Le billet de 2 000 DA est finalement falsifiable !
Le réseau, composé de 7 individus, tous des repris de justice, proposait un échange de 100 millions de centimes en faux billets, contre 250 000 DA en vraies coupures de 1 000 DA.
Le nouveau billet de 2 000 DA émis par la Banque d’Algérie est finalement falsifiable. Déclarée “non falsifiable” par les autorités financières du pays, cette coupure, par ailleurs, peu connue sur le marché de la monnaie, n’est pas à l’abri de l’imitation. Pour preuve, une tentative de falsification a récemment été déjouée grâce à la prouesse des éléments de la Police judiciaire relevant de la sûreté de wilaya de Béjaïa.
Selon nos sources, c’est lors d’une perquisition de domicile effectuée dans une villa isolée située à Ifri Ouzellaguen, un village limitrophe de Bouzeguène (Tizi Ouzou), que les enquêteurs sont tombés sur un billet qui allait être simulé afin de contrefaire la nouvelle coupure, qui jouit pourtant de compositions assez sécurisées. Un billet de 2 000 DA qui s’est considérablement raréfié au point d’être introuvable dans les succursales des grandes banques publiques et qui est même monnayé par les “cambistes” à hauteur de 100 DA le billet.
En fait, tout a commencé quand les policiers de la SWPJ ont obtenu un précieux renseignement faisant état de trafic de faux billets dans cette région de Basse-Kabylie. Suite à quoi, les investigations ont porté sur un groupe spécialisé dans les braquages, attaques à main armée, trafic et vol de véhicules, et falsification de billets de banque en coupures de 1 000 DA.
Le gang, bien imprégné dans le grand banditisme en Kabylie, est composé de sept individus, tous des repris de justice, dont un contrefacteur, un “imprimeur”, un fournisseur et des acolytes chargés d’écouler des sommes colossales dans les marchés de bétail, de l’immobilier, de véhicules, de l’électroménager et autres marchés de gros.
Selon la même source, ce groupe activait, depuis 2007, année durant laquelle ses éléments avaient purgé leur peine d’emprisonnement. L’un des éléments, originaire de Béni Douala (à 15 km de Tizi Ouzou), assurait la liaison entre le fournisseur et les receleurs. D’ailleurs, il proposait un échange de 100 millions de centimes en faux billets contre 250 000 DA en vraies coupures de 1 000 DA. Plus de 25 milliards en fausses coupures de 1 000 DA ont été écoulés depuis 5 ans. La villa louée à des fins d’habitation servait d’atelier de confection de cet argent blanchi dans les marchés. Des accessoires informatiques, des liasses de papiers, des produits chimiques, des filigranes, des billets prêts à l’usage et un billet de 2 000 DA simulé, mais non finalisé, ont été récupérés.
Car, en plus des souricières tendues par les policiers et qui ont abouti à des résultats probants, cette enquête a permis de démanteler l’un des réseaux les plus puissants en trafic de monnaie nationale. Selon les éléments de cette enquête, ce groupe fabriquait une moyenne mensuelle de 400 à 500 millions de centimes par mois. Des sommes astronomiques ont été écoulées depuis 2007 à travers plusieurs wilayas du pays, notamment en Kabylie, dans l’Algérois, le Constantinois et les Hauts-Plateaux. Présentés devant la justice, quatre individus ont été placés sous mandat de dépôt, alors que trois autres ont été placés sous contrôle judiciaire.
Cela va sans dire que les investigations se poursuivent afin de déterminer les ramifications de cette filière qui a causé de graves préjudices aux citoyens contribuables et à l’économie de manière générale.
FARID BELGACEM