Affiche étonnante ce soir aux Ateliers Claus ( TAG)
Devant un public venu nombreux c'est Quattrophage qui ouvre les hostilités ce soir.
Ce trio français composé d'Olivier Hue (cordes et bricophonie), de Nicolas Lelièvre (percussions et artisanat
sonore) et Mathieu Safatly (cello electr.) va mettre nos oreilles et nos nerfs à rude épreuve 40 minutes durant.
Plutôt bruitiste et expérimentale, la musique de Quattrophage (si on peut appeler ça de la musique !) est une superposition de sons et de rythmes provenant de l'utilisation de différents objets,
outils, plaques métalliques, amortisseurs de voiture, clous et autres pinces à linge que les musiciens utilisent en frappant dessus ou en les coinçant dans leurs instruments, comme cette latte
passée entre les cordes d'un cello électrique que son propriétaire martyrisera tout le set durant avec un archet, des tiges métalliques, des clous et autres accessoires qui lui tomberont sous la
main jusqu'au moment fatidique ou plus aucune corde ne survivra à l'expérience.
De l'eau qui coule sur une caisse claire, des couvercles métalliques qui servent de percussions, Quattrophage officie sur une scène qui ressemble plus à un tapis de vide grenier qu'à un plancher
artistique. Au sol une quantité d'objets, de vis, d'objets hétéroclites tout droit sortis d'une poubelle dont le groupe se servira pour martyriser nos pauvres feuilles de choux.
Certains bien sûr crieront au génie et se pâmeront devant tant d'inventivité (sic!), en ce qui me concerne j'appelle ça plutôt du foutage de gueule.
"Ladies & Gentlemen, Quattrophage ! Dress code obligatoire, entonnoirs en vente à l'entrée !"
Le plus grand fou-rire nerveux de mon existence !
Après avoir repris nos esprits et goûté à la bière au fût servie bien fraîche par les madelons du coin, voici sur le coup de 22h10, les très attendus FAUST.
Et ça commence fort avec un hommage à Antonin Artaud.
"Le dieu Caca ! " hurle Jean Hervé Péron le bassiste, grand énervé sympa devant l'éternel.
On savait FAUST capable de prestations étonnantes et inattendues, celle de ce soir va tenir toute ses promesses.
On est en plein Krautrock saupoudré d'expérimental à tendance bruitiste, eh oui ma bonne dame Faust ne fait pas dans la dentelle. Et je ne vous parle pas des épisodes perceuse et disqueuse qui appliquées contre un vieux tonneau métallique envoyèrent des arcs de feu vers la foule tandis que le band balance un rock débridé. Faust
c'est du rock barjo, du rock habité et foldingue pour grands malades !
Derrière ses fûts, le géant Werner "Zappi" Diermeier, en short et t shirt, martelle sans cesse et sans répit. Et des invités se joignent au groupe.Ils
seront jusqu'à sept musiciens sur scène. Parmi eux une François Breut, hilare, manifestement heureuse de venir taper le boeuf avec les dingos franco-teutons.
"En veux tu des effets ? En voilàààà ! " Péron martelle sa basse, agité par un balancement presque spasmodique.
A Mich : allo ? Tu m'entends ?....allo ? tu m'entends ?... Vous devez composer le numéro de votre département...
Chaque titre tend un peu plus vers cette folie légendaire propre à Faust, ce déferlement hypnotico hystérique, ce rock de la marge qui secoue les entrailles du public avant de s'attaquer à se
neurones.
"C'est l'histoire d'un chat....Ah bon? et il fait quoi le chat ?Il regarde un tigre. Quoi le chat regarde un tigre? Et alors ?
C'est compliquéééé......
Quoi !?
C'est compliquééé..."
Du rock en absurdie, de haut vol, aux frontières du prog et de la musique électronique.
Une grand messe païenne.
En fin de set, clou du spectacle, Jean Hervé tronçonneuse à la main viendra découper quelques plaques de frigolite au dessus d'un public effrayé, hilare et en transe.
Ma voisine en renverse sa bouteille de vin qui mêlée à la poussière émanant de la disqueuse transforme vite ma veste posée sur le bord de la scène en serpillère noirâtre.
Le public ovationne le band.
"Pour les autographes, on se retrouve au toilettes !" lance Jean Hervé.
C'est en effet aux toilettes où je tentais tant bien que mal de me débarbouiller que les deux compères dédicacèrent ensuite mon album tandis que ma veste terminait sa vie rock 'n roll au fond
d'une poubelle.
Faust venait de donner ce soir un concert de fou, imprévisible et brûlant qui a laissé son public à genoux. Je ne sais pas si ceux là ont vendu leurs âmes pour être toujours aussi allumés après
40 années d'existence, mais une chose est certaine, ce soir ils avaient le diable au corps !
SETLIST:
Kundalini- Accroché- Ce chemin est le bon + Oberton - Petits Jons - Effets - "a"Mich- Compliqué.
JPROCK