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Nucléaire : le débat budgétaire qui monte

Publié le 29 octobre 2011 par Egea

A quatre jours d'intervalle, le Monde publie deux articles posant la question du nucléaire militaire : l'un d'une journaliste maison, Nathalie Guibert, l'autre du Général de corps aérien (2S) Norlain, qui avait déjà signé une tribune prônant la fin du nucléaire il y a deux ans, et qui réitère cette fois-ci. Cela va à l'appui des discours de Louis Gautier, qui interviendra prochainement sur le sujet dans un colloque dont je vous reparlerai. Cette concomitance est le fait du hasard, certainement. Mais la question mérite examen.

Nucléaire : le débat budgétaire qui monte
Source (article sur le laser mégajoule)

Que disent les critiques ? que le nucléaire coûte cher, et que sa part relative doit être interrogée. Certes, les choix ne sont pas pour aujourd'hui, puisque "c'est en 2015 que doivent être prises des décisions importantes pour préparer la prochaine génération de missiles et de sous-marins nucléaires lanceurs d'engins, à l'horizon 2030" (N. Guibert).

Mais plusieurs arguments poussent à soulever la question plus précocement :

  • d'une part, la nécessité de poursuivre les efforts d'équipement pour les autres composantes, notamment terre, air et mer, sans même parler du spatial, dans une situation budgétaire que chacun sait tendue
  • d'autre part que la Défense antimissile risque de demander des fonds qu'il faudra bien chercher quelque part (effet d'éviction que j'ai souvent signalé, justifiant mon scepticisme envers cette DAMB)
  • ensuite que le discours de Prague en 2010 par le président Obama à relancé le mouvement global zero
  • que le dernier sommet allié de Lisbonne a été l'occasion d'une dispute franco-allemande sur cette question nucléaire, et que le sujet reviendra à l'ordre du jour du prochain sommet de Chicago, début mai 2012, soit au beau milieu de l'élection présidentielle
  • que Fukushima pose la question du nucléaire civil, et indirectement celle du nucléaire militaire
  • que le traité franco-britannique de Lancaster House a pour objet, entre autres choses, de mutualiser les installations de simulation
  • que la crise financière pose la question budgétaire : c'est d’ailleurs probablement cette raison qui suscite le moment d'une telle campagne médiatique

Sur le fond, un fidèle lecteur d'égéa, JDF, pose les questions suivantes, je le cite: : Le général pense-t-il :

  1. Que de se séparer de l'arme nucléaire améliorera les conditions d'emploi de nos troupes, par transfert des budgets ?
  2. Que la situation stratégique générale mondiale n'évoluera pas si vite (l'Europe reste une île stratégique) que nous pourrons retrouver très vite des moyens d'action classiques et/ou nucléaires en cas de besoin (notre lecteur a en tête la dernière livraison du colonel Goya sur la difficulté à monter en puissance) ?
  3. Qu'il est une bonne chose que la France abandonne unilatéralement ses capacités nucléaires ou les réduise encore, sans négociation avec les autres puissances nucléaires ?
  4. Enfin, en affirmant que nous sommes passé d'une dissuasion du faible au fort à une dissuasion du fort au fou et au faible, veut-il juste finir sa tribune avec esthétisme ou croit-il vraiment à cet argument, malgré sa faiblesse interne ?

En tout cas, le débat est ouvert : il ne s'agit pas de renoncer à la dissuasion, sur laquelle la France a investi depuis presque soixante ans, et qui est le premier gage de la paix européenne, plus que la construction européenne ;mais peut-être de poser la question de l'enveloppe de celle-ci. Une question stratégique avant d'être financière. Une décision qui appartiendra au futur président.

Références :

  • Article de N. Guibert
  • Article du Gal Norlain

O. Kempf


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