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Référendum en Grèce : Les marchés sont-ils anti-démocratiques ?

Publié le 03 novembre 2011 par Edelit @TransacEDHEC

Coup de tonnerre sur les places financières au retour d’un week end prolongé : Les bourses européennes ont toutes drastiquement dévissées au cours des séances du lundi 31 octobre et du mardi 1 novembre. Le CAC a cédé pas moins de 3,16% lundi puis 5,38% mardi avant de se stabiliser mercredi à 3 110,59 points.
Il faut convenir que l’annonce lundi soir par le premier ministre grec, Georges Papandréou, de la tenue d’un référendum portant sur l’adoption du plan de sauvetage de la Grèce, était des plus inattendue. N’est-il toutefois pas déraisonnable de brader les titres bancaires, pourtant déjà à des plus bas historiques comme l’ont fait les opérateurs de marchés ? Cette attitude peut paraître d’autant plus surprenante au vu du fait qu’elles avaient été plébiscitées quelques jours plus tôt.
A en croire les cassandres et autres prophètes de malheur, il s’agirait là encore d’une démonstration de l’exubérance des marchés financiers, voire de leur incohérence. Certains vont même, à l’image de Nicolas Dupont-Aignan sur BFM Business, blâmer leur « immoralité » : comment ne pas s’indigner devant l’irresponsabilité des financiers sanctionnant le recours à la sagesse populaire et au bon sens commun ?
Il conviendrait toutefois de rappeler que les corrections qui ont eu lieu sur les marchés, ne ramènent les cours qu’aux niveaux atteints à la veille de la conclusion de l’accord européen pour le sauvetage de la Grèce. Autrement dit, les marchés n’ont fait qu’anticiper le refus de ce plan et les conséquences de sa non-application. Dès lors que le sauvetage de la Grèce n’était plus assuré, les pertes en capital sur les obligations grecques ne pouvaient raisonnablement plus s’estimer à seulement 60%. Ce qui rend légitime le repli sur des valeurs refuges au détriment des valeurs bancaires qui risque fort d’avoir à se recapitaliser au vu de la dépréciation de leurs actifs.
Aussi les marchés financiers n’ont-ils pas sanctionné le recours à un processus démocratique, ils ont estimé ses probables conséquences sur le remboursement de la dette grecque. Ils ne sont donc nullement anti-démocratiques et encore moins immoraux –si tant est qu’il soit judicieux de soulever cette question les concernant. C’est là toutefois un paradoxe que certains politiciens semblent de ne pas vouloir entendre, tant il est vrai que la réalité diffère d’un simple jugement de valeur, si séduisant auprès des électeurs…

Jean-Baptiste Duret


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