Paris-Manderen : l’exposition du sculpteur allemand Stephan Balkenhol vaut le déplacement ! Un joli périple artistique fait ce week-end avec une halte symbolique à Verdun, en cette période de la Toussaint…
Situé en Moselle, le château de Malbrouck accueille une rétrospective de Balkenhol : 50 sculptures, bas-reliefs et dessins, à découvrir jusqu’au 11 décembre. Né en 1957, Stephan Balkenhol vit à Meisenthal (Moselle) depuis une dizaine d’années, et enseigne à l’Ecole des Beaux-Arts de Karlsruhe en Allemagne.
Dans ce château du XVe siècle fortement restauré, les sculptures en bois polychrome de l’artiste rappellent la statuaire médiévale et répondent parfaitement à l’architecture. C’est d’ailleurs à l’occasion de l’exposition « Les contes de fée se terminent bien » en Haute Normandie que j’avais découvert l’artiste en 1995 et eu pour son œuvre un véritable coup de cœur.
Dans la petite chapelle, face à un imposant gisant de pierre, Stephan Balkenhol a placé la statue d’une gracile jeune femme debout, en robe blanche et au déhanchement élégant sur son socle rouge. Une œuvre réalisée en quelques heures, à la tronçonneuse dans un bloc de tilleul. A la plus grande surprise des commissaires de l’exposition qui n’attendaient pas cette invitée de dernière minute (sculpture estimée aujourd’hui à 200 000 euros ) !
Balkenhol choisit le bois car c’est une manière vivante, rapide à travailler, au même rythme que celui de sa pensée, où son regard lui permet d’aller. A l’inverse de l’argile, trop rapide, ou de la pierre, trop lente. « Chaque coup donné dans la matière est une décision », expliquait t-il un jour dans un reportage donné à Arte. Le recours à la perspective en sculpture comme en sculpture est remarquable dans le travail de Balkenhol comme en témoignent les photos que j’ai prises de son « autoportrait ». Le visiteur se sent observé quelque soit l’angle de vue. Son déplacement dans l’espace lui fait percevoir les différentes facettes du personnage.
L’art n’est que vanité. Cette idée sous-jacente revient souvent sous le burin de Balkenhol pour nous émouvoir et nous faire sourire. Placés sur socle, ses figures aux expressions hiératiques sont parfois de taille monumentale. A l’instar de ce personnage dont le cœur, à hauteur des yeux du visiteur, a été tailladé en profondeur. Une blessure qui évoque le « trou » dans la poitrine du dormeur du val de Rimbaud. Une œuvre poétique, ironique et solennelle.N'hésitez pas à coupler l’exposition au château de Malbrouck avec la visite du Centre Pompidou de Metz où sont présentées les réalisations des designers Ronan et Erwan Bouroullec, jusqu’au 30 juillet 2012.
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