Magazine Cinéma

Pascal Légitimus "Alone Man Show"

Par Gjouin @GilbertJouin

Le Palace
8, rue du Faubourg Montmartre
75009 Paris
Tel : 0892 68 36 22
Métro : Grands Boulevards
One man show écrit par Pascal Légitimus
Coloré par Gil Galliot, Rémy Caccia et Arnaud Gidoin
Mis en scène par Gil Galliot
Mon avis : Pascal Légitimus a attendu d’avoir pratiquement trente ans de carrière pour procéder enfin à son « comique out ». Habitué jusque là à se produire en quintette (Smaïn, Brussel, Campan, Bourdon), puis en trio (Les Inconnus) ou en duo (Mathilda May), pour la première fois, il ose se présenter sur scène tout seul. Il s’est estimé suffisamment mature pour nous parler de lui. De lui, Pascal Légitimus. De son moi intime. Pudique et discret, il fallait qu’il ressente un besoin vraiment impérieux pour avoir le courage de se mettre ainsi l’âme et le cœur à nu, d’évoquer ses origines, de révéler surtout son métissage si original. Pascal est né d’une maman arménienne et d’un papa antillais. Il est issu de deux cultures tellement différentes qu’il lui a fallu beaucoup de temps pour en maîtriser parfaitement les paramètres. Ce spectacle, il le portait en lui depuis des années, mais il était si personnel que s’offrir ainsi en pâture au public lui semblait vraiment par trop impudique. Car Pascal, excessivement réservé, s’est toujours caché derrière l’humour. On ne savait rien de lui, ou presque rien.
Il fait donc enfin sauter le couvercle. Depuis le 13 octobre, il se raconte, le cœur (croisé) sur la main, offert à tous. Pour lui, l’heure du crème a sonné. Il a atteint l’âge de la métisagesse. Il a désormais suffisamment de recul.
Le Alone Man Show de Pascal Légitimus n’est pas à proprement parler un spectacle comique. L’humour y est certes en permanence tel un fil rouge (on ne peut pas forcer sa nature), mais il se partage avec énormément d’émotion. Il part habilement du général (l’emploi des Noirs aux débuts du cinéma, le Black Power aux Etats-Unis, les Jackson Five) pour évoluer progressivement au plus particulier (ses 14 ans et sa coupe afro, ses premières auditions, le Petit Théâtre de Bouvard, les films et la musique qui ont compté pour lui…). Mais surtout, il s’attarde sur son écartèlement entre deux cultures, deux religions, deux gastronomies, deux modes de vie. Pour cela, il fait appel à une excellente astuce de mise en scène en utilisant un ameublement approprié : une chaise bicolore, une armoire blanche pour symboliser la branche maternelle, une marron pour la branche paternelle. Ce qui lui permet d’aller directement au sujet sans avoir à s’embarquer dans de longues périphrases explicatives.
Pascal est issu de deux peuples qui ont beaucoup souffert. L’esclavage pour l’un, le génocide pour l’autre. C’est là que l’humour, la distance et l’auto-dérision sont salvateurs.
Dans ce spectacle qu’il aurait pu sous-titrer « le Caucase de l’Oncle Tom », j’ai particulièrement aimé (en vrac) : les jeux de lumière, sa façon de bouger et de danser si personnelle, ses mimiques impayables (quel comédien !), son personnage de beauf sans gêne et envahissant, sa parodie remarquablement écrite de la tirade des nez de Cyrano de Bergerac et son évocation de sa tante, un personnage haut en couleurs aux aphorismes irrésistibles…
Pour Pascal, on le sent, cet Alone Man Show était un passage obligé. C’est une parenthèse nécessaire, plus pour sa vie d’homme que pour sa carrière, son côté cœur. Après, côté jardin, il va se sentir totalement libéré pour reprendre le cours de ses activités qui l’ont rendu célèbre avec, entre autre, la reformation tant espérée du trio des Inconnus. Mais au moins ce spectacle lui aura-t-il permis de rendre hommage avec beaucoup de sensibilité à ses géniteurs et de se raconter sans détours en toute authenticité. Le clown blanc nous propose son négatif à la fois drôle et émouvant. Un sacré exercice de style !

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Gjouin 18712 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog

Magazines