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Exposition de sculpture chez Saatchi (auteur invité)

Publié le 01 novembre 2011 par Marc Lenot

Ce billet a été rédigé par Roy Pallas, auteur du blog « le dessin », qui m’a proposé ce texte sur l’exposition « The Shape Of Things To Come : New Sculpture» qui a eu lieu à la galerie Saatchi à Londres entre le 27 mai et le 16 octobre 2011 (et que je n’ai pas vue, après celle sur la peinture).

Le propriétaire, Charles Saatchi, est un collectionneur et marchand d’art ayant fait fortune grâce à une entreprise publicitaire qu’il a monté dans les années 70. En 2007 il s’allie avec Simon de Pury, commissaire-priseur, dans le but de créer un nouveau musée qui a ouvert ses portes en 2008 à King’s Road dans le quartier de Chelsea à Londres. Leur ambition est de promouvoir de jeunes artistes et de présenter des pièces qui n’ont encore jamais été exposées dans le Royaume-Uni.

La galerie dispose de 14 grandes salles du style « white cube ». Autant dire que les oeuvres sont très aérées grâce à cet espace. Ce sont majoritairement des productions de grandes dimensions qui sont présentées. Cette exposition nous permet d’apprécier un large panel de matériaux (la cire, le plâtre, le

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polystyrène, le métal, la pierre, le plastique...) utilisés par les artistes pour créer des objets au rendu très divers. Je vais, dans les lignes qui suivent, présenter une partie des artistes (pour moi les plus marquants de cette manifestation).

On commence avec Kris Martin et sa

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réflexion sur l’ambition qui fait avancer les hommes, le besoin de conquérir un sommet pour le marquer d’une croix symbolique. L’artiste occupe l’espace avec des monolithes dressés verticalement où figurent des crucifix au sommet. Chaque pierre fait penser à l’art du paysage miniature japonais où le lointain est suggéré par la taille réduite des éléments. Que reste-t-il lorsqu’on a atteint le pic ? Où va-t-on lorsqu’on a atteint nos buts ? Comment repartir ?

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Berlinde de Bruyckere génère des formes hybrides, des corps humains dont les membres disparaissent ou sont remplacés par des longs tentacules. C’est ainsi qu’elle met en forme cette dualité entre la mort et la souffrance du vivant. Par contre ses matériaux sont toujours empreints de douceur même en ce qui concerne les corps étranges fait à la cire, elle-même mélangée à des pigments.

Un de ses chevaux (son animal de prédilection) avait pu être observé au musée des Augustins durant le printemps de septembre 2009 à Toulouse. C’était une jument ayant le ventre ouvert et pendue par une patte. Une posture aussi élégante que dérangeante. Contrairement à celle-ci, les chevaux exposés à la Saatchi adoptent une posture recroquevillée, on a l’impression d’être en face de blocs. En regardant de plus près, on ne remarque ni museau, ni lèvres, ni yeux. La peau recouvre entièrement la tête. Celle-ci est sans expression, lisse et anonyme. L’artiste a enlevé ce qui faisait la singularité de l’animal. Une fois morts, ne sommes-nous rien de plus qu’une matière malléable privée d’identité ?

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On poursuit avec des installations d’objets contemporains de l’artiste d’origine allemande, Dirk Skreber. On peut observer le résultat d’un “crash” de deux voitures japonaises sur des poteaux. En entrant, on a l’impression que les voitures sont immobilisées quelques secondes après leur accident et qu’elles sont suspendues dans le temps. Un effet auquel contribue la grande salle aux murs blancs de la galerie. On tente de s’imaginer quelle force et quelle direction ont pu plier de cette manière les véhicules. La carrosserie, les éléments du moteur, l’aménagement intérieur sont brisés, rayés, pliés et réorganisés autour du pilier par la déformation même qui a servi à altérer leur forme. Une tension de la chute se fait sentir par le maintien en équilibre de la voiture autour de ce dernier.

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Avec sa sculpture « The Healers » (« les guérisseurs »), David Almejd parcourt la voie de la multiplication et de l’interpénétration des figures. Les sujets se mélangent, leurs corps sont fragmentés dans cette oeuvre. On peine à déterminer à quel personnage appartient une main, un pied, un sexe...
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La sculpture possède un dynamisme qui trouble notre vision par un jeu subtil d’imbrication des formes et par le foisonnement des détails. En même temps elle semble s’effriter, tomber en miettes à mesure que l’ébat macabre se poursuit. Comme une agonie sexuelle mise en forme.

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C’est une ronde de danseurs taillés dans de la mousse de polyuréthane que nous donne à voir Folkert De Jong. Tous en rond, le regard perçant et leurs bras remplacés par des planches de polystyrène rose, donnant ainsi aux danseurs une silhouette de crucifix. Leurs mimiques faciales sont équivoques à l’image de
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leur posture, on ne sait dire s’ils dansent ou s’ils souffrent. Ce sont des expressions inquiétantes comme s’ils étaient au bord de l’évanouissement. Ou alors est-ce le signe d’une forme d’extase ?

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Alors que les premières salles au rez-de-chaussée sont habitées par des monolithes, c’est avec des installations de néons que l’on termine l’exposition. Est-ce que les dispositifs lumineux de David Batchelor, Anselm Reyle et Björn Dahlem sont là pour apporter une réponse à la question (où aller lorsque l’on atteint le sommet ?) de Kris Martin ? Ou alors est-ce que chercher la hauteur doit être vu comme une manière de se rapprocher de la lumière au sens spirituel (tels les yamabushi japonais) ?


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