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Le changement ne peut venir de l’intérieur du système

Publié le 03 novembre 2011 par Amroune Layachi

Le changement ne peut venir de l’intérieur du système

L’ancien chef du gouvernement Ahmed Benbitour a la conviction fort établie de ce que le changement tant réclamé en Algérie ne peut venir de l’intérieur du système. S’il estime que les révolutions arabes ont validé un nouveau paradigme du changement, il ne s’en fait, cependant, pas adepte.


Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir) - Ce nouveau paradigme, Ahmed Benbitour le définit comme l’occupation par la population d’une place centrale au niveau de la capitale, comme l’histoire toute récente a donné à le voir en Tunisie, en Egypte, en Libye et ailleurs dans le monde arabe. L’ancien chef du gouvernement, qui a animé hier, au centre culturel Azzedine- Medjoubi, à Alger, un débat autour de l’appel du 1er Novembre, pense que les conditions de la réalisation d’un tel paradigme en Algérie existent, illustrées par la multitude de grèves et d’émeutes essaimant à travers le pays. L’affirmation ne vaut cependant pas engagement chez ce commis de l’Etat converti au militantisme politique, depuis qu’il a quitté avec fracas ses fonctions officielles. Son propos épouse tout juste les contours de la pédagogie. Lui milite plutôt pour une transition apaisée, laquelle sera un passage négocié du régime actuel vers un nouveau régime. Les préalables à réunir, dit-il, consistent en une idée force, une vision, une direction démocratique, des personnalités d’appui et le pari de la jeunesse. Affirmant cela,

Ahmed Benbitour se déclare fort convaincu que les paradigmes classiques pouvant induire le changement sont inopérants. Ni les élections, ni l’action des partis politiques qu’il considère gagnés par la pétrification ne peuvent à ses yeux impulser une dynamique de changement. «Les élites reproduisent les comportements des tenants du régime», assène-t-il. D’ailleurs, il ne se prive pas de comparer les élites d’aujourd’hui à celles du début des années 50 qui, préoccupées par des questions de leadership, ont été déclassées par la dynamique de la lutte de libération nationale. Ahmed Benbitour a attesté aussi que l’appel du 1er Novembre 1954 ainsi que les résolutions du Congrès de la Soummam en 1956 restent plus que jamais d’actualité. «Le Congrès de la Soummam a travaillé à réhabiliter les élites, en instituant la primauté du civil sur le militaire et celle de l’intérieur sur l’extérieur. Mais à l’indépendance,

c’est l’armée des frontières qui prit le pouvoir.» Cela dit, sur un plan plus global, Ahmed Benbitour a estimé que les régimes arabes post-décolonisation, qui ont assis leurs autorités sur la légitimité révolutionnaires, ont échoué dans les édifications nationales. D’où les révolutions en cours. L’Algérie est-elle à l’abri, elle qui jouit d’une considérable manne pétrolière ? Ahmed Benbitour a asséné cette vérité : «Le pays subit un étranglement aveugle.» Parole d’économiste.
S. A. I.


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