dans le dos :

Il s’agit de créer des produits dérivés et donc des marchés inspirés de ceux de la finance et de l’assurance pour « gérer l’occurrence d’évènement défavorables » sur le modèle des swaps de change ou de taux. Bien entendu, les individus ne sont pas menacés par les variations de taux de change ou du prix du pétrole. Leur risque est lié, au niveau de leur salaire ou le prix de leur logement, à leur carrière. [sic]
« Les salariés, poursuit Shiller, pourraient s’assurer contre la perte de leur emploi due à l’émergence d’une nouvelle technologie ou à la concurrence de la main d’œuvre étrangère »

VOUS AIMEREZ PEUT-ÊTRE :

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Freakonomics, de Levitt et Dubner

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Inside job, réalisé par Charles Ferguson

 On y apprend à se poser de (bonnes) questions Un film excellent et très pédagogique sur les dessous de la crise actuelle.


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