Au cimetière de Ballan-Miré (Indre-et-Loire) se trouve une stèle édifiée, semble-t-il, après la guerre, dans les années 1960. Actuellement en mauvais état et déclarée en état d'abandon, elle sera sans doute relevée dans les mois à venir. Elle comporte un blason singulier, que nous avions photographié en 1978, et c'est cette photo que nous présentons, car la gravure est devenue, depuis, presque illisible.
© Photographie Laurent Bastard, D.R.
On y découvre les lettres G et E, qui sont probablement celles du défunt. Pourquoi n'a-t-il pas souhaité (ou sa famille) faire figurer son patronyme en toutes lettres ? En effet, l'état civil profane a cédé le pas devant le nom de compagnon : DAUPHINÉ LA FRANCHISE.
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Suivent les lettres triponctuées C. M. F. D. D. qui signifient "Compagnon Maréchal-Ferrant Du Devoir".Le blason gravé au-dessus le confirme, puisqu'un fer à cheval se trouve entre un compas et une équerre. Mais ce blason n'est pas celui (ou l'un de ceux) qui fut en usage chez les compagnons maréchaux-ferrants durant la première moitié du XXe siècle. En effet, y étaient en général associés un boutoir, un brochoir et des tricoises ou encore un fer à cheval et ces trois outils, ou bien le compas et l'équerre associés aux outils et à un fer à cheval.
Or le blason figurant sur la tombe ne ressemble à aucune de ces compositions. Il rappelle nettement celui des compagnons menuisiers et serruriers du Devoir de Liberté, celui qu'ils adoptèrent à partir des années 1930, et qui comprend un compas d'épaisseur, à branches arquées, ainsi qu'une graduation entre ses pointes.
Comment expliquer cette curiosité ? Ce compagnon maréchal fréquentait-il les Gavots ? Après son décès, sa famille aurait-elle cru bien faire en confiant au marbrier un en-tête de lettre de CMDDDL, pensant qu'il s'agissait de la société du défunt ? Y aurait-il eu quelques maréchaux réfractaires à l'Association ouvrière qui se seraient affiliés aux Gavots ?
Autant de questions que nous soumettons aux actuels compagnons maréchaux-forgerons-mécaniciens et aux Gavots, qui devraient pouvoir retrouver trace dans leurs registres d'un "Dauphiné la Franchise" aux initiales G et E.
L'homme pense parce qu'il a une main. Anaxagore (500-428 av. J.-C.)
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